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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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Ils se réfugièrent dans le vestibule dominé par un vitrail représentant sainte Agathe exhibant ses seins coupés sur un plateau. Grey feignit d’admirer cette image édifiante,laissant à Dottie le temps de remettre un peu d’ordre dans sa toilette et de réfléchir à ce qu’elle allait lui dire.
    Elle se tourna enfin vers lui, le menton dressé.
    — Eh bien… Il est vrai que nous… euh… que je l’ai laissé m’embrasser.
    — Ah ? Où ?
    En voyant son expression choquée (c’était intéressant : une jeune femme sans la moindre expérience imaginerait-elle possible d’être embrassée ailleurs que sur les lèvres ou la main ?), il s’empressa de préciser :
    — Je voulais dire, dans quel endroit géographique ?
    Ses joues rosirent un peu plus lorsqu’elle prit conscience de sa bévue. Elle ne détourna pas les yeux pour autant.
    — Dans le parc de lady Windermere. Nous assistions tous deux à sa soirée musicale et, le dîner n’étant pas prêt, William m’a invitée à marcher un peu. C’était une si belle soirée…
    — Oui, c’est ce qu’il m’a dit. C’est intéressant, cet effet enivrant du beau temps !
    Elle prit un air piqué.
    — Quoi qu’il en soit, nous sommes amoureux. Cela, il te l’a dit, au moins ?
    — En effet. Il a commencé par une confession dans ce sens avant d’enchaîner sur un aveu scandaleux concernant ta vertu.
    Elle le regarda avec stupéfaction.
    — Qu’a… qu’a-t-il dit exactement ?
    — Assez pour me convaincre d’aller trouver ton père et de lui faire valoir qu’il représentait un parti désirable pour toi.
    — Ah.
    Elle parut soulagée et détourna le regard un instant avant de braquer de nouveau ses yeux bleus sur lui.
    — Eh bien ? Et tu vas le faire ? s’enquit-elle avant d’ajouter avec une note d’espoir : A moins que tu ne l’aies déjà fait ?
    — Non. Je n’ai encore rien dit à ton père. Je voulais d’abord en discuter avec toi et m’assurer que tu partageais bien les sentiments de William.
    Elle battit des cils et lui adressa un de ses sourires enjôleurs.
    — Comme c’est gentil de ta part, oncle John. Bien des hommes n’auraient que faire de l’opinion de la femme maistoi, tu as toujours été si prévenant ! Mère ne tarit pas d’éloges à ton égard.
    — N’en rajoute pas, Dottie. Tu accepterais donc d’épouser William ?
    — Si j’accepterais ? s’exclama-t-elle. Mais je ne demande que ça !
    Il lui jeta un long regard sceptique mais elle ne flancha pas bien que sa gorge et ses joues virent au cramoisi.
    — Vraiment ? dit-il toujours aussi peu convaincu. Pourquoi ?
    Elle cligna des yeux, déconcertée.
    — Pourquoi ?
    — Pourquoi, répéta-t-il patiemment. Qu’y a-t-il dans la personnalité de William, ou dans son aspect (car les jeunes femmes étaient connues pour ne pas être fines psychologues), qui t’attire au point de vouloir l’épouser ? Et précipitamment de surcroît.
    Qu’ils soient attirés l’un par l’autre pouvait se comprendre, mais pourquoi une telle hâte ? Même si William craignait que Hal accepte la proposition du vicomte Maxwell, Dottie savait pertinemment que son père, qui l’adorait, ne l’obligerait jamais à se marier contre son gré.
    — Mais parce que nous nous aimons, bien sûr !
    Il y avait une pointe d’hésitation dans cette déclaration théoriquement passionnée.
    — Quant à sa… à sa personnalité… Enfin, oncle John, tu es son père ! Tu ne peux pas ignorer son… son… intelligence ! finit-elle par lâcher, avec une note de triomphe.
    Une fois lancée, l’inspiration lui vint plus facilement.
    — … Sa gentillesse, son humour… sa douceur…
    Ce fut au tour de lord John d’être décontenancé. William était indubitablement intelligent, drôle et raisonnablement bon mais la douceur n’était pas une qualité qui venait immédiatement à l’esprit quand on pensait à lui. Le trou dans la boiserie de la salle à manger de sa mère, à l’endroit où William avait projeté un camarade lors d’un goûter, n’avait jamais été réparé et la scène était encore fraîche dans les souvenirs de Grey. William se comportait certainement de manière plus civilisée avec Dottie mais quand même…
    A présent intarissable, elle déclamait avec enthousiasme :
    — C’est l’incarnation même du parfait gentleman ! Quant à son allure… toutes mes amies l’admirent ! Si grand, si imposant, si…
    Il remarqua avec un détachement clinique que,

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