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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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du
sculpteur les moyens nécessaires à l’œuvre gigantesque qu’il s’apprêtait à
réaliser.
    Il débarqua d’abord à Athènes, où il
rencontra Aristote qui donnait à présent des leçons dans les locaux de son
académie. Le philosophe le reçut dans un salon privé et lui fit servir du vin
frais.
    « Notre roi m’a chargé de te
présenter ses salutations et ses hommages, et de te dire qu’il t’écrira une
longue lettre dès que possible.
    — Je te remercie. L’écho de son
entreprise est bien vite parvenu à Athènes. Les trois cents armures qu’il a
envoyées sur l’Acropole ont attiré des milliers de curieux, et leur dédicace,
excluant les Spartiates, a couru comme le vent jusqu’aux Colonnes d’Héraclès.
Alexandre sait comment faire parler de lui.
    — Quelle est l’humeur des
Athéniens ?
    — Démosthène dispose toujours
d’un ascendant considérable sur eux, mais les aventures du souverain ont
profondément marqué l’imagination des habitants. En outre, nombre d’entre eux ont
des parents qui se battent en Asie, dans l’armée ou dans la flotte, ce qui les
amène à réclamer la prudence en politique. Mais il est inutile de se faire des
illusions : si le roi devait tomber sur le champ de bataille, il y aurait
aussitôt un soulèvement, et ses amis seraient persécutés, à commencer par moi.
Dis-moi plutôt comment s’est comporté Alexandre jusqu’à présent ?
    — D’une façon très juste, à ce
que j’en sais : il a été clément avec les ennemis vaincus et s’est
contenté de restaurer la démocratie dans les villes, sans exiger aucune
modification de leurs règlements internes. »
    Aristote hocha la tête et se lissa
la barbe en signe d’approbation : l’élève semblait mettre à profit les
leçons du maître. Il se leva. « Aimerais-tu visiter l’académie ?
    — Avec grand plaisir »,
répondit Lysippe.
    Ils gagnèrent le portique intérieur
et se promenèrent autour de la cour centrale, à l’ombre d’une élégante
colonnade de marbre pentélique à chapiteaux ioniques. Au centre se trouvait un
puits bordé de briques, au niveau du sol. Le va-et-vient de la corde y avait
creusé un profond sillon. Un domestique y plongeait un seau.
    « Nous avons quatre esclaves,
deux pour le ménage et deux autres pour le service de la table. Il nous arrive
fréquemment de recevoir des invités appartenant à d’autres écoles, et certains
de nos disciples séjournent ici. »
    Il franchit une porte en forme
d’arc. « Voici le département des sciences politiques, où nous avons
rassemblé les constitutions de plus de cent soixante-dix villes de Grèce,
d’Asie, d’Afrique et d’Italie. Et là, expliqua-t-il en s’engageant dans un
couloir sur lequel donnaient d’autres portes, le département des sciences
naturelles, qui renferme des collections de minéraux, de plantes et d’insectes.
Enfin, dans cette zone-ci, continua-t-il en accompagnant son invité dans un
vaste salon, se trouve la collection d’animaux rares. Un taxidermiste égyptien,
spécialiste de l’empaillage des chats et des crocodiles sacrés, que j’ai appelé
ici, y travaille sans relâche. »
    Lysippe balaya la pièce d’un regard
fasciné. Mais il était moins intéressé par les animaux empaillés – serpents,
crocodiles, charognards – que par les dessins anatomiques, qui portaient la
patte d’artistes habiles et expérimentés.
    « Naturellement, il faut se
méfier des contrefaçons et des escroqueries, poursuivit Aristote. Des rumeurs
concernant nos activités se sont répandues dans la région, et nous recevons
désormais les offres les plus extravagantes qui soient : des ichneumons,
des basilics, voire des centaures et des sirènes.
    — Des centaures et des
sirènes ? répéta Lysippe d’un air abasourdi.
    — Oui. Et nous sommes également
invités à admirer ces miracles avant de les acquérir.
    — Comment est-ce
possible ?
    — Simple taxidermie. Et ce
n’est pas un hasard si les offres les plus nombreuses proviennent d’Egypte, où
les empailleurs possèdent une expérience millénaire. Il ne leur est pas
difficile de fixer le torse d’un homme sur le corps d’un poulain, de masquer
les coutures à l’aide de poils et de crins, avant d’empailler le tout. Le
résultat de ces chefs-d’œuvre d’habileté n’est pas méprisable, je te l’assure.
    — Je te crois. »
    Aristote s’approcha d’une fenêtre,
d’où l’on pouvait admirer

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