Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
guerre était
inéluctable. « Et l’est-elle ? » demanda la princesse avec une
inquiétude fort compréhensible car, le lendemain, son mari irait dans le sud
vers l’ennemi.
    « Malheureusement,
Dame, il le semble.
    — Tout
est de la faute d’Arthur, déclara la princesse Helledd avec fermeté, et ses
tantes l’approuvèrent vigoureusement d’un signe de tête.
    — Je
crois qu’Arthur serait d’accord avec vous, Dame, et il le regrette.
    — Alors
pourquoi nous combat-il ? voulut savoir Helledd.
    — Parce
qu’il a juré de maintenir Mordred sur le trône, Dame.
    — Mon
beau-père ne déposséderait jamais l’héritier d’Uther, fit-elle avec humeur.
    — Seigneur
Derfel a failli perdre sa tête en ayant cette conversation ce matin, commenta
malicieusement Ceinwyn.
    — Seigneur
Derfel, intervint Galahad, s’échappant de sa toute dernière chasse au renard, a
gardé sa tête parce qu’il est chéri de ses Dieux.
    — Pas  
des   tiens,   Seigneur  
Prince ?   demanda   vivement Helledd.
    — Mon
Dieu aime tout le monde, Dame.
    — Tu veux
dire  qu’il ne fait pas  de  distinction ? » Elle
s’esclaffa.
    On mangea de
l’oie, du poulet, du lièvre et des venaisons et l’on nous servit un méchant vin
qui avait dû être conservé trop longtemps depuis qu’on l’avait fait venir en
Bretagne. Après le repas, on nous invita à prendre place sur des coussins et
une harpiste joua pour nous. Les lits étaient des meubles de femme et Galahad
et moi étions mal à l’aise sur ces couches basses et molles, mais je n’étais
pas mécontent car j’avais veillé à me retrouver à côté de Ceinwyn. Je restai un
moment assis, puis m’appuyai sur un coude de manière à lui parler à voix basse.
Je la complimentai de ses fiançailles avec Gundleus. Elle me lança un regard
amusé. « Cela sonne comme des propos de courtisan.
    — Je suis
parfois forcé de l’être, Dame. Me préféreriez-vous en guerrier ? »
    Elle s’appuya
à son tour sur un coude, afin que nous puissions parler sans troubler la
musique et, de la sentir si proche, j’eus l’impression que mes sens
s’envolaient en fumée. « Mon seigneur Gundleus, dit-elle tout doucement, a
exigé ma main en contrepartie de l’entrée de son armée dans la guerre.
    — Alors
son armée, Dame, est la plus précieuse de toute la Bretagne. »
    Elle ne sourit
pas du compliment mais garda les yeux fixés sur les miens. « Est-il vrai,
demanda-t-elle très calmement, qu’il a tué Norwenna ? »
    Sa question
abrupte me troubla. « Que dit-il, Dame ? demandai-je plutôt que de
lui répondre directement.
    — Il dit
 – et elle baissa encore la voix en sorte que c’est à peine si je pouvais
l’entendre  – que ses hommes étaient attaqués et que, dans la confusion,
elle est morte. C’était un accident, assure-t-il. »
    Je jetai un
coup d’œil à la jeune harpiste. Les tantes nous lançaient un regard furieux,
mais Helledd ne paraissait pas s’inquiéter de notre conversation. Galahad
écoutait la musique, un bras passé autour de Perddel assoupi. « J’étais
sur le Tor ce jour-là, Dame, fis-je en me retournant vers Ceinwyn.
    — Et ? »
    Je décidai que
sa question abrupte méritait la franchise. « Elle s’est agenouillée pour
l’accueillir, Dame, et il lui a enfoncé son épée dans la gorge. Je l’ai vu
faire. »
    Une seconde,
son visage se durcit. La lumière chatoyante des chandelles satinait sa peau
claire et couvrait d’ombres légères ses joues et sa lèvre inférieure. Elle
portait une riche robe de lin bleu clair ourlée de fourrure blanche argentée et
tachetée de noir. Une hermine d’hiver. Un torque d’argent soulignait son cou,
des anneaux d’argent pendaient à ses oreilles et je me dis que l’argent allait
bien avec l’éclat de sa chevelure. Elle lâcha un léger soupir. « Je redoutais
d’entendre cette vérité, mais ma condition de princesse signifie que je dois me
marier à l’endroit où je serais le plus utile, plutôt que d’écouter mes
désirs. » Elle se tourna un moment vers la musicienne puis se pencha à
nouveau vers moi. « Mon père, dit-elle nerveusement, affirme que c’est une
guerre pour mon honneur. Est-ce vrai ?
    — Pour
lui, Dame, oui, bien que, je puis vous l’assurer, Arthur regrette le tort qu’il
vous a fait. »
    Elle fit la
grimace. Le sujet lui était manifestement douloureux, mais elle ne pouvait
laisser tomber, car

Weitere Kostenlose Bücher