Le retour de la mariée
se faire valoir !
L’emballage de la grande boîte semblait conçu tout spécialement pour faire enrager celle qui voulait l’ouvrir.
Comme Caroline s’obstinait, elle ne s’étonna pas de ne plus entendre ses amies. Sans doute ne se taisaient-elles que pour observer ses efforts et les encourager.
— Si j’avais su, murmura-t-elle, j’aurais demandé à Will de me laisser son couteau à virole. Il n’en a pas besoin, pour aller à la foire.
Un couteau s’ouvrit sous ses yeux, et la virole bloqua la lame en tournant.
— Tu n’as qu’à prendre le mien.
Logan.
Le souffle coupé, la bouche ouverte, Caroline palpa nerveusement le médaillon qui ne la quittait jamais en levant les yeux sur Logan. Elle voulut prendre le couteau. Il lui échappa, et l’on entendit distinctement le bruit sourd qu’il fit en tombant. Dans le salon, où une demi-douzaine de dames menaient grand tapage un instant plus tôt, régnait à présent un silence de cathédrale.
— Logan, murmura-t-elle.
— Je vois que tu as de quoi être heureuse, dit-il en prenant entre deux doigts une paire de chaussons bleus. Ils sont jolis mais bien petits !
— Logan, répéta Caroline.
— C’est tout ce que vous avez à vous dire ? s’impatienta Kate Kimball.
— Ce n’est pas à Caroline de parler la première, fit observer Logan en souriant. Ce serait plutôt à moi. Elle n’a rien à m’expliquer, puisque j’ai déjà tout compris en la voyant. Elle a tout le temps de me dire pour quand… Mais au fait, Caro, combien de temps faut-il encore attendre ?
— Heu… deux semaines, à peu près.
— Tant mieux ! Cela me laisse le temps de me faire à cette idée. En voyant ton ventre là, tout de suite, j’ai cru que c’était imminent.
Les yeux dans les siens, il s’agenouilla devant elle et lui prit les mains, ému et fier, plein d’ardeur.
— Je t’aime, Caroline Grey, déclara-t-il avec conviction. Veux-tu devenir ma femme, la mère de mes enfants ? Acceptes-tu que nous soyons enfin une famille, que je mérite enfin ma réputation d’homme le plus chanceux du Texas ?
Caroline dut s’éclaircir la voix avant de pouvoir répondre.
— Logan… Es-tu bien certain de ce que tu dis ?
— Je peux l’écrire en grand sur toute la surface de la grange si tu préfères !
— Nous n’avons pas de grange.
— Sur le pignon de la maison alors, ou sur ton ventre, il y a de la place !
— Tu n’as pas le droit de te moquer de mon ventre.
— Ton ventre, je l’adore, tout comme le bébé qui est dedans ! Je ne savais pas qu’il y était, quand je suis parti.
— Tu ne t’en doutais pas ? Ce n’est pas pour lui que tu es revenu ?
— J’ignorais tout. Je reviens parce que je t’ai laissé mon cœur, Caroline, et que je ne peux vivre sans toi. J’en ai eu la révélation avant-hier, dans une rue de New York.
— Qu’est-ce qu’il y avait, dans cette rue ?
— Réponds d’abord à ma question, et je te le montrerai.
— Quelle est la question ?
Logan rit d’un air un peu gêné avant de poser le front contre celui de sa femme.
— Est-ce que tu m’autorises à rentrer à la maison, Caroline ?
— Oui ! Oh oui ! s’écria-t-elle en l’étreignant avec fougue, lui baisant le nez, les joues, le front, et sanglotant de bonheur. Bienvenue chez toi, Logan Grey !
Par sympathie, Wilhelmina Peters et les sœurs MacBride avaient elles aussi la larme à l’œil.
— Vous pouvez m’appeler « Lucky le chanceux », dit Logan en se relevant.
Caroline rit avec les autres, un mouchoir à la main pour essuyer ses larmes, rougissante sous les ovations de l’assistance. Dès qu’on eut fini d’applaudir, la voix autoritaire de Kate Kimball domina les commentaires enjoués.
— Un instant ! dit-elle. Il n’a pas encore répondu à sa question à elle ! Qu’a-t-il trouvé, dans cette rue de New York ?
— Ah oui, j’oubliais, fit Logan. Au premier coup d’œil, j’ai compris le message. Mais sur le moment, je n’ai pas deviné toute son importance. Je vais le chercher.
Il fit un pas vers la porte. La voix de Will retentit, de l’autre côté.
— Qui a laissé cette chose devant l’entrée ? Il faut faire attention, bon sang ! Si maman se cognait, elle aussi !
Will apparut, un cheval à bascule dans les bras. La bouche ouverte et les yeux ronds, il se figea en voyant Logan.
— Quand j’étais petit, expliqua son père comme pour s’excuser,
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