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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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réellement
rassembler Gorfyddyd. » Elle s’interrompit. « Pourquoi Gorfyddyd
attend-il ? Pourquoi n’attaque-t-il pas maintenant ?
    — Ses
recrues rentrent les récoltes. Tout s’arrête pour les moissons. Ses hommes
voudront s’assurer de leur propre moisson avant de s’emparer de la nôtre.
    — Pouvons-nous
les arrêter ? me demanda-t-elle de manière abrupte.
    — Dans la
guerre, Dame, la question n’est pas toujours ce que nous pouvons faire, mais ce
que nous devons faire. Nous devons les arrêter. » Ou mourir, me dis-je
d’un air lugubre.
    Elle fit
quelques pas en silence, éloignant de ses pieds les chiens excités.
« Sais-tu ce que les gens disent d’Arthur ? » reprit-elle au
bout d’un moment.
    Je hochai la
tête. « Qu’il aurait mieux fait de fuir en Brocéliande et de céder le
royaume à Gorfyddyd. Ils disent que la guerre est perdue. »
    Elle me
dévisagea, me subjuguant de ses yeux immenses. À cet instant, si près d’elle,
seul avec elle dans la chaleur du jardin et envoûté par son parfum délicat, je
compris pourquoi Arthur avait risqué la paix du royaume pour cette femme.
« Mais tu te battras pour Arthur ?
    — Jusqu’au
bout, Dame. Et pour vous », ajoutai-je, gêné.
    Elle sourit.
« Merci. » Nous tournâmes, nous dirigeant vers la petite source qui
jaillissait d’un rocher dans l’angle du mur romain. Le filet d’eau irriguait le
verger et quelqu’un avait fourré des rubans votifs dans les anfractuosités du
rocher moussu. Guenièvre releva l’ourlet de sa robe vert pomme pour enjamber le
ruisselet. « Il y a un clan Mordred dans le royaume », dit-elle,
répétant les propos que Mgr Bedwin avait tenus la nuit de mon retour.
« Ils sont chrétiens, pour la plupart, et tous prient pour la défaite
d’Arthur. S’il était vaincu, cela va de soi, ils devraient ramper devant
Gorfyddyd, mais ramper, je l’ai remarqué, est pour les chrétiens une seconde
nature. Si j’étais un homme, Derfel Cadarn, trois têtes tomberaient sous mon
épée. Sansum, Nabur et Mordred. »
    Je n’en
doutais pas un instant. « Mais si Nabur et Sansum sont les meilleurs
hommes que puisse rassembler le parti de Mordred, Dame, Arthur n’a aucun souci
à se faire.
    — Le roi
Melwas, aussi, ajouta Guenièvre, et qui sait combien d’autres ? Presque
tous les prêtres itinérants du royaume répandent la pestilence, demandant
pourquoi les hommes devraient mourir pour Arthur. Je leur ferais trancher la
tête, mais les traîtres ne se démasquent pas, Seigneur Derfel. Ils restent
tapis dans l’obscurité et frappent quand on a le dos tourné. Mais si Arthur
écrase Gorfyddyd, tous chanteront ses louanges et prétendront l’avoir toujours
soutenu. » Elle cracha pour conjurer le mal puis me lança un regard
perçant. « Parle-moi du roi Lancelot », demanda-t-elle soudain.
    J’avais
l’impression que la saison était enfin arrivée de ce genre de flânerie sous les
pommiers et les poiriers. « Je ne le connais pas vraiment, fis-je
évasivement.
    — Il a
dit grand bien de toi la nuit dernière.
    — Vraiment ? »
répondis-je d’un air sceptique. Je savais que Lancelot et ses compagnons
habitaient encore sous le toit d’Arthur. En vérité je redoutais de le
rencontrer et j’avais été fort aise qu’il ne fût pas du repas de midi.
    « Il a
dit que tu étais un grand soldat, reprit Guenièvre.
    — Il est
bon de savoir, répondis-je avec aigreur, qu’il est parfois capable de parler
vrai. » J’imaginais que Lancelot, appareillant ses voiles au gré du vent
nouveau, avait essayé de rentrer dans les bonnes grâces d’Arthur en louant un
homme qu’il savait être son ami.
    « Peut-être,
observa Guenièvre, les guerriers qui souffrent une terrible défaite comme la
chute d’Ynys Trebes finissent-ils toujours par se quereller ?
    — Qui
souffrent ? repris-je vertement. Je l’ai vu quitter Benoïc, mais je ne me
souviens pas de l’avoir vu souffrir. Pas plus que je ne me souviens avoir vu sa
main bandée quand il est parti.
    — Ce
n’est pas un lâche, protesta-t-elle avec chaleur. Il a la main gauche couverte
d’anneaux de guerrier, Seigneur Derfel.
    — Des
anneaux de guerrier ! » m’exclamai-je sur le ton de la dérision. Et à
ces mots, je plongeai la main dans la bourse accrochée à ma ceinture pour en
sortir une pleine poignée. J’en avais tellement maintenant que je n’y faisais
plus attention. Je répandis les anneaux

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