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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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vers le moulin, mais je l’arrêtai. Il fut surpris. Il était si
grand, si fort et si redouté qu’il n’avait point l’habitude que l’on s’oppose à
lui et je vis qu’il en était fâché. Je nourris sa colère.
    — Tu étais la nourrice d’Odda, ironisai-je. Le grand
Steapa Snotor était une nourrice. D’autres hommes ont affronté les Danes
pendant que toi tu te contentais de tenir la main d’Odda.
    Il me dévisagea, sans expression, comme un animal dans le
regard duquel ne se lit que faim, colère et violence. Il avait envie de me tuer,
mais je venais d’apprendre quelque chose sur son compte. Il était véritablement
stupide. Il m’aurait tué si on le lui avait dit, mais sans personne pour lui
donner des ordres il ne savait que faire. Je lui fourrai le pot d’eau dans les
mains.
    — Rapporte-le. (Il hésita.) Ne reste pas là comme un
sot ! Prends-le et ne le renverse point ! Tu le mettras au feu. La
prochaine fois que nous combattrons les Danes, tu seras avec moi.
    — Avec toi ?
    — Parce que nous sommes des guerriers, notre devoir est
de tuer nos ennemis et non d’être les nourrices des lâches.
    Je glanai du bois puis rentrai et trouvai Alfred fixant le
vide et Steapa, assis auprès de Hild ; elle semblait maintenant le
consoler, et non l’inverse. Je jetai des galettes d’avoine et du poisson séché
dans l’eau puis touillai avec un bâton. Cela donna une sorte de brouet infâme, mais
au moins c’était chaud.
    Cette nuit-là, il cessa de neiger. Le lendemain, nous
rentrâmes dans les marais.
     
    Alfred n’avait pas besoin d’aller à Cippanhamm. Tout ce qu’il
avait appris là-bas, il aurait pu le découvrir grâce à des espions. Mais il
avait tenu à s’y rendre et en était revenu plus inquiet qu’auparavant. Il avait
appris de bonnes nouvelles, notamment que Guthrum ne disposait pas des hommes
pour soumettre le Wessex et attendait des renforts, mais aussi que le Dane
tentait de se faire des alliés parmi les nobles de Wessex. Wulfhere lui avait
prêté allégeance. Qui d’autre ?
    — La fyrd de Wiltunscir combattra-t-elle pour
Wulfhere ? nous demanda-t-il.
    Bien sûr que oui. La plupart des hommes de Wiltunscir
étaient loyaux à leur seigneur : s’il leur ordonnait de suivre sa bannière
à la guerre, ils marcheraient. Les hommes se trouvant dans des régions du comté
non occupées par les Danes rejoindraient peut-être Alfred, mais la plupart
suivraient leur seigneur. Et d’autres ealdormen, voyant que Wulfhere n’avait
point perdu ses terres, se diraient que leur avenir et la sécurité de leurs
familles reposaient entre les mains des Danes. Les Danes avaient toujours agi
ainsi. Comme leurs armées étaient trop petites et désorganisées pour défaire un
grand royaume, ils en recrutaient les seigneurs, les flattaient et les
faisaient même rois. C’est seulement lorsque la situation était sûre qu’ils se
retournaient contre eux et les tuaient.
    De retour à Æthelingæg, Alfred fit ce qu’il savait le mieux.
Il rédigea des lettres pour toute la noblesse, et des messagers furent dépêchés
en tous coins du Wessex auprès des ealdormen, thanes et évêques. « Je suis
en vie, disaient les bouts de parchemin, et après la Pâques, nous reprendrons
le Wessex aux païens et vous m’y aiderez. » Nous attendîmes les réponses.
    — Tu dois m’apprendre à lire, me dit Iseult quand je
lui parlai des lettres.
    — Pourquoi ?
    — C’est magie.
    — Comment cela ?
    — Les mots sont comme souffle, expliqua-t-elle. Tu les
prononces et ils disparaissent. Mais l’écrit les prend au piège. Tu pourrais
écrire histoires et poèmes.
    — Hild t’enseignera, conseillai-je.
    Et la nonne le fit, en traçant les lettres dans la vase. Je
les regardais parfois et me disais qu’elles auraient pu être sœurs, sauf que l’une
avait les cheveux noirs comme aile de corbeau et l’autre d’or pâle.
    Iseult apprenait son alphabet, et j’entraînais les hommes
jusqu’à ce qu’ils me maudissent d’épuisement. Nous bâtîmes aussi une autre
forteresse. Nous réparâmes l’une des sentes de bois menant au sud vers les
collines en bordure du marais, et à l’endroit où le chemin débouchait nous
construisîmes un fort de terre et de pieux. Le temps que Guthrum comprenne ce
que nous faisions, le fort était achevé. À la fin de février, une centaine de
Danes vinrent nous défier, mais voyant la palissade de ronces protégeant le
fossé, le

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