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Le règne du chaos

Le règne du chaos

Titel: Le règne du chaos Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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château.
    Le gouverneur était persuadé que notre véritable ennemi était dans les murs et que seule l’approche d’une importante armée royale pouvait nous secourir. Il estimait la situation sans exagération, comme si, pour lui, elle relevait de sa fonction, comme un signe des temps. La guerre civile avait éclaté, alors pourquoi des ennemis ne se cacheraient-ils pas dans sa forteresse ? C’était bel et bien le cas ! Le lendemain matin nous fûmes réveillés par la sonnerie du tocsin et de stridents appels : «  Aux armes ! Aux armes* !  » Je conseillai à ma maîtresse de rester où elle était. Je convoquai Demontaigu et les écuyers de la maison de la reine, tous sur le pied de guerre. Nous sortîmes du logis du prieur et nous précipitâmes dans la grande cour où le gouverneur et ses officiers avaient une vive discussion avec Rosselin, qui indiquait du doigt la tour Duckett. Le gouverneur paraissait déconcerté. D’une voix tonitruante, il lançait des questions à Rosselin qui ne pouvait répondre qu’en montrant la tour dont il avait la garde. Je m’approchai et tirai Rosselin par la manche. Il se retourna, l’air éperdu, cligna des yeux, puis hocha la tête en me reconnaissant.
    — Partis ! grommela-t-il.
    — Qui ?
    Dunheved, emmitouflé dans sa grande chape, nous rejoignit.
    — Kennington et deux de ses hommes ! Ils ont disparu ! Ils montaient la garde, ils faisaient le guet ! Ils ont pris le dernier quart avant le point du jour.
    Rosselin se frotta les joues.
    — Ils ont disparu !
    Le gouverneur demanda à ses officiers de faire régner l’ordre. En effet d’autres personnes, à demi vêtues et mal réveillées, se pressaient dans la cour. Nous emboîtâmes le pas à Rosselin vers la tour Duckett dans ce fantomatique château noyé de brume. Nicholas Middleton, un autre Aquilae, vint nous retrouver sur le seuil en haut de l’escalier, un air consterné sur son visage non rasé et larmoyant.
    — Ils ne sont nulle part, murmura-t-il, ses doigts triturant nerveusement les médaillons et les croix attachés sur son justaucorps. Absolument nulle part.

CHAPITRE IV
~
Douglas devait venir en secret en ces lieux avec des hommes sûrs et enlever la reine
    À la suite du gouverneur et des autres nous gravîmes, Dunheved et moi, l’étroit escalier en spirale dont la raideur coupait le souffle. Le froid pénétrant qui émanait de la pierre figeait notre sueur. Tout en haut une solide porte de chêne ouvrait sur le hourd ovale jonché de cailloux. Le vent cinglant nous fit pleurer. J’avais l’impression de me tenir juste sous de lourds nuages tandis que les lames s’écrasant sur les brisants étouffaient presque les cris rauques des oiseaux de mer. Je me déplaçai avec prudence et scrutai les alentours. Le haut sommet crénelé de la tour représentait une protection efficace contre une chute accidentelle. Il avait au moins six pieds de hauteur alors que l’espace entre les embrasures était traversé de barres de fer. Je m’avançai et plongeai les yeux dans l’abîme au fond duquel la mer déchaînée, noire, venait battre les rochers dans un bouillonnement d’écume blanche. Le vent emportait nos paroles. Je suivis les indications de Rosselin et vis une petite table supportant un pichet couvert et des gobelets de cuir. Il y en avait trois, ainsi qu’un plat de bois recouvert par un pot en fer. Sous la table se trouvaient des manteaux supplémentaires. Les braseros à couvercle, à côté, s’étaient éteints et débordaient de légère cendre blanche. Entre eux, les lanternes de corne, aux mèches trempées d’huile et calcinées, étaient elles aussi éteintes. Il était inutile d’essayer de converser. Je parcourus le sommet de la tour. Je ne trouvai rien d’inattendu, nulle trace d’un intrus silencieux ou d’un tueur secret qui aurait escaladé les murs à pic pour surgir par surprise dans les ténèbres. Dunheved marchait derrière moi en murmurant une prière. J’examinai le sol caillouteux sans découvrir la moindre tache, la moindre marque. Je compris qu’en ce lieu battu par le vent et la pluie, les galets répandus assuraient une prise plus ferme aux gardes et aux guetteurs.
    Puis je m’intéressai à la porte massive qui menait au sommet de l’édifice. Elle était pourvue à l’intérieur d’un loquet et d’un crochet avec sa verterelle pour la rendre inviolable. D’un geste je priai Dunheved d’apporter le pichet et les

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