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Le règne des lions

Le règne des lions

Titel: Le règne des lions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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crois.
    Leurs regards se nouèrent. Enflammèrent les ardeurs secrètes de leur corps. Pourtant, Patrick de Salisbury secoua la tête, brûlant de cet aveu.
    — J’en doute, Votre Majesté. Pour jouir de votre attachement, je connus celui qui vous emporta pour le roi…
    Elle soupira.
    — Je ne le nierai pas. Henri me vola mon âme avant de la piétiner. Mais ne vous y trompez pas, Patrick. Ce qui me lie à vous a cessé d’être de vengeance. Vous m’avez conquise par vos qualités quand il m’a écœurée de ses défauts. Je vous ai désiré par dépit, je vous aime de raison. Mais cet amour-là n’a rien à envier à l’autre, croyez-moi. La seule idée que mon époux vous rappelle m’arrache le cœur.
    Il baissa le nez. Lui avouerait-il enfin le pacte qu’il avait conclu avec le roi ? Malgré sa soif inextinguible de vérité, il ne pouvait s’y résoudre. De crainte de la blesser. De réveiller en elle d’obscures vengeances quand il s’émerveillait de la redécouvrir comme aux premiers temps de leur rencontre, magnifiquement épanouie. Il s’en flattait d’orgueil. Avant que de succomber au seul bonheur de sa présence.
    — Il ne le fera pas, Votre Majesté.
    Elle rit de nouveau, chassant les oiseaux d’un arbre proche.
    — C’est ce que je me répète à chaque bouffée d’angoisse. Mon époux a besoin de vous pour m’espionner. Sans doute même vous a-t-il demandé de vous rapprocher de moi.
    Il blêmit. Elle le cueillit d’un regard embrasé.
    — De devenir mon amant ? Non. Ne vous embarrassez pas de mensonge. Je sais de quoi il est capable. Plus encore pour m’éloigner de sa putain. Je l’ai bien assez défié pour qu’il y vienne.
    Il écarquilla des yeux. De nouveau, elle les emprisonna de tendresse.
    — Vous n’avez pas accepté pour le servir, comte. Vous avez tué vos remords dans sa bénédiction. Le changement dans votre attitude à mon égard, le soulagement d’Henri à son départ furent si visibles que je n’ai pas douté un seul instant de votre nouvelle connivence. Elle m’indiffère. Vous valez un royaume, Patrick de Salisbury. Parce que vous m’aimez pour ce que je suis et non pour ce que je représente.
    Il déglutit, bouleversé par sa lucidité, la finesse de son intelligence dont pourtant il n’avait douté, et plus encore par son aveu.
    — Je suis votre servant. A jamais, ma dame.
    Elle rapprocha son cheval du sien, à frôler sa cuisse de la sienne, ses doigts des siens. Brûla du même désir que lui de lèvres jointes, d’étreinte fougueuse. Sa voix trembla.
    — Et moi je suis vôtre, Patrick. Puisque ce ne sera par la volonté de mon époux, jusqu’à ce que la mort nous sépare.
    C’est à cet instant, précis qu’un hurlement les arracha l’un à l’autre. Parvenu à l’orée des bois avec Guillaume le Maréchal, Richard venait de le pousser.
    — Guerroie ! Guerroie !
    Aussitôt dégrisés, les deux amants talonnèrent leurs montures, Aliénor le cœur bondissant d’angoisse à l’idée d’un danger pour ses fils, Patrick de Salisbury rattrapé par son instinct.
     
    Lorsqu’ils déboulèrent du couvert, Aliénor put prendre mesure de leur malchance. Loin de la dizaine de brigands qu’ils s’étaient attendus à trouver, c’était une troupe de cinquante hommes armés et belliqueux, portant bannière des Lusignan, qui leur barrait route. Quand, sur la colline, d’autres encore attendaient en renfort. Ils ne feraient pas le poids, même en se battant avec tout l’acharnement dont ils étaient capables. Et d’autant plus qu’ils n’avaient que de simples palefrois pour montures. Salisbury le comprit tout autant. Il tira sur le mors, l’obligeant à faire de même.
    — Point de salut sinon la fuite, Majesté.
    Son devoir de mère l’emporta sur son crève-cœur. Elle devait laisser Salisbury et ses hommes protéger leur retraite. Résistant à l’envie de ferrailler, elle hocha la tête.
    — Rabattez les miens.
    Il avança tranquillement pour ne pas brusquer le combat. En quelques secondes, conscients d’une prise décisive dans la guerre qui les opposait à leur duchesse, les Lusignan avaient déployé leurs forces sur la route et les champs limitrophes. Richard et son frère, courageux en diable, les attendaient, l’œil féroce, au milieu du cercle que formaient leurs soldats. Profitant de ce moment d’indécision qui précède certaines batailles, Salisbury se rangea à leurs côtés.
    — Votre

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