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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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rien
entendre. « Pauvre idiot ! » lâcha-t-il avant de ramper à
travers le trou et de détaler vers un espace ombragé, entre la cabane voisine
et un poulailler.
    Je fus sauvé
par Ligessac. Non qu’il m’ait vu, mais parce qu’il dit aux Siluriens qu’il n’y
avait rien dans ces corbeilles, hormis du linge de table. « Tout le trésor
est à l’intérieur », dit-il à ses nouveaux alliés. Je restai donc blotti,
sans oser bouger, tandis que les soldats victorieux pillaient les appartements
de Merlin. Les Dieux seuls savent ce qu’ils y trouvèrent : la dépouille
d’hommes morts, de vieux os, des charmes nouveaux et d’anciennes têtes de
flèche en silex, mais pas grand-chose de précieux. Et les Dieux seuls savent ce
qu’ils firent à Nimue, car elle ne le dirait jamais, mais il n’y avait pas
besoin de le dire. Ils firent ce que font toujours les soldats aux captives, et
quand ils eurent fini ils la laissèrent ensanglantée et à moitié folle.
    Ils
l’abandonnèrent aussi à la mort, car lorsqu’ils eurent mis à sac la chambre du
trésor et vu qu’il y avait peu d’or dans ce fatras aux odeurs de moisi, ils
lancèrent un brandon parmi les paniers brisés. La fumée s’éleva en ondoyant
depuis la porte. Ils balancèrent un autre tison dans les corbeilles où j’étais
tapi, puis les hommes de Gundleus battirent en retraite, les uns avec de l’or,
d’autres avec quelques babioles d’argent, mais la plupart les mains vides.
Lorsque les hommes furent partis, je me couvris la bouche d’un coin de mon
justaucorps et courus à travers la fumée suffocante en direction de la porte de
Merlin, où je trouvai Nimue. « Viens ! » lui lançai-je
désespérément. La fumée envahissait la pièce tandis que les flammes
bondissaient d’un coffre à l’autre. Les chats hurlaient, les chauves-souris
battaient des ailes, paniquées.
    Nimue ne
bougeait pas. Elle était couchée sur le ventre, les mains serrées sur son
visage, nue, du sang épais dégoulinant sur ses jambes. Elle pleurait.
    Je courus à la
porte qui menait à la tour de Merlin, espérant y trouver une issue, mais quand
j’ouvris la porte je découvris des murs pleins. Je découvris aussi que la tour,
loin d’être une chambre du trésor, était presque vide. Un sol de terre battue,
quatre murs de rondins et c’est tout. Il n’y avait pas de toit, mais à
mi-hauteur, suspendue à une paire de poutres et accessible par une robuste
échelle, j’aperçus une plate-forme de bois qui disparut bientôt sous la fumée.
La tour était une chambre de rêve, un endroit creux dans lequel les murmures
des Dieux faisaient écho à Merlin. L’espace d’une seconde, je gardai les yeux
fixés sur la plate-forme, puis la fumée surgit dans mon dos pour s’engouffrer
dans la tour, et je rejoignis Nimue en toute hâte, empoignai son manteau noir
sur le lit en bataille et l’enveloppai dans la laine comme un animal malade. Je
saisis le manteau par les coins, puis, portant son corps emmailloté comme un
baluchon, je me dirigeai péniblement vers la porte. Le feu se déchaînait
maintenant et les flammes ne faisaient qu’une bouchée du bois sec. Les yeux
ruisselant, les bronches endoloris et voyant qu’un nuage épais interdisait la
porte d’entrée, je traînai Nimue, son corps canotant sur la terre derrière moi,
vers l’endroit où Druidan avait percé son trou de rat. Mon cœur battant la
chamade, je jetai un œil à l’extérieur : aucun ennemi en vue. J’agrandis
le trou, tirant sur le clayonnage et faisant tomber de gros morceaux de
torchis, puis je me faufilai à travers l’orifice, remorquant Nimue derrière
moi. Elle poussa de petits cris de protestation tandis que j’essayais de la
faire passer, mais l’air frais parut la ranimer car elle essaya d’avancer toute
seule et, lorsqu’elle retira les mains de son visage, je compris pourquoi son
dernier hurlement avait été si terrible. Gundleus lui avait arraché un œil. Son
orbite n’était plus qu’une fontaine de sang sur laquelle elle rabattit aussitôt
sa main ensanglantée. Dans son effort pour s’extraire du trou, elle avait perdu
son vêtement. Je dégageai son manteau des décombres et le lui passai sur les
épaules avant de saisir sa main libre et de l’entraîner vers la cabane la plus
proche.
    L’un des
hommes de Gundleus nous vit, puis Gundleus lui-même reconnut Nimue et il gueula
qu’il fallait prendre la sorcière vivante et la rejeter aux

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