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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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l’Église avec
des biens volés à d’autres bons chrétiens.
    — C’est faux, répliquai-je.
    J’avais payé ma dette avec des biens volés à un Dane.
    — Reprends ta dette, dit le roi, et nous n’aurons nulle
mort en cette journée bénie de la Saint-Cedd.
    On m’offrait la vie. Alfred attendit ma réponse en souriant.
Il était certain que j’accepterais, car son offre lui paraissait raisonnable. Il
n’aimait point les guerriers, les armes et les tueries. Le destin avait voulu
qu’il passe son règne à se battre, mais ce n’était point de son goût. Il
voulait civiliser le Wessex, y apporter ordre et piété. Deux hommes se battant
jusqu’à la mort en un matin d’hiver, ce n’était point ainsi qu’il voyait un
royaume bien gouverné.
    Mais je haïssais Alfred. Je lui en voulais de m’avoir
humilié à Exanceaster en me forçant à revêtir une robe de pénitent et à me
traîner à genoux. Je ne le voyais point comme mon roi. Il était saxon de l’Ouest
et j’étais northumbrien. Pour moi, tant qu’il était roi, le Wessex avait peu de
chances de survivre. Il croyait que Dieu le protégerait des Danes, moi je
croyais qu’ils devaient être vaincus par l’épée. J’avais aussi ma petite idée
sur la manière de vaincre Steapa, une simple idée, et je ne souhaitais point
endosser de nouveau une dette dont je m’étais déjà acquitté. Et puis, j’étais
jeune, sot et arrogant. Je n’avais jamais su résister à un coup de tête.
    — Tout ce que j’ai dit est vrai, mentis-je, je suis
prêt à le défendre par l’épée.
    Alfred frémit au ton que j’avais pris.
    — Dis-tu que le frère Asser a menti ?
    — Il tord le cou à la vérité comme une femme à une
poule.
    Le roi rouvrit les volets, me montrant le puissant Steapa
dans toute sa splendeur guerrière.
    — Veux-tu vraiment mourir ?
    — Je veux combattre pour la vérité, mon seigneur et roi,
répondis-je, buté.
    — Alors tu es un sot, s’emporta Alfred. Tu es un
menteur, un sot et un pécheur. (Il alla à la porte et cria à un serviteur d’avertir
l’ealdorman Wulfhere que le combat aurait lieu.) Va, ajouta-t-il, et puisse ton
âme recevoir juste récompense.
    Wulfhere avait été chargé d’organiser le combat, mais il y
avait du retard car il était introuvable. On fouilla en vain la ville et les
bâtiments royaux. Enfin, un serf rapporta, gêné, que Wulfhere et ses hommes
avaient quitté Cippanhamm avant l’aube. Nul ne savait pourquoi, même si
certains le soupçonnèrent de ne pas vouloir se mêler de ce jugement de Dieu ;
cela ne me parut guère logique, car l’ealdorman ne m’avait jamais semblé homme
pusillanime. L’ealdorman Huppa de Thornsæta fut nommé à sa place. C’est à près
de midi qu’on m’apporta mes épées et que nous fûmes escortés jusqu’à la prairie
de l’autre côté du pont, à l’est de la ville.
    Une vaste foule s’était déjà rassemblée sur la rive. Infirmes,
mendiants, jongleurs, femmes vendant des tourtes, prêtres et enfants excités, et
bien sûr toute la noblesse guerrière du Wessex, impatiente de voir Steapa
Snotor faire montre de ses talents renommés.
    — Tu es un fichu sot, me dit Leofric.
    — Parce que j’ai tenu à combattre ?
    — Tu aurais pu te retirer.
    — Et me faire traiter de couard.
    C’était vrai, un homme ne pouvait demeurer homme en se retirant
d’un combat. Nous amassons enfants, fortune et terres, nous bâtissons châteaux,
rassemblons armées et donnons festins, mais une seule chose nous survit : la
réputation. Je ne pouvais me dérober.
    Alfred ne vint pas au combat. Accompagné d’Ælswith et de
leurs deux enfants, escorté de vingt gardes et d’autant de prêtres et
courtisans, il était parti vers l’ouest. Il accompagnait le frère Asser sur une
partie de son voyage de retour à Dyfed et faisait ainsi comprendre qu’il
préférait le commerce d’un clerc breton au spectacle de deux de ses guerriers
se battant comme chiens enragés. Mais personne dans le Wessex ne voulut manquer
le combat. Tout le monde l’attendait avec impatience. Huppa, voulant que tout
fût en ordre, exigea que la foule recule pour nous laisser de la place. Finalement,
tout le monde se massa sur le talus dominant la prairie et Huppa alla voir si
Steapa était prêt.
    Il l’était. Sa cotte scintillait dans le faible soleil. Son
casque luisait. Son bouclier, énorme, à bosse et bordure d’acier, devait peser
autant qu’un sac de

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