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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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écrit en trois exemplaires !
    Livré provisoirement à lui-même, il laissa tomber son sac sur le plancher et sortit la petite liasse de lettres que le capitaine Griswold lui avait remise.
    Il y en avait cinq. Trois portaient le sceau en demi-lune de son père (lord John lui écrivait invariablement tous les quinze du mois, ainsi qu’en d’autres occasions). Une autre était de son oncle Hal. Il sourit en la voyant. Les missives de Hal étaient parfois déroutantes mais toujours amusantes. La dernière portait une écriture féminine qu’il ne reconnut pas, avec un cachet neutre.
    Intrigué, il l’ouvrit en premier et découvrit deux feuilles noircies par sa cousine Dottie. Il haussa un sourcil surpris. Dottie ne lui avait encore jamais écrit.
    Alors que, toujours debout, il parcourait la lettre, sa surprise ne fit qu’augmenter.
    — Ça, par exemple ! lâcha-t-il à voix haute.
    Fortnum, qui venait d’entrer pour chercher son chapeau, demanda :
    — Quoi ? De mauvaises nouvelles de chez toi ?
    — Pardon ? Ah, non, non. Juste… intéressantes.
    Il relut la première page rapidement puis replia la lettre et la serra dans sa poche, à l’abri de la curiosité de Fortnum. Il prit celle d’oncle Hal. Son compagnon de chambrée écarquilla les yeux en apercevant le sceau orné d’armoiries ducales mais s’abstint de tout commentaire.
    William toussota et brisa le cachet. Comme à l’accoutumée, le message ne comportait qu’une demi-page et n’incluait ni salutation ni conclusion. Oncle Hal considérait que, dans la mesure où il y avait une adresse sur l’enveloppe, son destinataire coulait de source ; le sceau indiquait clairement l’identité de l’expéditeur et il ne perdait pas son temps à écrire à des idiots.
    Adam est stationné à New York sous le commandement de sir Henry Clinton. Minnie lui a confié un paquet odieusement encombrant pour toi. Dottie t’embrasse, ce qui prend moins de place.
    John me dit que tu accomplis une mission pour le capitaine Richardson. Je le connais et pense que tu devrais t’en abstenir.
    Transmets mes salutations au colonel Spencer et ne joue pas aux cartes avec lui.
    Personne n’égalait oncle Hal dans l’art de livrer autant d’informations (souvent énigmatiques) en quelques lignes. William se demanda si le colonel Spencer était un tricheur, un excellent joueur ou tout bonnement un chanceux. Oncle Hal avait sûrement intentionnellement omis de le préciser sachant que, dans les deux derniers cas, son neveu serait tenté de se mesurer à lui. Même s’il était dangereux de battre à répétition un officier supérieur. Une ou deux fois, peut-être… Non,oncle Hal était lui-même un joueur hors pair et, s’il le mettait en garde, la prudence était de mise. Le colonel Spencer pouvait fort bien être un joueur honnête et quelconque mais qui finirait par se vexer – et se venger – s’il était battu trop souvent.
    Oncle Hal est un vieux renard, pensa William non sans admiration.
    Ce qui l’inquiétait, c’était le second paragraphe. Je connais Richardson … Dans ce cas précis, il comprenait pourquoi son oncle n’en disait pas plus. Le courrier pouvait être lu par n’importe qui et une lettre portant les armoiries du duc de Pardloe risquait d’attirer l’attention. Le cachet semblait intact mais, ayant vu son père faire sauter des sceaux avec une rare habileté à l’aide d’une lame chauffée, William ne se faisait aucune illusion.
    Ce qui ne l’empêchait pas de se demander ce qu’oncle Hal savait sur le capitaine Richardson et pourquoi il lui conseillait de cesser d’enquêter pour lui. De toute évidence, papa lui avait raconté la nature de sa mission.
    Mais, dans ce cas, oncle Hal devait avoir dit à papa ce qu’il savait sur Richardson et tout ce qui pouvait le discréditer.
    William mit le message de son oncle de côté et ouvrit la première des lettres de son père. Non, rien sur Richardson… Dans la deuxième ? Rien non plus. Dans la dernière, il y avait bien une vague allusion à sa collecte d’informations mais exprimant uniquement une préoccupation pour sa sécurité avec une référence oblique à sa grande taille.
    Un homme grand attire toujours l’attention dans un groupe, d’autant plus si son regard est direct et sa tenue soignée.
    Cela fit sourire William. Au collège de Westminster où il avait fait ses études, les classes se tenaient dans une vaste salle où une toile tendue séparait les petits des

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