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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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ne parut. Au bout d’un moment,
notre guide nous dit d’une voix chuchotante que nous allions ramper jusqu’à la
rive, traverser le ruisseau, puis ramper de nouveau jusqu’aux arbres.
    Le trajet fut
long et pénible, surtout pour Morgane avec sa jambe gauche déformée, mais au
moins eûmes-nous l’occasion de nous désaltérer en pataugeant à travers le
ruisseau. Sitôt dans les bois, on reprit la marche avec des habits trempés,
mais aussi soulagés de laisser, peut-être, les ennemis derrière nous. Mais
point, hélas, nos ennuis. « Vont-ils faire de nous des
esclaves ? » me demanda Lunete. Comme nombre d’entre nous, Lunete
avait été initialement capturée pour le marché aux esclaves de la Dumnonie, et
elle n’avait dû sa liberté qu’à l’intervention de Merlin. Ce dernier disparu,
que pouvait-elle espérer ?
    « Je ne
pense pas, dis-je. À moins que Gundleus ou les Saxons ne nous capturent. Tu
serais prise en esclave, mais probablement qu’ils me tueraient. »
    Disant ces
mots, je me sentais terriblement brave.
    Lunete passa
son bras sous le mien et je fus flatté de la savoir contre moi. C’était une
jolie fille et, aujourd’hui encore, elle m’avait traité avec dédain, préférant
la compagnie des petits pêcheurs déguenillés d’Ynys Wydryn.
    « Je veux
que Merlin revienne, dit-elle. Je ne veux pas quitter le Tor.
    — Il ne
reste plus rien là-bas maintenant. Il va nous falloir trouver un nouvel
endroit. Ou alors retourner et reconstruire le Tor, si nous le pouvons. »
    Mais
uniquement, pensai-je, si Dumnonie survivait. À l’heure qu’il était, en cet
après-midi enfumé, peut-être le royaume se mourait-il. Je me demandais comment
j’avais pu être aveugle au point de ne pas voir les horreurs que promettait la
mort d’Uther. Les royaumes ont besoin de roi. Sans eux, ce ne sont que des
terres vides qui aimantent les lances des conquérants.
    En milieu
d’après-midi, nous franchîmes un cours d’eau plus large, presque une rivière,
si profonde que l’eau m’arrivait à la poitrine. Sitôt sur l’autre rive, je fis
de mon mieux pour sécher l’épée d’Hywel. C’était une magnifique épée, forgée
par les célèbres forgerons du Gwent et décorée d’enroulements et de cercles
entrecroisés. Quand j’avais le bras tendu, sa lame d’acier m’allait de la gorge
jusqu’à la pointe des doigts. L’entretoise était de fer massif et arrondie aux
extrémités, tandis que la garde était taillée dans du bois de pommier que l’on
avait rivé à la soie puis lié avec de longues lanières de cuir mince et huilé.
Le pommeau était une boule enveloppée de fils d’argent qui ne cessaient de se
défaire, si bien que je finis par l’arracher pour en faire un bracelet
rudimentaire que j’offris à Lunete.
    Au sud de la
rivière, s’étendait une autre prairie que paissaient des bœufs qui
s’approchèrent pour observer notre laborieuse traversée. Peut-être est-ce leur
mouvement qui nous attira des ennuis, car à peine étions-nous entrés dans les
bois de l’autre côté des pâturages que j’entendis derrière nous un bruit de
sabots. Je donnai l’alerte à ceux qui ouvraient la marche puis me retournai,
lance et épée à la main, afin d’observer le sentier.
    Les branches
étaient basses par ici, si basses qu’un cavalier ne pouvait emprunter ce
chemin. Qui voudrait se lancer à notre poursuite devrait descendre de monture
et continuer à pied. Nous avions évité les chemins les plus larges, pour
avancer de préférence sur des sentiers cachés qui serpentaient à travers les
arbres, si étroits, que nos poursuivants, comme nous, devraient progresser en
file indienne. Je craignais qu’il ne s’agît d’éclaireurs siluriens très loin
devant sur la petite troupe de Gundleus. Qui d’autre pouvait se soucier de ce
qui avait attiré les bœufs près de la rivière en ce paisible après-midi ?
    Gwlyddyn me
rejoignit et me prit la lance des mains. Il écouta les lointains bruits de pas,
puis opina, visiblement satisfait. « Ils ne sont que deux, observa-t-il
d’un ton tranquille. Ils ont laissé leurs chevaux et continuent à pied. Je
prendrai le premier. Toi, tu t’occuperas du second le temps que je puisse le
tuer. » Il paraissait extraordinairement calme. « Et souviens-toi,
Derfel, eux aussi ont la trouille. » Il me fit mettre à l’ombre puis
rejoignit à croupetons l’autre côté du sentier pour aller se planquer derrière
le

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