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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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d’un ton ferme. Nimue était différente. Je
l’aimais, mais je n’étais pas fou de désir pour elle. Je la trouvais juste
infiniment... » Je m’arrêtai, cherchant un mot que je ne trouvais pas.
« Merveilleuse », ajoutai-je faiblement, sans regarder Igraine afin
qu’elle ne vît point mes larmes.
    Elle attendit
un instant. « De qui donc as-tu été amoureux ? De Lunete ?
    — Non,
non !
    — De qui
alors ?
    — L’histoire
viendra en son temps... si je vis.
    — Bien
sûr que tu vivras. Nous te ferons porter du Caer des mets de choix.
    — Que mon
seigneur Sansum, dis-je, ne voulant pas la voir se dépenser en pure perte, me
retirera comme une chère indigne d’un simple frère.
    — Alors
viens vivre au Caer, dit-elle impatiente. Je t’en prie ! » Je souris.
« Je le ferais très volontiers, Dame, mais hélas, j’ai fait le serment de
rester ici.
    — Pauvre
Derfel. » Elle retourna à la fenêtre et regarda Frère Maelgwyn retourner
la terre. Il avait avec lui Frère Tudwal, le novice qui avait survécu. Le
deuxième novice est mort à la fin de l’hiver, mais Tudwal vit encore et partage
la cellule du saint. Celui-ci veut que le garçon lui apprenne à lire,
essentiellement, je crois, pour savoir si je traduis vraiment l’Évangile en
saxon, mais le garçon n’est pas bien malin et semble mieux fait pour bêcher que
pour lire. Il est temps que nous ayons de vrais doctes à Dinnewrac, car ce
timide printemps a rallumé nos vieilles disputes hargneuses sur la date de
Pâques, et nous n’aurons pas la paix tant que la querelle ne sera point vidée.
« Sansum a-t-il vraiment marié Arthur et Guenièvre ? demanda Igraine,
m’arrachant ainsi à mes pensées moroses.
    — Oui,
vraiment.
    — Et ce
n’était pas dans une grande église ? Avec des trompettes ?
    — Dans
une clairière, au bord d’un cours d’eau, avec des grenouilles qui croassaient
et les chatons des saules qui s’accumulaient derrière le barrage des castors.
    — Nous
fûmes mariés dans une salle de banquet, dit Igraine, et la fumée me faisait
pleurer. » Elle haussa les épaules. « Qu’as-tu donc changé dans la
dernière partie ? Quelle menterie as-tu encore inventée ?
    — Aucune,
fis-je en hochant la tête.
    — Mais
lors de l’acclamation de Mordred, demanda-t-elle d’un air dépité, l’épée fut
juste posée sur la pierre ? Pas plantée en elle ? Tu en es sûr ?
    — Elle
reposait à plat sur la pierre. Je le jure », et, à ces mots, je fis le
signe de croix, « sur le sang du Christ, ma Dame ».
    Nouveau
haussement d’épaules. « Dafydd ap Gruffud traduira le récit comme il me
plaira, et j’aime l’idée d’une épée plantée dans la pierre. Je suis ravi que tu
aies été bon à propos de Cuneglas.
    — C’était
un brave homme. » Il était aussi le grand-père du mari d’Igraine.
    « Ceinwyn
était-elle vraiment belle ? » demanda Igraine.
    Je hochai la
tête. « Oui, vraiment. Elle avait les yeux bleus.
    — Des
yeux bleus ! » La pensée qu’elle avait les traits des Saxons lui
donna le frisson. « Et qu’est devenue la broche qu’elle t’a donnée ?
    — J’aimerais
bien le savoir », répondis-je dans un mensonge. Elle était dans ma
cellule, bien cachée, hors d’atteinte des fouilles les plus méticuleuses de
Sansum. Le Saint, que Dieu exaltera certainement au-dessus de tous les vivants
et les morts, ne souffre pas que nous possédions le moindre trésor. Tous nos
biens doivent être confiés à sa garde, telle est la règle, et bien que je lui
aie abandonné tout le reste, y compris Hywelbane, Dieu me pardonne, j’ai gardé
la broche de Ceinwyn. Les ans ont terni son éclat, mais je vois encore Ceinwyn
lorsque, dans l’obscurité, je sors la broche de sa cachette et en contemple les
motifs entrelacés au clair de la lune. Parfois  – pas toujours  – je
la porte à mes lèvres. Quel vieux sot suis-je devenu ! Peut-être
donnerai-je cette broche à Igraine, car j’en sais la valeur, mais je la
garderai encore un moment car l’or est comme une parcelle de soleil dans ce
lieu gris et glacial. Bien entendu, Igraine saura que la broche existe quand
elle lira ces pages, mais si elle est aussi bonne que je la sais, elle me la
laissera en modeste souvenir d’une vie de péché.
    « Je
n’aime pas Guenièvre, dit Igraine.
    — C’est
donc que je m’y suis mal pris.
    — À
t’entendre, elle paraît très dure. »
    Je ne dis

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