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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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l’enveloppa dans
les capes. Après avoir égorgé le Dane, je lui pris une bourse remplie de pièces
pendue à son cou.
    — Cet argent revient à l’Église, dit Alfred.
    — C’est moi qui l’ai trouvé.
    — C’est l’argent du péché, dit-il patiemment. Il doit
être rendu. Y a-t-il d’autres nonnes ici ? demanda-t-il à la jeune fille.
    — Seulement moi, dit-elle d’une toute petite voix.
    — Tu es désormais sauvée, ma sœur, dit-il. Partons.
    Steapa portait la nonne, qui se nommait Hild et se serrait
contre lui en gémissant, soit du froid, soit du souvenir de ses épreuves.
    Cette nuit-là, nous aurions pu prendre Cippanhamm avec une
centaine d’hommes.
    Une demi-heure plus tard, nous retrouvions dans le moulin le
père Adelbert, Egwine et les trois soldats.
    — Remercions Dieu de notre délivrance, dit Alfred au
prêtre, effondré de voir son visage tuméfié. Dites une prière, mon père, ordonna-t-il.
    Adelbert pria, mais je n’écoutai pas. Accroupi auprès du feu,
je songeai que j’aurais toujours froid, puis je m’endormis.
     
    Il neigea toute la journée suivante. Nous fîmes du feu, sans
nous soucier que les Danes voient la fumée, car aucun n’irait affronter un tel
froid et une neige aussi épaisse pour s’enquérir d’un filet de fumée dans le
Ciel gris.
    Alfred ruminait. Il parla peu ce jour-là, bien qu’il me
demandât si la trahison de Wulfhere pouvait être véritable.
    — Nous ne l’avons point vu avec Guthrum, ajouta-t-il
plaintivement, espérant envers et contre tout que l’ealdorman ne l’avait point
trahi.
    — Les otages ont été épargnés, lui rappelai-je.
    — Mon Dieu ! s’exclama-t-il, convaincu par cet argument.
Il fait partie de notre famille !
    Je nourris les chevaux du reste de foin que nous avions
emporté, puis j’affûtai mes épées, faute de trouver mieux à faire. Hild
pleurait. Alfred tenta de la réconforter, en vain. Curieusement, Steapa parvint
à l’apaiser. Il lui parla doucement de sa grosse voix, et lorsque
Souffle-de-Serpent et Dard-de-Guêpe furent bien aiguisées, tandis que la neige
tombait toujours sur le paysage silencieux, je ruminai à mon tour.
    Je songeai à Ragnar qui voulait que je prête serment.
    Le monde a commencé dans le chaos et finira de même. Les
dieux ont créé le monde et ils y mettront fin quand ils se battront entre eux. Mais
entre le chaos de la naissance du monde et celui de sa fin, il y a l’ordre, et
l’ordre est fait de serments qui nous lient comme les boucles d’un harnais.
    J’étais lié à Alfred par un serment, et avant de le lui
prêter je voulais me lier à Ragnar. Mais à présent, j’étais offensé qu’il me l’ait
demandé. L’orgueil qui montait en moi me changeait. J’étais Uhtred de Bebbanburg,
le vainqueur d’Ubba. Si j’étais disposé à prêter allégeance à un roi, je ne l’étais
point à l’offrir à un égal. Ragnar aurait été généreux et m’aurait traité tel
un frère. Néanmoins, qu’il pense que je lui prêterais serment montrait qu’il me
considérait toujours comme un membre de sa suite. C’était la première fois que
je réfléchissais ainsi. Je comprenais que, parmi les Danes, j’étais aussi
important que mes amis, et sans eux je n’étais plus qu’un guerrier sans terre
ni maître. Mais parmi les Saxons, j’étais un Saxon, et je n’avais point besoin
de la générosité d’un autre.
    — Tu parais pensif, Uhtred, m’interrompit Alfred.
    — Je me disais que nous avions besoin de nourriture
chaude, seigneur. (J’alimentai le feu puis sortis puiser de l’eau à la rivière
après avoir cassé la glace. Steapa était sorti aussi, mais pour pisser.) Au witanegemot, lui demandai-je, tu as menti à propos de Cynuit.
    Il renoua le bout de corde qui lui tenait lieu de ceinture
et se retourna.
    — Si les Danes n’étaient venus, grommela-t-il, je t’aurais
occis.
    Je ne discutai point, car il avait sûrement raison.
    — À Cynuit, quand Ubba a trépassé, où étais-tu ?
    — Là-bas.
    — Je ne t’ai point vu. J’étais au cœur de la bataille, mais
je ne t’ai point vu.
    — Tu dis que je n’y étais point ? s’irrita-t-il.
    — Tu étais avec Odda le Jeune ? (Il hocha la tête.)
Tu étais avec lui, parce que son père te demandait de le protéger. (Il opina de
nouveau.) Et Odda le Jeune est resté loin du péril, n’est-il pas vrai ?
    Il ne répondit pas, mais son silence était éloquent. Il
allait retourner

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