Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le règne du chaos

Le règne du chaos

Titel: Le règne du chaos Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
soldats et les a précipités sur les rochers en bas.
    Je notai ces constatations avec application. Derrière moi, Dunheved et Demontaigu faisaient à voix basse des suppositions sur ce qui avait pu arriver à la tour Duckett.
    — Quatrièmement, dis-je en les regardant par-dessus mon épaule, Tynemouth. Les renseignements que détenait Bruce sur la reine étaient fort clairs : il savait où elle résidait et à quel point elle serait vulnérable si elle tentait de sortir par le tunnel donnant sur la plage. Il est vrai que cette issue n’était pas secrète, ce qui explique le moment prévu pour l’assaut. Pendant que le château était attaqué de front, les Écossais ont envoyé un détachement sur la grève.
    —  De us solus et Maria ancilla Trinitatis – seuls Dieu et Marie, servante de la Trinité – l’ont sauvée, chuchota Dunheved.
    Bertrand acquiesça pendant que je reprenais le manuscrit.
    — Cinquièmement : le Pèlerin des Terres gâtées. Il est venu à York assoiffé de justice, de vengeance, et connaissant une histoire calomnieuse sur le souverain.
    — Était-ce bien une calomnie ? interrogea Demontaigu. Si notre noble seigneur était puissant et fort, on tiendrait ce ragot pour une fable de ribaud, un propos de taverne, mais à présent tout le monde est disposé à croire n’importe quoi sur lui.
    Je n’élevai pas d’objections.
    — Sixièmement : Ausel. Il a confirmé nos soupçons sur les événements de Tynemouth. Il a aussi émis l’odieuse suggestion que la reine et l’enfant qu’elle porte auraient été non seulement capturés et retenus en otage mais de plus tués…
    La réaction du dominicain me surprit. Mes paroles semblaient enflammer la rage qui l’habitait et qu’il taisait. Il bondit, montrant les dents tel un chien, dardant des regards furieux à gauche et à droite.
    — Répugnante abomination ! siffla-t-il. Celui qui a imaginé ça mérite la mort de Simon le Magicien.
    Il se mit à marcher dans la pièce en frottant ses mains l’une contre l’autre et en grommelant des mots latins dans sa barbe. Je l’observai avec curiosité. Dunheved pouvait jouer les prêtres calmes, mais, en fait, c’était un boutefeu. Il possédait cette flamme de fanatisme si commune dans son ordre ; rien d’étonnant à ce que les dominicains aient été les inquisiteurs de Dieu, chargés d’éradiquer l’hérésie et le schisme. Bertrand tenta de l’apaiser :
    — Du calme, mon frère. Pour l’amour de Dieu, c’est un esprit clair et vif qui résoudra ces énigmes, pas le courroux.
    — Mais il y a toujours félonie, Bertrand.
    Dunheved se rassit.
    — Trahison, du genre le plus abject. La reine innocente et son rejeton, enlevés par une bande d’Écossais, la reine humiliée, violée peut-être…
    — Ne nous affolons pas, déclarai-je. Traitons l’affaire comme un cas d’école. Bruce aurait-il agi ainsi ? Comment se défendrait-il devant une cour de justice, devant le Saint-Père en Avignon et, surtout, devant Philippe, le père d’Isabelle, à Paris ?
    Demontaigu intervint avec brusquerie :
    — Oh, je suis certain qu’il se trouverait des excuses ! Il parlerait d’un malheureux accident. Il prétendrait avoir donné des ordres stricts pour l’éviter. Il évoquerait les hasards de la guerre. Qui blâmerait-il vraiment ? Ses hommes attaquant une forteresse anglaise, ou Édouard d’Angleterre et Gaveston, son femelin, abandonnant une jeune reine, enceinte*, dans une place forte déserte sur ces sinistres falaises désolées ?
    Je ne pus que tomber d’accord avec la logique de Bertrand. En fin de compte, tous auraient tenu Édouard et Gaveston pour responsables. Dunheved respira bruyamment et profondément pour se maîtriser.
    — D’où vient cette source ? Vous savez, madame, j’étais dans la roseraie lorsque vous et Demontaigu êtes venus informer Lanercost. Des bruits ont ensuite couru à la Cour disant qu’un groupe de templiers avait été massacré dans les landes. Le frère de Lanercost en faisait partie. Et ce n’est qu’après cette tuerie que les mystérieux assassinats se sont produits.
    Il regarda Bertrand du coin de l’œil.
    — Je vois où vous voulez en venir, rétorqua celui-ci d’un ton sec, mais je le jure sur les Évangiles et même sur le sacrement : mes frères n’ont en rien trempé dans la mort de Lanercost, de Leygrave, de Kennington.
    — De qui pourrait-il s’agir, alors ? déclara le dominicain,

Weitere Kostenlose Bücher