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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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en
marche. Cippanhamm était tombée, et les soldats d’Alfred, pris par surprise, avaient
été dispersés ou massacrés. Le cor sonna de nouveau et la troupe de cavaliers
noirs tourna bride.
    — Nous aurions dû savoir que les Danes viendraient, m’agaçai-je.
    — Tu l’as toujours dit, répondit Leofric.
    — Alfred n’avait-il pas un espion à Gleawecestre ?
    — Il y avait des prêtres qui priaient, plutôt, dit-il
avec aigreur. Et il faisait confiance à la trêve de Guthrum.
    Je touchai mon amulette. Je l’avais prise à un garçon, à
Eoferwic, quand j’étais moi-même enfant, fait prisonnier par les Danes. Mon
adversaire m’avait criblé de coups de pied et de poing, et je l’avais assommé
avant de lui confisquer son amulette. Je la touchais souvent, pour rappeler à
Thor que j’étais en vie. Ce jour-là, j’y portai la main parce que je pensais à
Ragnar. Les otages devaient être morts ; était-ce pour cela que Wulfhere
était parti dès l’aube ? Mais comment aurait-il su que les Danes
arrivaient ? S’il l’avait su, Alfred l’aurait su aussi et les armées
saxonnes auraient été sur le pied de guerre. Tout cela n’avait aucun sens, sauf
que Guthrum avait de nouveau attaqué durant une trêve. La dernière fois qu’il
avait agi ainsi, il avait montré qu’il était prêt à sacrifier les otages
détenus pour empêcher une telle attaque. Il semblait certain qu’il avait
recommencé. Ragnar devait donc être mort. Mon univers était de plus en plus
étroit.
    Tant de morts. La prairie était jonchée de cadavres, pourtant
le massacre continuait. Quelques Saxons étaient retournés vers la ville et, découvrant
le pont gardé, avaient essayé de fuir vers le nord : nous les vîmes succomber
sous les coups des Danes. Trois d’entre eux se regroupèrent, épée au poing, et
tentèrent de résister. Un Dane les chargea, en embrocha un de sa lance et
renversa les deux autres, qui furent achevés par ses compagnons. Une fillette
hurlait et courait. Un Dane lui releva la jupe par-dessus la tête, elle se
retrouva aveugle et demi-nue. Elle tituba dans l’herbe trempée, sous les rires
des Danes. L’un d’eux lui claqua les fesses du plat de son épée et un autre l’entraîna,
ses cris étouffés par l’étoffe. Iseult frissonna et je passai un bras autour de
ses épaules.
    J’aurais pu rejoindre les Danes dans la prairie. Je parlais
leur langue, et avec mes longs cheveux et mes bracelets j’avais l’air d’un des
leurs. Mais Haesten était quelque part dans Cippanhamm, il me trahirait
peut-être. En outre, Guthrum ne m’aimait point et, même si je survivais, Leofric
et Iseult n’auraient point la partie facile. Ces Danes étaient déchaînés, exaltés
par leur triomphe facile. S’ils décidaient de s’en prendre à Iseult, ils me la
raviraient, qu’ils me prennent ou non pour un Dane. Ils chassaient en meute. Mieux
valait donc rester caché en attendant qu’ils se calment. De l’autre côté de la
rivière, la plus grande église de la ville brûlait. De son toit de chaume, s’élevait
un tourbillon de flammes et de fumée constellé d’étincelles.
    — Que faisais-tu donc tout à l’heure, par le Ciel ?
me demanda Leofric. À danser autour de Steapa comme un taon ! Il aurait pu
supporter cela toute la journée !
    — Je l’ai blessé. Deux fois.
    — Blessé ? Par le Christ, il se blesse bien plus
gravement quand il se rase !
    — Cela n’a plus d’importance, à présent, non ?
    Steapa était sans doute mort, maintenant. Ou bien il avait
fui. Je n’en savais rien. Nul ne savait ce qui se passait, hormis que les Danes
étaient là. Et Mildrith, et mon fils ? Ils étaient loin, et sans doute
seraient-ils prévenus de l’attaque, mais il était évident que les Danes
continueraient de s’enfoncer en Wessex et je ne pouvais rien faire pour
protéger mes terres à Oxton. Je n’avais point de cheval ni d’hommes et nulle
possibilité d’atteindre la côte sud avant les cavaliers de Guthrum.
    Je regardai un Dane galoper avec une fille jetée en travers
de sa selle.
    — Qu’est-il advenu de la Dane que tu as ramenée chez
toi, celle que nous avons capturée en Galles ? demandai-je à Leofric.
    — Elle est restée à Hamtun, et, comme je n’y suis plus,
elle est probablement dans le lit d’un autre.
    — Eanflæd était fâchée contre toi.
    — Fâchée ? Et pourquoi ?
    — Parce que tu n’es point allée la voir.
    — Comment

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