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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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n’avaient point leur place dans sa vie. En outre, les jumeaux appartenaient
à l’ancienne vie d’Arthur, et celle-là était morte. Elle ne voulait pas d’eux,
et elle ne se gêna pas pour le faire savoir publiquement. « Si nous
voulons des enfants, mon Prince, dit-elle en caressant la joue d’Arthur, nous
ferons les nôtres. »
    Guenièvre lui
donnait toujours du prince. Arthur commença par protester qu’il n’était pas
prince, mais Guenièvre insista : il était le fils d’Uther et, donc, de
sang royal. Pour lui complaire, Arthur la laissa lui donner ce titre, mais
bientôt nous reçûmes l’ordre d’en faire autant. Guenièvre ordonna, nous
obéîmes.
    Nul n’avait
jamais tenu tête à Arthur au sujet d’Amhar et Loholt ni, a fortiori , eu
gain de cause, mais Guenièvre le fit et les jumeaux furent renvoyés chez leur
mère à Corinium. La moisson fut médiocre cette année-là, car les récoltes
furent niellées par les dernières pluies qui les laissèrent noircies et
flétries. La rumeur courut que les Saxons avaient eu plus de chance car la
pluie avait épargné leurs terres, si bien qu’Arthur emmena ses guerriers à
l’est, au-delà du Durocobrivis afin de mettre la main sur leurs réserves de
grains. Il était heureux, je crois, d’échapper aux chants et aux danses de Caer
Cadarn, et nous étions heureux qu’il fût de nouveau notre chef, mais aussi de
porter des lances plutôt que des costumes de fêtes. Ce fut une razzia
profitable, qui inonda la Dumnonie de grain subtilisé, d’or pillé et d’esclaves
saxons. Désormais membre du conseil de Dumnonie, Leodegan reçut pour mission de
distribuer le grain gratuit dans toutes les parties du royaume, mais
l’horrifique rumeur courut qu’il préféra le vendre et que l’or ainsi gagné
aboutit dans la nouvelle demeure qu’il se faisait construire de l’autre côté de
la rivière, en face du palais aux murs couverts de plâtre de Guenièvre.
    Il arrive que
la folie cesse. Ce sont les Dieux qui en décident, pas l’homme. Arthur avait
été fou d’amour tout l’été, et ce fut un bel été malgré nos occupations de
laquais, car un Arthur heureux était un seigneur enjôleur et prodigue, mais
lorsque l’automne balaya le pays de ses vents, de ses pluies et de ses feuilles
d’or, il parut émerger de son rêve estival. Il était encore amoureux  – en
vérité, je pense qu’il fut toujours épris de Guenièvre  –, mais, cet
automne, il mesura le mal qu’il avait fait à la Bretagne. Au lieu de la paix,
régnait une trêve lugubre, et il savait qu’elle ne durerait pas.
    On étêta les
frênes pour en faire des lances et les cabanes des forgerons bruirent des coups
de marteau sur l’enclume. Sagramor fut rappelé de la frontière saxonne vers le
cœur du pays. Arthur dépêcha un messager auprès de Gorfyddyd, reconnaissant ses
torts envers le roi et sa fille, s’en excusant, mais plaidant la cause de la
paix en Bretagne. Il envoya à Ceinwyn un collier de perles et d’or, mais
Gorfyddyd le lui retourna enroulé autour de la tête tranchée du messager. Nous
apprîmes que Gorfyddyd avait cessé de boire et repris à Cuneglas, son fils, les
rênes du royaume. Ces nouvelles confirmaient qu’il n’y aurait jamais la paix
tant que les longues lances du Powys n’auraient pas vengé l’affront fait à
Ceinwyn.
    De toutes
parts, les voyageurs rapportaient des récits de malheur. Les seigneurs
d’Outre-Mer faisaient venir dans leurs royaumes côtiers de nouveaux guerriers
irlandais. Les Francs massaient des hommes aux confins de l’Armorique. Le Powys
engrangea ses récoltes et leva des hommes pour se battre armés de lances plutôt
que pour tailler les blés à coups de faucilles. Cuneglas avait épousé Helledd
d’Elmet, et des hommes de cette contrée septentrionale venaient maintenant
gonfler les rangs de l’armée de Powys. Restauré en Silurie, Gundleus forgeait
des épées et des lances dans les vallées encaissées de son royaume, tandis qu’à
l’est les navires saxons accostaient sur les rivages conquis.
    Arthur endossa
son armure d’écaillés  – c’était la troisième fois seulement que je la
voyais depuis son arrivée en Bretagne  – et fit le tour de la Dumnonie
avec deux vingtaines de cavaliers revêtus de leur armure. Il entendait montrer
sa puissance au royaume, et il voulait que les voyageurs qui transportaient
leurs marchandises par-delà les frontières se fissent l’écho de sa

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