Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
bigarrés attendaient, formant deux files dépenaillées.
Puis je ne sais quel instinct encore aussi vif qu’au temps où il était guerrier
lui mit la puce à l’oreille. « Ligessac ! rugit-il. Ferme la
porte ! Ferme-la. Vite ! »

Ligessac tira
plutôt son épée. Puis il se retourna et mit sa main en cornet comme s’il
n’avait pas bien entendu Hywel.
    « Ferme
la porte ! » tonna Hywel.
    L’un des
hommes de Ligessac allait s’exécuter, quand Ligessac lui-même le retint,
attendant plutôt les ordres de Norwenna.
    « Laissez
la porte ouverte », commanda-t-elle impérieusement, et Ligessac s’inclina
humblement.
    Hywel jura. Il
eut le plus grand mal à descendre du rempart puis boitilla sur sa béquille en
direction de la cabane de Morgane. Quant à moi, j’avais les yeux fixés sur la
porte ouverte, inondée de soleil, et je me demandais ce qui allait se passer.
Hywel avait flairé quelque trouble dans l’air estival, mais comment, je ne le
découvris jamais.
    Gundleus
arriva à la porte ouverte. Il cracha sur le seuil, puis adressa un sourire à
Norwenna, qui attendait à une douzaine de pas. Elle leva ses bras potelés pour
saluer son seigneur qui suait à grosses gouttes, essoufflé, ce qui n’avait rien
d’étonnant, vu qu’il avait escaladé le Tor revêtu de tout son attirail
guerrier. Il avait un plastron de cuir, des jambières matelassées, des bottes,
un casque de fer surmonté d’une queue de renard et une épaisse pelisse rouge
sur les épaules. Son bouclier orné d’un renard pendait à son flanc gauche, son
épée à la hanche, tandis qu’il portait une grosse lance de la main droite.
Ligessac s’agenouilla et offrit au roi la poignée de son épée tirée, et
Gundleus fit un pas en avant pour toucher le pommeau de sa main gantée de cuir.
    Hywel avait
disparu dans l’antre de Morgane, dont Sebile ressortit en courant, tenant
Mordred dans ses bras. Sebile ? Pas Ralla ? Cela m’intrigua, comme Norwenna
sans doute lorsqu’elle vit l’esclave saxonne se poster à ses côtés avec le
petit Mordred drapé dans sa riche robe de toile dorée. Mais Norwenna n’eut pas
le temps de questionner Sebile, car déjà Gundleus s’avançait vers elle.
« Je t’offre mon épée, chère reine ! » dit-il d’une voix sonore.
Norwenna sourit de contentement, peut-être parce qu’elle n’avait pas encore
aperçu Tanaburs ni Ladwys, qui étaient entrés par la porte en même temps que la
soldatesque de Gundleus.
    Gundleus
enfonça sa lance dans la terre et tira son épée, mais plutôt que de lui tendre
d’abord la garde de son épée, il pointa vers son visage le bout de sa lame
affilée. Ne sachant trop que faire, Norwenna, hésitante, fit mine d’en toucher
l’extrémité scintillante.
    « Je me
réjouis de ton retour, cher Seigneur, dit-elle avec soumission avant de
s’agenouiller à ses pieds ainsi que l’exigeait la coutume.
    — Baise
l’épée qui défendra le royaume de ton fils », commanda Gundleus, et
Norwenna se pencha gauchement pour effleurer de ses lèvres l’acier présenté.
    Elle baisa
l’épée comme elle en avait reçu l’ordre. À peine ses lèvres touchèrent-elles le
métal gris que Gundleus enfonça la lame. Il tua son épouse en riant. Il riait
en lui enfonçant la lame dans le creux de la gorge. Il riait encore en
transperçant de force son corps qui se contorsionnait. Norwenna n’eut point le
temps de hurler, il ne lui restait plus de voix lorsque la lame lui déchira la
gorge et plongea dans son cœur. En retirant son arme, Gundleus poussa un
grognement. Il avait lancé son pesant bouclier de guerre, en sorte que ses deux
mains gantées étaient sur la garde quand il enfonça la lame. Il y avait du sang
sur l’épée, du sang sur l’herbe, et du sang sur le manteau bleu de la reine
moribonde. Il en jaillit encore lorsque Gundleus retira l’arme d’un coup sec.
Privé du support de l’épée, le corps de Norwenna s’affaissa sur le côté,
frissonna encore quelques secondes puis se figea.
    Sebile lâcha
le bébé et s’enfuit en hurlant. Mordred cria, mais l’épée de Gundleus coupa
court aux pleurs de l’enfant. Il plongea juste une fois de plus sa lame rouge,
et le manteau doré se tacha aussitôt d’écarlate. Tant de sang, d’un si petit
enfant !
    Tout cela
s’était passé si vite. Gudovan, à côté de moi, n’en croyait pas ses yeux,
tandis que Ladwys, grande beauté à la longue chevelure, aux yeux noirs et au
visage

Weitere Kostenlose Bücher