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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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d’admiration et il aimait à récompenser l’admiration en se
montrant généreux.
    Le brouhaha
des quémandeurs qui se pressaient au-dehors s’amplifia et Arthur soupira en
pensant au travail qui l’attendait. Il écarta sa coupe de vin et m’adressa un
regard d’excuse. « Tu mérites de te reposer, Seigneur, dit-il, me flattant
délibérément en m’appelant par mon nouveau titre, mais hélas je te demanderai
tout bientôt de conduire nos lances dans le nord.
    — Mes
lances sont à toi, Seigneur Prince », dis-je avec soumission.
    Sur le plateau
de la table de marbre, il traça un cercle avec son doigt. « Nous sommes
entourés d’ennemis, mais le vrai danger est le Powys. Gorfyddyd lève une armée
telle que la Bretagne n’en a jamais vue. Cette armée se dirigera tout bientôt
dans le sud et le roi Tewdric, je le crains, n’a pas le cœur à se battre. Il me
faut masser le plus grand nombre de lances possible au Gwent afin de l’empêcher
de flancher. Cei peut contenir Cadwy, Melwas devra donner le meilleur de
lui-même contre Cerdic et, nous autres, nous irons au Gwent.
    — Et
Aelle ? demanda Guenièvre d’un air entendu.
    — Il est
en paix, insista Arthur.
    — Il s’en
remet au prix le plus fort, objecta Guenièvre, et Gorfyddyd fera bientôt monter
les enchères. »
    Arthur haussa
les épaules. « Je ne puis affronter en même temps Gorfyddyd et Aelle,
expliqua-t-il à voix basse. Il faudra trois cents lances pour contenir les
Saxons d’Aelle, je ne dis pas pour les vaincre, note-le bien, juste pour les
contenir. Mais l’absence de ces trois cents lances nous vaudra la défaite au
Gwent.
    — Et
Gorfyddyd le sait, fit valoir Guenièvre.
    — Alors,
mon amour, que voudrais-tu que je fasse ? » lui demanda Arthur.
    Mais Guenièvre
n’avait pas de meilleure solution qu’Arthur et elle se contenta de dire son
espoir que la paix fragile se maintiendrait avec Aelle. Le roi saxon avait reçu
livraison d’une cargaison d’or et on ne pouvait lui en donner davantage parce
que les caisses du royaume étaient vides. « Il nous faut simplement
espérer que Gereint puisse le contenir, déclara Arthur, pendant que nous
détruirons Gorfyddyd. » Il écarta sa couche de la table en m’adressant un
sourire. « Repose-toi jusqu’au lendemain de Lughnasa, Seigneur Derfel,
puis dès que les moissons seront rentrées tu marcheras dans le nord avec
moi. »
    D’un
claquement de main, il fit signe aux serviteurs de débarrasser les reliefs du
repas et de faire entrer les solliciteurs. Tandis que les serviteurs
s’affairaient, Guenièvre me fit un signe de tête. « Pouvons-nous
parler ?
    — Avec
joie, Dame. »
    Elle retira
son collier massif, le tendit à une esclave, puis, grimpant une volée
d’escaliers, m’entraîna jusqu’à une porte donnant sur un verger où deux de ses
grands lévriers l’attendaient pour lui faire la fête. Des guêpes bourdonnaient
autour des fruits tombés et Guenièvre ordonna à des esclaves de ramasser les
fruits pourris, que nous puissions marcher sans être importunés. Elle nourrit
les lévriers des restes de poulet du repas de midi tandis qu’une douzaine
d’esclaves récoltaient les fruits trempés et tapés dans les plis de leurs robes
puis, bien piqués, filèrent, nous laissant tous les deux seuls. Les cadres
d’osier des tentes qui seraient décorées de fleurs pour la grande fête de
Lughnasa avaient été dressés le long des murs du verger. « C’est joli, dit
Guenièvre en parlant du verger, mais je préférerais être à Lindinis.
    — L’an
prochain, Dame.
    — Elle
sera en ruines, dit-elle avec aigreur. Tu n’es pas au courant ? Gundleus a
saccagé Lindinis. Il n’a pas pris Caer Cadarn, mais il a démoli mon nouveau
palais. Il y a un an. » Elle fit la moue. « J’espère que Ceinwyn va
lui en faire voir de toutes les couleurs, mais j’en doute. Elle n’est qu’une
petite sotte. » À travers les frondaisons, le soleil illuminait ses
cheveux roux et couvrait d’ombres fortes son beau visage. « Parfois,
j’aimerais être un homme, avoua-t-elle, me prenant par surprise.
    — Vraiment ?
    — Sais-tu
à quel point il est détestable d’attendre les nouvelles ? demanda-t-elle
avec flamme. Dans deux ou trois semaines, vous partirez tous dans le nord et il
nous faudra attendre. Attendre, toujours attendre. Attendre pour savoir si
Aelle manque à sa parole, attendre pour savoir combien d’hommes a pu

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