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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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un moment, alors que Ragnar hurlait de rire en m’assenant de
telles claques sur l’épaule qu’elle en était tout endolorie, je sentis ces
paroles se former dans ma gorge. C’est Alfred, aurais-je dit en le désignant. Et
tout mon univers aurait été changé, et il n’y aurait plus eu d’Anglie. Pourtant,
au dernier moment, je ravalai le premier mot déjà sur ma langue. Brida, me
regardant de ses yeux calmes et pénétrants, me fit penser à Iseult. Elles
avaient la même beauté nerveuse, les mêmes cheveux noirs, et le même feu
brûlait dans leur âme. Si je parlais, Iseult mourrait et je n’aurais pu le
supporter. Et je songeai à Æthelflæd, la fille d’Alfred, qui serait réduite en
esclavage, et aussi que mon nom serait maudit par tous les Saxons qui
survivraient en exil. Je serais éternellement Uhtredærwe, l’homme qui avait
détruit un peuple.
    — Qu’allais-tu dire ? demanda Brida.
    — Que nous n’avions jamais connu si rude hiver en
Wessex.
    Elle n’en crut pas un mot et sourit.
    — Dis-moi, Uhtred, si tu pensais Ragnar mort, pourquoi
es-tu venu ici ? demanda-t-elle en angle.
    — Parce que je ne savais où aller.
    — Alors tu es venu ici ? Auprès de Guthrum que tu
as insulté ? (Ils le savaient donc ; la peur m’envahit. Je ne
répondis pas.) Guthrum veut ta mort, reprit Brida en danois.
    — Il n’en pense pas un mot, intervint Ragnar.
    — Que si, insista-t-elle.
    — Eh bien, je ne le laisserai point tuer Uhtred. Tu es
là, à présent ! ajouta-t-il en jetant un regard noir à ses hommes, comme s’il
les défiait de trahir ma présence à Guthrum.
    Personne ne bougea, mais ils étaient tous à demi endormis ou
ivres.
    — Tu es là, reprit Brida, mais il y a peu tu te battais
pour Alfred et tu insultais Guthrum.
    — J’étais en route pour le Defnascir, dis-je, comme si
cela expliquait quoi que ce soit.
    — Pauvre Uhtred, dit-elle en caressant Nihtgenga. Et
moi qui pensais que tu serais un héros des Saxons.
    — Un héros ? Pourquoi ?
    — L’homme qui a tué Ubba.
    — Alfred ne veut point de héros, dis-je assez fort pour
que le roi entende. Seulement des saints.
    — Parle-nous d’Ubba ! m’exhorta Ragnar.
    Je dus raconter la mort d’Ubba et les Danes, qui adorent
entendre parler de combats, exigèrent tous les détails. Je m’en acquittai, faisant
d’Ubba un grand héros qui avait presque anéanti l’armée saxonne, disant qu’il s’était
battu comme un dieu en brisant notre mur de boucliers de sa grande hache. Je
décrivis les navires en feu, la fumée dérivant sur le champ de bataille comme
un nuage venu de l’au-delà, et dis que j’avais trouvé Ubba par hasard alors qu’il
chargeait vers la victoire. C’était faux, bien sûr. Mais une bonne histoire
doit être modérée de modestie et l’auditoire, connaissant cette coutume, murmura
son approbation.
    — Je n’ai jamais connu telle peur, dis-je en racontant
la lutte entre la hache et Souffle-de-Serpent. J’ai tranché les tendons de son
bras et je l’ai abattu.
    — Sa mort fut-elle belle ? s’inquiéta un homme.
    — Ubba est mort en héros.
    Je racontai que je lui avais rendu sa hache afin qu’il
rejoigne le Walhalla.
    — C’était un guerrier, reconnut Ragnar.
    Il était ivre, à présent, et épuisé. Le feu mourant
plongeait la salle dans l’ombre. D’autres histoires furent contées, les
chandelles s’éteignirent, puis le feu. Les hommes s’endormaient, j’attendis que
Ragnar ronfle, puis que tous soient plongés dans le sommeil. Alors, je
retournai vers Alfred.
    — Nous partons, dis-je.
    Personne ne nous remarqua quand nous sortîmes.
    — À qui parlais-tu ? me demanda Alfred.
    — Au comte Ragnar.
    — N’était-il point parmi les otages ? s’étonna-t-il.
    — Wulfhere les a épargnés.
    — Épargnés ?
    — Et il est à présent allié de Guthrum. Il est ici, au
château.
    — Ici ?
    Alfred n’en croyait pas ses oreilles. Wulfhere, son cousin, qui
avait épousé une nièce d’Alfred, était de sa famille.
    — Et Æthelwold ?
    — Il est prisonnier. (C’était faux, bien sûr, mais je
devais une faveur à Æthelwold.) Et nous n’y pouvons rien. Aussi, partons d’ici.
    Je l’entraînai vers la ville, mais il était trop tard. La
porte de l’église s’ouvrait, et Brida en sortait avec Nihtgenga.
    — Tu pars ? demanda-t-elle en angle. Tu ne restes
point avec nous ?
    — J’ai une épouse et un enfant.
    — Dont

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