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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Dame, en effet. »
    De nouveau,
elle fit silence. Elle s’appuya sur son coude et observa les mains de la
harpiste se promener sur les cordes. Et moi, je l’observais. « Dis à
Arthur, reprit-elle au bout d’un moment et sans me regarder, que je ne lui
tiens pas rancune. Et dis-lui autre chose. » Elle s’interrompit soudain.
    « Oui,
Dame ?
    — Dis-lui
que s’il gagne » - sur ce, elle se tourna vers moi et, tendant un doigt
délicat par-delà l’espace qui séparait nos couches, elle me toucha le dos de la
main pour bien marquer combien ses paroles étaient importantes  –,
« que s’il gagne, je demanderai sa protection.
    — Je le
lui dirai. Dame. » Et je m’arrêtai là, le cœur gros. « Et je vous
promets la mienne aussi, en tout honneur ! »
    Elle garda son
doigt sur ma main. Son contact était aussi délicat que le souffle du prince
endormi. « Je pourrais te rappeler ce serment, Seigneur Derfel, dit-elle,
plongeant ses yeux dans les miens.
    — Jusqu’à
la fin des temps et pour l’éternité, ce serment tiendra, Dame. »
    Elle sourit,
retira sa main et se redressa.
    Et cette
nuit-là j’allai au lit dans un vertige de confusion, d’espoir, de sottise,
d’appréhension, de peur et de ravissement. Car, tout comme Arthur, j’étais venu
à Caer Sws et avais été frappé par l’amour.

 
     
     
     
     
     
     
     
     
CINQUIÈME PARTIE LE MUR DE BOUCLIERS

 
     
    « C’était
donc elle ! m’accusa Igraine. La princesse Ceinwyn, qui a transformé ton sang
en fumée. Frère Derfel !
    — Oui,
Dame, c’était elle, avouai-je, et, je le confesse maintenant, mes yeux se
mouillent de larmes quand je pense à Ceinwyn. Ou peut-être est-ce le temps qui
fait couler mes yeux, car l’automne est arrivé à Dinnewrac et un vent froid se
glisse par la fenêtre. Je vais bientôt devoir interrompre ce récit, car nous
serons affairés à rentrer nos vivres pour l’hiver et à constituer des tas de
bois que le bienheureux saint Sansum se fera un plaisir de ne point brûler,
afin que nous partagions les souffrances de notre cher Sauveur.
    « Pas
étonnant que tu aies tant de haine pour Lancelot ! lança Igraine. A-t-il
su ce que tu éprouvais pour Ceinwyn ?
    — Il a
fini par le savoir, oui.
    — Et
alors ? demanda-t-elle impatiemment.
    — Pourquoi
ne pas nous en tenir à l’ordre du récit, Dame ?
    — Parce
que je n’en ai pas envie, naturellement.
    — Eh bien
moi, si, et c’est moi le narrateur, pas toi.
    — Si je
n’avais pas autant d’affection pour toi, Frère Derfel, je te ferais trancher la
tête et donnerais ton corps en pitance à nos lévriers. » Elle fronça les
sourcils, songeuse. Elle est très jolie aujourd’hui dans son manteau de laine
gris ourlé de loutre. Elle n’est pas enceinte, alors de deux choses
l’une : ou le pessaire de fèces de nourrisson n’a pas marché, ou Brochvael
passe trop de temps en compagnie de Nwylle. « Dans la famille de mon mari,
on a toujours beaucoup parlé de la grand-tante Ceinwyn, dit-elle, mais nul n’a
jamais vraiment expliqué quel était l’objet du scandale.
    — Je n’ai
jamais connu personne, répondis-je sèchement, autour de qui il y eût moins de
scandale.
    — Ceinwyn
ne s’est pas mariée, ça je le sais.
    — Est-ce
si scandaleux ?
    — Du
moment qu’elle se conduisait comme si elle l’était, oui, répondit Igraine avec
indignation. Voilà ce que prêche ton Église. Notre Église, s’empressa-t-elle
d’ajouter. Alors qu’est-il arrivé ? Dis-le-moi ! »
    Je tirai ma
manche de moine sur mon moignon de main, qui est toujours la première partie de
mon corps à sentir un vent glacial. « L’histoire de Ceinwyn est trop
longue pour que je la raconte maintenant. » Et je refusai d’en dire plus,
malgré les demandes intempestives de ma reine.
    « Alors
Merlin a-t-il trouvé le Chaudron ? demanda Igraine.
    — Nous y
viendrons le moment venu. »
    Elle leva les
mains au ciel. « Tu m’exaspères, Derfel. Si je me conduisais en reine
digne de ce nom, j’exigerais ta tête. Vraiment !
    — Et si
j’étais autre chose qu’un vieux moine souffreteux, Dame, je te la
donnerais. »
    Elle rit puis se
retourna pour jeter un coup d’œil par la fenêtre. Les feuilles des petits
chênes que Frère Maelgwyn avait plantés pour faire un brise-vent avaient bruni
de bonne heure et les bois de la combe, au-dessous, étaient couverts de baies,
deux signes annonciateurs d’un

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