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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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époque
semblait étrange, voire dangereuse, car bien que la présence du druide
intimidât les hommes de Gorfyddyd, ils lui en voulaient tout de même de son
intervention et certains, en sécurité au fond de la salle, grommelèrent qu’il
ferait mieux de se mêler de ses affaires.
    Merlin se
tourna vers eux. « Mes affaires, fit-il d’une voix basse qui coupa
néanmoins court à la protestation, consistent à prendre soin de vos âmes et si
l’envie me saisit de plonger ces âmes dans la misère, vous regretterez que vos
mères aient jamais enfanté. Imbéciles ! » Ce dernier mot sonna
sèchement, accompagné d’un mouvement de bâton qui fit s’agenouiller les hommes
en armure. Aucun des rois n’osa intervenir quand Merlin frappa de son bâton
l’un des crânes accrochés à un pilier. « Tu pries pour la victoire !
dit Merlin. Mais la victoire sur quoi. Sur les tiens, non sur tes
ennemis ! Tes ennemis sont les Saxons. Des années nous avons souffert sous
la férule des Romains, mais enfin les Dieux ont jugé bon de chasser la vermine
romaine, et que faisons-nous ? Nous nous entre-tuons et laissons un nouvel
ennemi prendre nos terres, violer nos femmes et engranger nos moissons. Alors
livrez votre guerre, sots que vous êtes, livrez-la et gagnez, et vous n’aurez
toujours pas la victoire.
    — Mais ma
fille sera vengée, dit Gorfyddyd dans le dos de Merlin.
    — Ta
fille, Gorfyddyd, dit Merlin en se retournant, vengera sa blessure. Veux-tu
connaître son destin ? » demanda-t-il d’un ton railleur. Mais il y
répondit posément, sur le ton de la prophétie. « Elle ne sera jamais haute
et elle ne sera jamais basse, mais elle sera heureuse. Son âme, Gorfyddyd, est
bénie, et si tu avais autant de bon sens qu’une puce, tu t’en contenterais.
    — Je me
contenterai du crâne d’Arthur, répliqua Gorfyddyd d’un air de défi.
    — Alors va
le chercher, fit Merlin avec mépris en me donnant un coup de coude. Viens,
Derfel, et goûte l’hospitalité de ton ennemi. »
    Il nous fit
sortir de la salle, marchant d’un air indifférent entre les rangs de fer et de
cuir de l’ennemi. Les guerriers nous lorgnaient avec rancœur, mais il n’était
rien qu’ils pussent faire pour nous empêcher de sortir ou de rejoindre l’une
des chambres d’hôte de Gorfyddyd, où à l’évidence Merlin avait lui-même
séjourné. « Tewdric veut donc la paix, c’est ça ? nous demanda-t-il.
    — Oui,
Seigneur, répondis-je.
    — C’est
normal. Il est chrétien et se croit donc plus malin que les Dieux.
    — Et toi,
Seigneur, tu sais ce que les Dieux ont dans la tête ? demanda Galahad.
    — Je
crois que les Dieux détestent s’ennuyer, alors je fais de mon mieux pour les
distraire. Ainsi me sourient-ils. Ton Dieu, ajouta Merlin avec aigreur, méprise
l’amusement et exige qu’on rampe à ses pieds. Ce doit être une bien piteuse
créature. Probablement ressemble-t-il à Gorfyddyd, toujours soupçonneux et
abominablement jaloux de sa réputation. Quelle chance pour vous deux que je me
sois trouvé là ! » Il nous gratifia soudain d’un sourire espiègle et
je vis combien l’avait comblé cette humiliation publique de Gorfyddyd. Sa
réputation tenait en partie à ses actions d’éclat. Certains druides, comme
Iorweth, s’affairaient discrètement ; d’autres, comme Tanaburs, jouaient
d’astuces sinistres, mais Merlin aimait à dominer et à éblouir, et humilier un
roi ambitieux était pour lui un plaisir autant qu’un réflexe.
    « Ceinwyn
est-elle réellement bénie ? » demandai-je.
    Ma question
inattendue parut l’étonner. « En quoi ça te soucie ? Mais il est vrai
que c’est une jolie fille et comme, je l’avoue, j’ai une faiblesse pour les
jolis minois, je lui jetterai un charme de félicité. J’ai fait de même pour toi
jadis, Derfel, bien que tu ne sois pas joli. » Il rit puis jeta un coup
d’œil par la fenêtre pour mesurer la longueur des ombres du soleil. « Je
dois bientôt me mettre en route.
    — Qu’est-ce
qui t’a conduit ici, Seigneur ? demanda Galahad.
    — Il
fallait que je parle à Iorweth, répondit Merlin en s’assurant qu’il avait
toutes ses affaires autour de lui. Sans doute est-il une triple buse, mais il
possède les étranges bribes de savoir que j’ai pu momentanément oublier. Son
savoir s’est révélé précieux concernant l’Anneau d’Eluned. Je l’ai quelque
part. » Il tapota les poches cousues dans la doublure de sa

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