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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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cependant, je savais que le sanctuaire royal
était probablement sa destination, car nous avions toute chance d’y trouver des
soldats dumnoniens, mais Gundleus aurait certainement fait la même déduction,
et il était tout autant aux abois que nous. Morgane, qui avait une intelligence
aiguë de la méchanceté du monde, subodorait que le roi de Silurie concoctait
cette guerre depuis le Grand Conseil et n’attendait que la mort d’Uther pour
passer à l’attaque avec le renfort de Gorfyddyd. Nous avions tous été dupés.
Nous avions pris Gundleus pour un ami, et personne n’avait monté la garde à ses
frontières. Maintenant, ce n’était ni plus ni moins que le trône de la Dumnonie
qu’il visait. Mais pour l’obtenir, nous expliqua Morgane, il lui faudrait plus
qu’une vingtaine de cavaliers, et, à l’heure qu’il était, ses lanciers hâtaient
certainement le pas pour rattraper leur roi sur la longue Voie romaine qui
partait de la côte nord de Dumnonie. Les Siluriens vadrouillaient dans notre
pays, mais pour être assuré de sa victoire, Gundleus devait d’abord tuer
Mordred. Il devait nous retrouver, sans quoi toute son audacieuse aventure
tournerait court.
    Le grand bois
étouffait le bruit de nos pas. De temps à autre, un pigeon s’abattait à travers
les feuillages et une pie s’attaquait à un tronc à deux pas de nous. Une fois,
il y eut un grand craquement suivi d’un piétinement dans les sous-bois voisins.
Tout le monde s’arrêta, cloué sur place, redoutant un cavalier silurien, mais
ce n’était qu’un sanglier armé de défenses qui fit irruption dans une
clairière, nous jeta un coup d’œil puis déguerpit. Mordred criait et ne voulait
pas du sein de Ralla. Quelques petits enfants pleurnichaient de peur et de
fatigue. Mais ils se turent lorsque Morgane se retourna vers eux en menaçant de
les transformer en crapauds puants.
    Nimue
boitillait devant moi. Je savais qu’elle souffrait, mais elle ne se plaignait
pas. Il lui arrivait de pleurer en silence et rien de ce que disait Lunete ne
pouvait la consoler. Lunete était une fille gracile au teint sombre du même âge
que Nimue, elle ne lui ressemblait guère, mais elle n’avait pas son savoir ni
son don de seconde vue. Voyant un cours d’eau, Nimue pouvait y reconnaître la
demeure des esprits aquatiques tandis que Lunete n’y voyait qu’un bon coin pour
la lessive. Au bout d’un moment, Lunete ralentit le pas pour marcher à côté de
moi. « Et maintenant, Derfel, qu’allons-nous devenir ?
    — Je ne
sais pas.
    — Merlin
va-t-il venir ?
    — Je
l’espère, ou alors Arthur. »
    Je parlais
avec ferveur, mais sans trop y croire, parce que ce dont nous avions besoin,
c’était d’un miracle. Nous semblions pris au piège d’un cauchemar en plein midi
car lorsque, après deux heures de marche, force nous fut de quitter les bois
pour traverser une rivière profonde qui serpentait à travers les pâturages
parsemés de fleurs, nous aperçûmes du côté est, à l’horizon, de nouveaux foyers
d’incendie. Mais personne ne pouvait dire s’ils étaient le fait des pillards
siluriens ou de Saxons profitant de notre faiblesse.
    Un cerf sortit
des bois au galop à quelques centaines de mètres plus à l’est. « Baissez-vous ! »
siffla une voix de chasseur. Tout le monde plongea dans l’herbe à l’orée du
bois. Ralla força Mordred à téter pour le réduire au silence, et il se vengea
en la mordant si fort que le sang perla jusqu’à sa taille, mais ni elle ni lui
ne laissèrent échapper le moindre son lorsque parut le cavalier qui avait
effrayé le cerf. L’homme était un peu plus à l’est, mais beaucoup plus près que
les bûchers, si près que j’aperçus le masque de renard sur son bouclier rond.
Il portait une longue lance, ainsi qu’une corne qu’il emboucha après qu’il eut
regardé un long moment dans notre direction. Notre crainte à tous était que son
signal signifiât qu’il nous avait repérés et que, bientôt, on vît surgir un
détachement de cavaliers, mais lorsque l’homme fit demi-tour pour rentrer dans
les bois, on comprit que la note lugubre de sa corne voulait dire qu’il ne nous
avait pas vus. Au loin sonna une autre corne, puis le silence se fit.
    On attendit de
longues minutes. Des abeilles bourdonnaient dans l’herbe le long du ruisseau.
Nous avions tous les yeux fixés sur l’orée du bois, redoutant de voir surgir
d’autres cavaliers en armes, mais aucun ennemi

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