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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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flammes. Les cris
de chasse retentirent, une grande huée comme celle des chasseurs traquant un
sanglier blessé jusqu’à la mort, et nous aurions certainement été pris si
d’autres fugitifs n’avaient déjà éventré la palissade du côté sud. Je courus
vers la nouvelle brèche, à seule fin de découvrir qu’Hywel, le bon Hywel, y avait
trouvé la mort, sa béquille à côté de lui, la tête à moitié coupée, son épée
encore à la main. Saisissant son épée, je fis passer Nimue. On arriva à la
pente raide, côté sud, que l’on descendit en faisant la culbute, hurlant tous
les deux en dégringolant en bas de ce précipice herbeux. Nimue, que la douleur
avait rendue complètement folle, était à demi aveugle et j’étais moi-même
terrorisé, mais je m’accrochais tant bien que mal à l’épée d’Hywel, et je
parvins, d’une manière ou d’une autre, à remettre Nimue sur pied au bas du Tor,
à lui faire traverser en pataugeant la source sacrée. Puis, laissant derrière
nous le verger des chrétiens et une plantation d’aulnes, nous continuâmes à
descendre jusqu’à l’endroit où, je le savais, était ancré le bateau d’Hywel, à
côté d’une cabane de pêcheur. Je lançai Nimue dans la petite embarcation de
roseaux tressés, tranchai l’amarre en m’aidant de ma nouvelle épée et éloignai
la barque du rivage à seule fin de m’apercevoir que je n’avais point de perche
pour conduire notre malheureuse planche de salut dans le dédale de canaux et de
lacs qui bordaient le marais. Je dus donc me servir de l’épée d’Hywel, dont la
lame faisait une piètre perche, mais c’est tout ce que j’avais. C’est alors que
le premier de nos assaillants arriva sur le rivage couvert de roseaux. Faute de
pouvoir avancer vers nous à cause de la vase, il lança sa lance dans notre
direction.
    La lance se
dirigea vers moi en sifflant. L’espace d’une seconde, je demeurai pétrifié par
la vue de cette grosse perche avec sa tête d’acier scintillante, mais l’arme
alla s’enfoncer pesamment dans les fargues de roseau du canot. J’empoignai la
tige de frêne frémissante et m’en servis comme d’une perche pour nous éloigner
au plus vite dans les voies d’eau. Nous y étions en sécurité. Quelques hommes
de Gundleus couraient sur une piste de planche parallèle à notre route, mais
j’eus tôt fait de m’en éloigner. D’autres bondirent dans des coracles et se
servirent de leurs lances comme de pagaies, mais aucun coracle ne pouvait
rivaliser avec un bateau plat de roseau pour ce qui est de la vitesse, et nous
les laissâmes donc loin derrière. Ligessac tira une flèche, mais nous étions
déjà hors de portée et son missile se perdit sans un bruit dans l’eau
ténébreuse. Derrière nos poursuivants frustrés, au sommet du Tor verdoyant, les
flammes dévoraient les cabanes, le palais et la tour. Un panache de fumée grise
s’élevait dans le ciel bleu d’été.
    « Deux
blessures », dit Nimue, qui desserrait les lèvres pour la première fois
depuis que je l’avais arrachée aux flammes.
    « Quoi ? »
fis-je en me tournant vers elle. Elle était pelotonnée à l’avant ; son
corps chétif enveloppé dans son manteau noir, elle plaquait une main sur son
œil creux.
    « J’ai
souffert deux Blessures de la Sagesse, Derfel, dit-elle d’une voix
d’émerveillement halluciné. La Blessure du Corps et la Blessure de l’Orgueil.
Il ne me reste qu’à affronter la folie et je serai aussi sage que
Merlin. » Elle essaya de sourire, mais il y avait dans sa voix une rage
hystérique qui me fit me demander si elle n’était pas déjà sous l’empire de la
folie.
    « Mordred
est mort, lui dis-je, ainsi que Norwenna et Hywel. Le Tor brûle. »
    Tout notre
monde était détruit, et pourtant le désastre semblait la laisser étrangement
impassible. Elle paraissait presque détendue parce qu’elle avait enduré deux
des trois épreuves de la sagesse.
    Jouant de la
perche, je passai devant une rangée de pièges à poissons avant de m’engager
dans l’étang de Lissa, un grand lac noir qui s’étendait à la lisière sud des
marais. Je me dirigeais vers la demeure d’Ermid, quelques baraques de bois où
Ermid, le chef d’une tribu locale, avait sa maison. Je savais qu’il ne serait
pas là, car il avait accompagné Owain dans le nord, mais ses gens nous
aideraient, et je savais aussi que notre canot nous y conduirait bien avant les
cavaliers les plus

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