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Le règne du chaos

Le règne du chaos

Titel: Le règne du chaos Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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couplet persifleur : Aquilae Petri, ne volez pas si haut, superbes et fanfarons, car acheté et vendu est votre maître Gaveston. Pourtant Dieu seul sait pour quelles raisons Lanercost est monté dans ce clocher désert. Comment s’est-on saisi de lui pour le jeter de là haut ? Il avait ôté son ceinturon – que, plus tard, frère Eusebius a dérobé –, par conséquent il a dû rencontrer quelqu’un en qui il avait confiance ; mais qui ?
    Dunheved murmura son accord. Bertrand était tendu. Je repris ma rédaction.
    — Ensuite, Leygrave. Bien qu’il ait été inquiet et sur ses gardes après le trépas de son ami intime, il est tombé du même endroit, de la même manière. Lui aussi avait posé son ceinturon. Et, ce qui est plus étrange encore, c’est qu’il a grimpé sur le rebord. Pourquoi ? Qui se trouvait là ?
    — En êtes-vous certaine ? intervint Dunheved. Avez-vous relevé l’empreinte de ses bottes ?
    — Oui, oui, répondis-je, l’esprit ailleurs.
    — Se peut-il, suggéra Bertrand, qu’ils aient été tous les deux dans le clocher avec une personne de confiance et qu’ils aient simplement été poussés et soient tombés par-dessus la saillie ?
    Je fis un geste de dénégation.
    — Non. Nous nous sommes rendus là-bas. Le rebord est large. Je pourrais comprendre s’ils avaient été au bord d’un précipice. Mais dans la tour, s’ils avaient été poussés, ils se seraient juste agrippés à la saillie et se seraient retournés ; ils se seraient battus, auraient résisté, jeté l’alarme. Il n’y a guère de place là-haut. Une lutte aurait impliqué que l’un ou l’autre, tôt ou tard, aurait heurté une des cloches. Pourtant Leygrave ainsi que Lanercost ont chu sans bruit. On n’a rien entendu ; on n’a découvert nulle trace de combat.
    — Et cependant vous prétendez que frère Eusebius avait vu quelque chose ? remarqua Demontaigu.
    — Oh, je pense que c’est plus qu’une présomption !
    Je me tournai et les dévisageai.
    — Eusebius a effectivement vu quelque chose. C’était une vraie pie ; il aimait les pièces d’argent. Il attendait le bon moment pour accuser l’assassin et en tirer récompense. Il se délectait aussi de son savoir. Il aimait jouer les fols, puis essayer de prouver qu’il était aussi intelligent que quiconque. Il a fait quelques dessins dans le clocher, des esquisses rudimentaires gravées dans le mur, mais que représentent-elles ? Un aigle, une linotte ? Un chien, un loup ou le léopard royal d’Angleterre ? Et sa remarque au prieur, qu’une linotte pouvait être aussi rusée qu’un chien ? Ou ces deux mots qu’il a prié le Pèlerin de griffonner sur le plâtre du charnier – lux et tenebrae – lumière et obscurité ? Que signifie tout cela ? Qui a-t-il aperçu ? Qui a suivi Eusebius à l’ossuaire pour lui fracasser le crâne ?
    Je retournai à mon morceau de parchemin pour noter mes questions. Derrière moi, Dunheved murmura une prière entre ses dents.
    — Troisièmement : Kennington et ses gardes.
    — Voilà une profonde énigme, intervint Demontaigu. Ces hommes étaient armés et sur le qui-vive ; ils surveillaient la mer et Tynemouth. Ils savaient que des ennemis rôdaient à l’extérieur. Je me demandais…
    Bertrand claqua des doigts et regarda autour de lui.
    — Il y a une entrée secrète à la tour Duckett. Nous le savons. La reine en a usé pour s’enfuir. Se peut-il que quelqu’un soit monté par là ? N’oubliez pas qu’il faisait nuit noire.
    — L’intrus aurait dû passer devant d’autres chambres, fit remarquer le dominicain. Il aurait pu éveiller l’attention.
    Bertrand secoua la tête.
    — Non, pas s’il se déplaçait à pas de loup.
    — C’est vrai, c’est vrai, reconnus-je. Souvenez-vous de ce que le gouverneur nous a montré. Chaque porte est équipée d’un loquet extérieur. En passant, le meurtrier pouvait clore chaque huis, de même que celui donnant accès au sommet de la tour, pour gagner du temps si l’alerte était donnée.
    — C’est pourtant là que ma théorie pèche, déclara Bertrand en faisant la moue. L’assassin – et il ne devait pas être seul – allait emprunter cette porte, mais Kennington et ses compagnons s’y trouvaient. Ils ne pouvaient que dégainer leurs armes et donner l’alarme. Toutefois on n’a rien entendu. Néanmoins, il est indéniable que quelqu’un s’est introduit dans la tour, a eu raison de ces trois

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