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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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naturellement, car c’était là un honneur qui n’était accordé
qu’à un roi dont les pairs reconnaissaient la supériorité ; et Mordred
n’était pas non plus le Pendragon, car ce titre n’allait qu’à un Grand Roi qui
s’était distingué dans la bataille. En vérité, Mordred n’était pas encore roi
de Dumnonie à proprement parler : il ne le serait que le jour où il serait
porté à Caer Cadarn pour y être proclamé avec sabre et cri sur la Pierre royale
du royaume, mais l’étendard lui appartenait, et le dragon rouge flottait donc
devant l’antre de Merlin.
    L’étendard
était un carré de tissu blanc aussi large et haut que la hampe d’une lance.
Tendu par des brins de saule cousus dans les ourlets, il était attaché à un
long tronc d’orme couronné d’un dragon en or. Le dragon brodé sur l’étendard
était fait d’une laine rouge qui déteignait sous la pluie, maculant de rose la
partie inférieure. L’arrivée de l’étendard fut suivie, quelques jours plus
tard, par la Garde du roi : une centaine d’hommes placés sous l’autorité
d’Owain, le champion, dont la mission était de protéger Mordred, roi de
Dumnonie. Owain était porteur d’une suggestion de Mgr Bedwin : Norwenna et
Mordred feraient bien d’aller au sud, à Durnovarie. Norwenna s’empressa
d’accepter, car elle désirait que son fils fût élevé dans une communauté
chrétienne plutôt que dans l’atmosphère franchement païenne du Tor, mais avant
que les dispositions ne fussent prises, on reçut de mauvaises nouvelles du
nord. Apprenant la mort du Grand Roi, Gorfyddyd de Powys avait envoyé ses
lanciers attaquer le Gwent, et les hommes du Powys incendiaient, pillaient et
faisaient des prisonniers au cœur même du territoire de Tewdric. Agricola, le
chef militaire romain de Tewdric, ne restait pas les bras croisés, mais les
Saxons félons, sans doute de mèche avec Gorfyddyd, avaient dépêché des bandes
au Gwent, et voici que notre plus ancien allié se battait désormais pour
l’existence même de son royaume. Owain, qui aurait dû escorter Norwenna et le
bébé, partit pour le nord avec ses guerriers afin de voler à la rescousse de
Tewdric, et Ligessac, qui commandait à nouveau la garde de Mordred, affirma que
le bébé serait plus en sécurité derrière le pont de terre facile à défendre
d’Ynys Wydryn qu’à Caer Cadarn ou à Durnovarie, et Norwenna accepta à
contrecœur de rester au Tor.
    Chacun
retenait son souffle en attendant de voir quel camp allait choisir Gundleus de
Silurie. La réponse ne se fit pas attendre. Il défendrait Tewdric contre son
ancien allié, Gorfyddyd. Gundleus adressa un message à Norwenna expliquant que
ses troupes franchiraient les passages à travers les montagnes pour attaquer
les hommes de Gorfyddyd sur leurs arrières et que, sitôt défaites les bandes du
Powys, il viendrait dans le sud afin de protéger son épouse et son fils royal.
    Nous
attendions les nouvelles, guettant jour et nuit, sur les lointaines collines,
les feux d’alarme qui nous préviendraient de la déroute ou de l’approche des
ennemis, et pourtant, malgré les incertitudes de la guerre, ce furent des jours
heureux. Le soleil guérissait la terre meurtrie par l’orage et séchait le grain
tandis que Norwenna, bien qu’embourbée dans l’atmosphère païenne du Tor,
paraissait désormais assurée que son fils serait roi. Mordred a toujours été un
enfant rébarbatif, aux cheveux roux et au cœur de pierre, mais en ces temps
cléments il semblait heureux quand on le voyait jouer avec sa mère ou avec
Ralla, sa nourrice, et son fils aux cheveux noirs. Le mari de Ralla, Gwlyddyn
le charpentier, sculpta pour Mordred toute une ménagerie : des canards,
des porcs, des vaches et un cerf, et le roi aimait à jouer avec eux alors même
qu’il était trop petit pour savoir de quoi il retournait. Norwenna était
heureuse de savoir son fils heureux. J’aimais la voir le chatouiller pour le
faire rire, le câliner quand il s’était fait mal, et le dorloter toujours. Elle
l’appelait son petit roi, son petit chou adoré, son miracle, et Mordred
gloussait et lui réchauffait le cœur. À quatre pattes, il se promenait nu au
soleil, et nous voyions tous qu’il avait le pied gauche clavé et replié comme
un poing serré ; sans quoi il profitait bien du lait de Ralla et de l’amour
de sa mère. Il fût baptisé dans l’église de pierre à côté de la Sainte-Épine.
    Arrivèrent

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