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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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était surpris de me voir. Pourtant, il avait dû entendre
la porte s’ouvrir et se refermer.
    — Je suppose que tu as bien dormi, Uhtred, dit-il.
    — Je suppose que vous avez bien dormi, seigneur.
    — Les douleurs me tiennent éveillé, dit-il en touchant
son ventre.
    Il alla ouvrir des volets et la chapelle s’emplit d’une
faible clarté brumeuse. Les fenêtres donnaient sur une cour où étaient rassemblés
des hommes. Le roi frissonna, car il régnait un froid glacial dans la chapelle.
    — Nous sommes à la Saint-Cedd, me dit-il. (Je ne
répondis rien.) As-tu entendu parler de saint Cedd ? me demanda-t-il. (Comme
mon silence trahissait mon ignorance, il sourit avec indulgence.) C’était un
Estanglien, n’est-il pas vrai, mon frère ?
    — Le très saint Cedd était en vérité d’Estanglie, seigneur,
opina Asser.
    — Cedd est-il donc célèbre dans ta contrée natale ?
    — Je n’ai jamais entendu parler de lui, seigneur.
    — Je le vois comme un symbole, dit Alfred. Un homme né
en Estanglie, qui a œuvré toute sa vie en Mercie et est mort en Northumbrie. (Il
joignit ses longues mains fines et pâles.) Les Saxons d’Anglie, Uhtred, se sont
rassemblés devant Dieu.
    — Et unis dans la joie de la prière avec les Bretons, ajouta
pieusement Asser.
    — Je remercie le Tout-Puissant pour cette heureuse
issue, sourit le roi.
    Je compris alors ce qu’il me disait. Il était là, si humble,
sans couronne ni collier ni bracelets, une petite agrafe de grenat retenant sa
cape à son cou, et il parlait d’une heureuse issue : le peuple saxon
rassemblé sous un seul roi. Le roi du Wessex. La piété d’Alfred dissimulait une
monstrueuse ambition.
    — Nous devons apprendre des saints, poursuivit-il. Leurs
vies sont un guide dans les ténèbres qui nous entourent, et le bel exemple de
saint Cedd nous enseigne que nous devons être unis. Aussi je répugne à répandre
le sang saxon en ce jour de la Saint-Cedd.
    — Il n’est point besoin que du sang soit répandu, seigneur,
dis-je.
    — Je suis heureux de l’entendre.
    — Si les accusations proférées à mon encontre sont
retirées.
    Son sourire disparut et il alla à la fenêtre contempler la
cour nimbée de brume. Je suivis son regard et vis une petite scène s’y
déroulant à mon intention. Steapa était en train d’être équipé. Deux hommes lui
passaient son énorme cotte de mailles, tandis qu’un troisième attendait avec un
bouclier et une épée démesurés.
    — J’ai parlé avec Steapa hier soir, reprit le roi. Il m’a
dit qu’il y avait du brouillard lorsque Svein a attaqué à Cynuit. Par un matin
comme celui-ci.
    — Je ne pourrais le savoir, mon seigneur.
    — Il est donc possible, continua le roi, que Steapa se
soit trompé en croyant te voir. (J’esquissai un sourire. Le roi savait que
Steapa avait menti, mais il n’allait pas le dire.) Le père Willibald a aussi
parlé à l’équipage del’ Eftwyrd, et nul n’a confirmé le récit de
Steapa.
    L’équipage étant encore à Hamtun, le rapport de Willibald
devait venir de là. Cela signifiait que le roi me savait innocent du massacre
de Cynuit avant même qu’on m’en accuse.
    — Aurais-je donc été faussement inculpé ? demandai-je
d’un ton brusque.
    — Tu as été accusé, corrigea le roi, et les accusations
doivent être prouvées ou réfutées.
    — Ou retirées.
    — Je puis retirer les charges, concéda Alfred. (Dehors,
Steapa s’assurait que sa cotte était bien ajustée en faisant tournoyer son épée.
Elle était énorme. Immense. Puis le roi referma les volets, dissimulant Steapa
à ma vue.) Je puis retirer l’accusation de Cynuit, dit-il, mais je ne crois pas
que le frère Asser nous ait menti.
    — Une reine dit le contraire.
    — Une reine de l’ombre, siffla Asser. Une païenne !
Une sorcière ! Elle est le mal, seigneur. C’est une ensorceleuse ! Maleficos
non patieris vivere !
    —  Tu ne permettras point à sorcière de vivre, traduisit
pour moi Alfred. C’est un commandement de Dieu, Uhtred, issu des Saintes
Écritures.
    — Votre réponse à la vérité, persiflai-je, est de
menacer de mort une femme ?
    Alfred frémit.
    — Le frère Asser est un bon chrétien, affirma-t-il. Et
il dit la vérité. Tu es allé en guerre sans mon ordre. Tu as usé de mon navire,
de mes hommes, et tu t’es conduit en traître ! C’est toi le menteur, Uhtred,
s’emporta-t-il. Je crois savoir que tu as payé ta dette envers

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