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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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autant.
    — Que dit l’argent ? demanda Leofric, connaissant
sans doute la réponse.
    — Personne ne parie un sou sur Uhtred.
    — Tu devrais, rétorquai-je.
    Il sourit, mais je savais qu’il ne suivrait pas mon conseil.
    — La grosse somme, c’est celle que donnera Odda à
Steapa quand il t’aura tué. Cent shillings.
    — Uhtred ne les vaut point, plaisanta Leofric.
    — Pourquoi veut-il tant ma mort ? me demandai-je à
haute voix.
    Ce ne pouvait être Mildrith, et la dispute concernant la
mort d’Ubba était chose du passé, mais Odda le Jeune continuait de comploter
contre moi.
    Harald baissa la tête et je crus qu’il priait.
    — Tu le menaces, dit-il finalement.
    — Je ne l’ai vu depuis des mois, protestai-je. Comment
le pourrais-je menacer ?
    — Le roi est fréquemment souffrant, répondit Harald en
pesant ses mots. Qui sait combien il vivra encore ? Et si, Dieu le garde, il
devait mourir bientôt, le witan ne choisirait pas son petit enfant comme
roi. Il choisirait un noble dont la réputation s’est faite sur le champ de
bataille. Un homme capable d’affronter les Danes.
    — Odda ? m’esclaffai-je en l’imaginant en roi.
    — Qui d’autre ? Mais si tu venais devant le witan affirmer sous serment la vérité sur la bataille où Ubba a trouvé la
mort, ils pourraient ne le point choisir. C’est pourquoi il te craint.
    — Et il paie Steapa pour te découper en morceaux, conclut
Leofric.
    Harald s’en alla. C’était un homme de bien, honnête et dur à
la tâche. Il avait pris un risque en venant me voir, et moi j’avais été bien
piètre compagnie en ne reconnaissant pas ce geste. Il pensait que j’allais
mourir le lendemain, et avait fait de son mieux pour me préparer au combat. Malgré
la prédiction favorable d’Iseult, je ne dormis pas bien. J’étais inquiet et il
faisait froid. La pluie céda à la neige fondue dans la nuit et le vent s’infiltrait
dans l’étable. À l’aube, neige et pluie avaient cessé. Un brouillard nimbait
les bâtiments, tandis qu’une eau glacée gouttait du toit de chaume. Je mangeais
chichement du pain trempé lorsque le père Beocca arriva pour m’informer qu’Alfred
désirait me parler.
    — Vous voulez dire qu’il veut prier avec moi ? répondis-je
aigrement.
    — Il veut te parler, insista Beocca. (Voyant que je ne
bougeais pas, il tapa de son pied boiteux.) Ce n’est pas une requête, Uhtred. C’est
un ordre royal !
    J’enfilai ma cotte de mailles, non parce qu’il était temps
de s’armer pour le combat mais parce que sa doublure de cuir me protégeait du
froid matinal. Elle n’était guère propre, malgré les efforts d’Iseult. La
plupart des hommes avaient les cheveux courts, mais j’aimais la coutume dane de
les porter longs. Je les nouai d’un lacet, tandis qu’Iseult m’en ôtait les
fétus de paille.
    — Il faut nous hâter, dit Beocca.
    Je le suivis jusqu’à de petits bâtiments de bois qui n’avait
point encore viré au gris. Le père d’Alfred avait utilisé Cippanhamm comme
pavillon de chasse, mais Alfred l’agrandissait. L’église avait été bâtie en
premier, avant même la palissade ; cela en disait long sur ses priorités. Ce
jour-là encore, alors que la noblesse du Wessex était rassemblée à une journée
de marche des Danes, il semblait y avoir plus de clercs que de soldats ici. Cela
aussi en disait long sur la manière dont Alfred entendait protéger son royaume.
    — Le roi est de bonne humeur, me souffla Beocca alors
que nous arrivions. Aussi, sois humble.
    Il me fit signe d’entrer et referma la porte derrière moi, me
laissant dans la pénombre.
    À la lumière des deux cierges de cire tremblotant sur un
autel, je distinguai deux hommes agenouillés devant la croix de bois dépouillée
qui se dressait devant eux. Ils me tournaient le dos, mais je reconnus Alfred à
sa cape bleue bordée de fourrure. L’autre homme était un moine. J’attendis qu’ils
aient fini de prier. La pièce, petite, à l’évidence une chapelle privée, n’était
meublée que de l’autel et d’un prie-Dieu où reposait un livre fermé.
    — Au nom du Père, dit Alfred, brisant le silence.
    — Du Fils, dit le moine.
    Je reconnus la voix d’Asser.
    — Et du Saint-Esprit, conclut Alfred. Amen.
    — Amen, répéta Asser.
    Les deux hommes se relevèrent, le visage rempli de l’extase
des chrétiens dévots qui ont bien dit leurs prières. Alfred cligna des
paupières comme s’il

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