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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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robe.
« Bien, je l’ai, fit-il négligemment, même si je soupçonnais que ce
n’était que feinte indifférence.
    — Qu’est-ce
que l’Anneau d’Eluned ? » demanda Galahad.
    Merlin se
gaussa de l’ignorance de mon ami, puis décida d’éclairer sa lanterne.
« L’Anneau d’Eluned, annonça-t-il avec emphase, est l’un des Treize
Trésors de la Bretagne. Nous les connaissons depuis toujours, bien entendu
 – du moins ceux d’entre nous qui reconnaissons les vrais Dieux,
précisa-t-il dans un sarcasme destiné à Galahad  –, mais aucun de nous
n’était sûr de leur pouvoir réel.
    — Et le
rouleau te l’a dit ? » demandai-je.
    Merlin eut un
sourire cruel. Ses longs cheveux noirs étaient soigneusement noués dans sa
nuque par un ruban noir, tandis que sa barbe était tressée en nattes bien
serrées. « Le rouleau a confirmé tout ce que je soupçonnais ou savais, et
il a même suggéré une ou deux bribes nouvelles de savoir. Ah, le voici. »
Fouillant ses poches, il avait mis la main sur l’Anneau. À mes yeux, le trésor
avait tout l’air d’un quelconque anneau de guerrier en fer, mais Merlin le
tenait dans sa paume comme si c’était le plus grand joyau de toute la Bretagne.
« L’Anneau d’Eluned, forgé dans l’Au-Delà au commencement du temps. Un
morceau de métal, en vérité, rien de particulier. » Il me le lança. Je
l’attrapai au vol. « En soi, reprit-il, l’Anneau n’a aucun pouvoir. En
eux-mêmes, les Trésors de Bretagne n’ont aucun pouvoir. La Mante d’Invisibilité
ne te rend pas invisible, pas plus que la Corne de Bran Galed ne semble
meilleure qu’aucune autre corne de chasse. Au passage, Derfel, es-tu allé
chercher Nimue ?
    — Oui.
    — Bon. Je
pensais bien que tu le ferais. Un endroit intéressant, l’Ile des Morts, tu ne
trouves pas ? Je m’y rends quand j’ai besoin de compagnie stimulante. Où
en étais-je ? Oh, oui, les Trésors. Des bagatelles sans valeur, en vérité.
Tu ne donnerais pas le Manteau de Padarn à un mendiant, pas si tu es bon, et
pourtant c’est l’un des Trésors.
    — Alors à
quoi servent-ils ? » demanda Galahad. Il m’avait pris l’Anneau des
mains et le rendait maintenant au druide.
    « Ils
commandent les Dieux, bien entendu, trancha Merlin, comme si la réponse allait
de soi. En eux-mêmes, ce ne sont que de vains oripeaux, mais tous ensemble ils
peuvent faire sauter les Dieux comme des grenouilles. Il ne suffit pas
simplement de rassembler les Trésors, bien sûr, s’empressa-t-il d’ajouter, il y
a un ou deux autres rituels qui s’imposent. Et qui sait si tout cela
opérera ? Personne n’a jamais essayé, pour autant que je sache. Nimue va
bien ? me demanda-t-il avec gravité.
    — Maintenant,
oui.
    — Tu as
l’air plein de rancœur ! Tu estimes que j’aurais dû aller la
chercher ? Mon cher Derfel, j’ai bien assez à faire sans courir la
Bretagne à la recherche de Nimue ! Si la fille ne peut venir à bout de
l’Ile des Morts, à quoi est-elle bonne sur cette terre ?
    — Elle
aurait pu mourir, accusai-je, pensant aux goules et aux cannibales de l’île.
    — Bien
sûr que oui ! À quoi bon une épreuve s’il n’y a point de danger ? Tu
penses comme un enfant, Derfel. » Merlin hocha la tête d’un air apitoyé
puis glissa l’anneau à l’un de ses longs doigts osseux. Il nous fixa
solennellement, chacun de nous attendant avec effroi une manifestation de
puissance surnaturelle mais, au bout de quelques secondes d’inquiétude, Merlin
se contenta de rire de nos expressions. « Je vous l’ai dit, les Trésors
n’ont rien de particulier.
    — Combien
de Trésors as-tu ? demanda Galahad.
    — Plusieurs,
fit-il d’un air évasif, mais en aurais-je même douze sur les treize, je serais
encore en peine tant que je n’aurais pas trouvé le treizième. Et voilà, Derfel,
le Trésor manquant. Le Chaudron de Clyddno Eiddyn. Sans le Chaudron, nous
sommes perdus.
    — Nous
sommes perdus de toute façon », fis-je d’un ton amer.
    Merlin me
dévisagea comme si j’étais singulièrement obtus. « La guerre ? dit-il
après quelques secondes. C’est pour cela que tu es venu ici ? Pour
implorer la paix ! Quels sots faites-vous tous les deux ! Gorfyddyd
n’a aucune envie de la paix. L’homme est une brute épaisse. Il a la cervelle
d’un bœuf, et pas d’un bœuf très malin par-dessus le marché. Il veut être Grand
Roi, et pour cela il lui faut régner sur la

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