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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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vaillance.
Puis il revint à Lindinis, où Hygwydd, son serviteur, veilla à retirer la
rouille de son armure.
    La première
défaite survint cet automne-là. Une épidémie sévit à Venta, affaiblissant les
hommes du roi Melwas, et Cerdic, le nouveau chef des Saxons, mit en déroute les
troupes belges et s’empara d’une vaste étendue de bonne terre arrosée. Le roi
Melwas demanda instamment des renforts, mais Arthur savait que Cerdic était le
moindre de ses embarras. Les tambours de guerre battaient à travers Lloegyr,
désormais entre les mains des Saxons, et à travers les royaumes bretons du
nord, et il ne restait aucune lance pour Melwas. En outre, Cerdic semblait
pleinement accaparé par ses nouveaux fiefs et ne menaçait pas davantage la
Dumnonie, si bien qu’Arthur préféra laisser quelque temps les Saxons en paix.
« Nous allons donner une chance à la paix », déclara-t-il au conseil.
    Mais il n’y
eut point de paix.
    A la fin de
l’automne, alors que la plupart des armées pensaient à graisser leurs armes et
à les stocker pour les mois de grand froid, les forces du Powys se mirent en
marche. La Bretagne était en guerre.

 
     
     
     
     
     
     
     
     
TROISIÈME PARTIE LE RETOUR DE MERLIN

 
     
    Igraine me
parle d’amour. C’est le printemps ici, à Dinnewrac, et le soleil baigne le
monastère d’une douce chaleur. Il y a des agneaux sur les pentes sud, même si
hier un loup en a tué trois et a laissé une traînée de sang devant notre porte.
Des mendiants s’attroupent pour quémander des vivres et tendent leurs mains
gangrenées lorsque vient Igraine. L’un d’eux a volé aux corbeaux nécrophages la
carcasse d’un agneau mangée par les asticots. Ce matin-là, quand Igraine est
arrivée, il était assis à la porte en train de dévorer la dépouille.
    Elle me
demande si Guenièvre était réellement belle. Je réponds que non, mais bien des
femmes troqueraient leur beauté contre son allure. Naturellement, Igraine
voulut savoir si elle-même était belle et je m’empressai de la rassurer, mais
elle dit que les miroirs du Caer de son époux étaient très vieux et bosselés,
et qu’il était difficile de se faire une idée. « Ne serait-il pas
charmant, demanda-t-elle, de nous voir tels que nous sommes ?
    — Dieu le
sait, fis-je, et Dieu seulement. »
    Elle plissa
son visage. « Je déteste que tu me fasses des prêchi-prêcha, Derfel. Ça ne
te va pas. Si Guenièvre n’était pas belle, alors pourquoi Arthur s’est-il épris
d’elle ?
    — L’amour
ne s’adresse pas seulement à la beauté, tranchai-je d’un ton de reproche.
    — Ai-je
jamais dit le contraire ? demanda-t-elle indignée, mais c’est toi qui as
dit que Guenièvre séduisit Arthur dès le tout premier instant. Alors, si ce
n’était la beauté, qu’est-ce que c’était ?
    — Le seul
fait de la voir transforma son sang en fumée. » Cela lui plut. Igraine
sourit. « Elle était donc belle ?
    — Elle le
provoqua, et il se dit qu’il ne serait pas un homme s’il ne la capturait pas.
Et peut-être les Dieux jouaient-ils avec nous ? » Je haussai les
épaules, incapable de trouver d’autres raisons. « De surcroît, je n’ai
jamais voulu dire qu’elle n’était pas belle, mais simplement qu’elle était plus
que cela. Jamais je ne vis femme qui eût autant d’allure.
    — Moi
compris ? demanda aussitôt ma reine.
    — Hélas,
fis-je, ma vue se trouble avec l’âge. »
    Elle rit de
mon échappatoire. « Guenièvre aimait-elle Arthur ?
    — Elle
aimait l’idée qu’elle s’en faisait. Elle aimait qu’il fût le champion de la
Dumnonie, et elle l’aimait tel qu’il était la première fois qu’elle le vit, dans
son armure : le grand Arthur, resplendissant, le seigneur de guerre,
l’épée la plus redoutée de toute la Bretagne et de l’Armorique. »
    Igraine jouait
avec le cordon à houppes de sa robe blanche. Elle demeura songeuse un
instant. » Crois-tu que je transforme le sang de Brochvael en fumée ?
demanda-t-elle avec un soupçon d’envie.
    — De
nuit.
    — Oh,
Derfel ! » soupira-t-elle en quittant le rebord de la fenêtre pour se
diriger vers la porte d’où elle pouvait embrasser du regard notre petite salle.
« As-tu jamais été amoureux de cette façon-là ?
    — Oui,
avouai-je.
    — De
qui ? demanda-t-elle aussitôt.
    — Aucune
importance.
    — Pour
moi si ! J’insiste. De Nimue ?
    — Ce
n’était pas Nimue, répondis-je

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