Le retour de la mariée
cuisine, monsieur Grey ?
— Non, répondit Logan, qui se tenait au pied de l’escalier. Je vais d’abord jeter un coup d’œil dans la chambre de Will.
Et sans un mot de plus, il s’engagea dans l’escalier comme s’il connaissait déjà la maison.
Ellen attendit qu’on l’entende marcher au premier étage pour commenter son attitude.
— Quel bel homme, mais quel sombre visage, dit-elle à mi-voix. Il a l’air féroce, ton mari ! Qu’il soit inquiet, d’accord. Mais qu’est-ce qu’il lui prend ?
Caroline fit à son amie un compte rendu soigneusementexpurgé des récents événements tout en faisant chauffer l’eau du thé.
— Il m’en veut, il me méprise, conclut-elle, mais c’est sans importance. Il ne s’intéresse qu’à Will.
— Ton mensonge ne me plaît guère, fit Ellen en fronçant le nez. Mais tu avais de bonnes intentions. Et puis cette tornade… Tu as dû être effrayée !
— Ellen, il faut que je te dise autre chose… j’ai couché avec lui.
Ellen faillit laisser tomber les tasses qu’elle allait poser sur la table et demeura plus d’une minute interdite.
— Avant que tu lui aies dit la vérité, ou après ? murmura-t-elle quand elle eut pris le temps d’assimiler l’information.
— Avant.
— Voyons, Caroline…
— Je n’en avais pas l’intention. Cela s’est fait… je ne sais pas comment. Comme ça.
— Tu es encore amoureuse de lui, avoue-le.
— Non !
— Je te connais, Caroline. Tu n’aurais jamais couché avec lui si tu ne l’aimais pas encore ! C’est fou tout de même, après toutes ces années…
Vaincue, Caroline s’abandonna, les épaules basses et le visage contrit.
— C’est vrai, avoua-t-elle. Quel gâchis ! Sincèrement… moi-même, je ne sais plus où j’en suis. Le cyclone a bouleversé tous mes plans. J’étais complètement affolée, mais Logan s’est montré si attentionné… J’ai eu foi en lui. Au fond de moi, je sais que je lui dois tout. Sans lui, je ne m’en serais pas remise.
— Tu crois qu’il va retrouver Will ?
— Je vais le retrouver, affirma Logan d’une voix forte, qui contrastait avec les chuchotis des deux amies.
Il entra dans la cuisine, un gant de base-ball à la main.
— C’est ce gant qu’il venait chercher ? Je l’ai trouvé sur une étagère, dans sa chambre.
— Oui, répondit Ellen, puisque c’est à elle qu’il s’adressait.
— Il n’est donc pas rentré à la maison, conclut Caroline.
Le vieux gant, usé et plein de taches, la fascinait. Elle se souvint fugitivement de celui que Logan avait acheté à Fort Worth, et son cœur se serra.
— C’est difficile à dire, estima Logan. Je n’ai vu aucune trace de lutte ou de visite indésirable, mais je ne suis pas chez moi. Tu vas devoir aller jeter un coup d’œil là-haut pour voir si tout est en ordre.
Caroline poussa un soupir de soulagement. Les choses s’arrangeaient, semblait-il. Logan ne l’ignorait plus, il lui adressait de nouveau la parole. Pour lui donner des ordres, certes, mais c’était déjà ça.
— Madame Glazier, votre mari était-il chez vous quand les jeunes gens ont décidé d’aller s’entraîner ?
— Non. Il n’était pas encore rentré.
— Alors nous allons commencer par votre témoignage, pour ne pas perdre de temps. J’aimerais que vous me racontiez les événements dans l’ordre, tels qu’ils se sont passés, avec le maximum de détails.
Ellen prit d’abord un peu de thé, le temps de rassembler ses souvenirs.
— Une tempête s’est abattue sur la ville. Nous avons dû rester enfermés trois jours de suite. La pluie est une bénédiction dans cette partie du Texas, mais elle met les enfants sur les nerfs. Aussi, lorsque la tempête a cessé, Will et Danny avaient-ils décidé de sortir les chevaux pour aller se promener dans la Prairie, mais un de leurs camarades est venu les chercher pour jouer au base-ball sur le terrain de l’école. Ils y sont allés.
— Quelle heure était-il ? demanda Logan.
— Entre 4 heures et 4 h 30.
— Will et votre fils sont partis ensemble ?
— Oui. Danny nous a dit qu’ils ne s’étaient quittés qu’après être passés devant le temple de l’église baptiste.
— Je verrai cela avec lui. Avez-vous un plan de la ville ?
— Non, mais je peux vous en dessiner un.
— Merci, oui. Il me sera utile. Dites-moi maintenant à quel moment vous vous êtes aperçue de son absence.
— Pas avant
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