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Le règne du chaos

Le règne du chaos

Titel: Le règne du chaos Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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une ombre de défi dans la voix. Les meurtres ont commencé à ce moment-là. Dame Mathilde, vous et moi nous trouvions dans l’église. Je célébrais la messe lorsqu’on a trouvé Lanercost et jeté l’alarme. Vous et moi étions au Conseil du roi quand Leygrave a chu. Nous étions tous avec la reine dans le logis du prieur à Tynemouth…
    — Et autre détail, l’interrompis-je. Le Pèlerin nous a appris que Lanercost et Leygrave se sont rendus au Pot-au-feu dans Pig Sty Alley ; ils étaient tous les deux affligés et ivres. Ils ont employé les mots de trahison, de félonie, ce qui me conduit à étudier cette hypothèse : Gaveston en personne ne serait-il pas derrière le trépas de ces proches serviteurs, et, si oui, pourquoi et comment ?
    Dunheved fixa le crucifix pendu au mur, puis chuchota une oraison avant de me lancer un regard perçant.
    — Y a-t-il autre chose, dame Mathilde ? N’importe quoi ?
    Je fis un signe de dénégation. Dunheved pinça les lèvres et se leva. Il esquissa un signe de croix.
    — Bertrand, dame Mathilde, je vous salue. Nous nous reverrons.
    Puis il s’en fut.
    Tôt le lendemain matin, avant que la brume se dissipe et que le soleil surgisse, je rejoignis Isabelle seule dans sa chambre. Elle se contenta d’abord, pendant quelques secondes, de garder ma main dans la sienne en me regardant d’un air triste, puis, m’attirant vers elle, elle m’embrassa sur les deux joues. Elle recula sans me lâcher.
    — Soyez prudente, Mathilde.
    Elle se détourna soudain comme si elle voulait s’empêcher d’en dire davantage. Je fis une révérence et sortis.
    Notre voyage à Scarborough, à travers les brandes ensoleillées, se déroula sans encombre. Gaveston et ses Aquilae, Middleton et Rosselin, les Beaumont et leur escorte, des porteurs et des serviteurs, des charretiers et autres officiers de la maison formaient un long cortège de cavaliers et de chariots. Le roi avait aussi envoyé Ap Ythel, le capitaine de ses archers gallois, qui nous entouraient d’un cordon protecteur. On prétendait que les barons étaient dans les parages, mais nous ne vîmes aucun signe d’une force ennemie. Nous passâmes la nuit dans une vaste taverne près de l’ancienne voie romaine reliant York à Londres ; le lendemain matin, nous sentîmes la fraîcheur de la brise marine en approchant de la côte. Scarborough, port de pêche et refuge de pirates, était aussi un havre où les grands navires chargés de laine pouvaient s’abriter lors des tempêtes. Il me fit penser à Tynemouth, en plus plaisant. Une colline donnant sur la mer protégeait la ville et, au sommet, se déployaient les tours, les corps de garde et les murailles crénelées de l’impressionnante forteresse. C’était, nous affirma-t-on, un endroit où Gaveston et nous pouvions trouver un asile sûr. Si le danger menaçait du côté des terres, des galères et des cogghes attendaient dans la rade que nous embarquions. Le château était perché sur la crête de la colline qui tombait à pic, vers l’intérieur, sur le quartier le plus important de la cité, et, vers l’extérieur, sur les demeures des riches bourgeois. La côte n’était pas aussi rocailleuse et la mer pas aussi agitée qu’à Tynemouth. Le spectacle du soleil printanier baignant la grève et l’eau d’une nuance dorée était charmant.
    Le gouverneur du château, Sir Simon Warde, un natif du Yorkshire, était un homme carré, un vétéran des guerres d’Édouard I er . Il avait des instructions strictes pour approvisionner la place forte et se préparer à soutenir un siège. Warde nous reçut en grande pompe dans la cour extérieure, s’agenouillant pour baiser l’anneau de Gaveston. Puis ses chambellans nous attribuèrent nos logements. Le plan de construction de la citadelle de Scarborough manquait de rigueur : la grande barbacane ouvrait sur une cour qui, elle-même, conduisait plus loin à des basses-cours. Au centre s’élançait le donjon – la tour de la Reine – dominant Mossdale Hall, un bâtiment à colombages à un étage qui offrait des chambres au premier et une vaste pièce de réception – un réfectoire – au rez-de-chaussée. Il y avait partout des ruelles, des venelles, des murs gris abrupts, des places ouvertes ; c’était un véritable labyrinthe de chambres, de resserres et de cachots. Des escaliers montaient vers des portes épaisses ou descendaient dans des ténèbres d’un noir d’encre. Demontaigu et moi

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