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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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d’Halicarnasse, résistaient
vaillamment malgré la faim et la soif, et il ne se résignait pas à l’idée de ne
pouvoir les libérer. Oh, si le grand Dédale, le père d’Icare, l’artisan capable
de construire des ailes pour l’homme, avait existé ! Lui, Memnon, aurait
volé vers son épouse pour la combler, avant de regagner son poste et ses
devoirs au point du jour.
    Mais les ordres du Grand Roi étaient
clairs : il devait partir pour l’île de Lesbos et y préparer un
débarquement en Eubée. Le premier débarquement perse depuis plus de cent
cinquante ans.
    Il avait récemment reçu une lettre
des Spartiates, qui se déclaraient prêts à s’allier avec le roi Darius et à
prendre la tête d’un soulèvement général des Grecs contre la Macédoine.
    Il retourna à sa table et se mit à
écrire.
    Memnon à Barsine, très douce épouse,
salut !
    Ta lettre a réveillé en moi les
souvenirs les plus beaux et les plus poignants, ceux des moments que nous avons
passés ensemble dans notre demeure de Zéléia juste avant notre séparation. Tu
ne peux imaginer combien tu me manques. L’image de ta beauté ne cesse de
traverser mes rêves. Aucune femme ne me semblera désirable tant que je ne
t’aurai pas à nouveau serrée contre moi.
    Un dernier effort m’attend,
l’affrontement définitif. Je pourrai ensuite me reposer auprès de mes enfants
et dans tes bras, tant que les dieux m’accorderont le souffle vital.
    Embrasse-les pour moi et prends soin
de toi.
    Il ferma la lettre en se disant que
cette matière inerte serait bientôt touchée par les doigts de Barsine, des
doigts aussi légers que des pétales de fleurs et tout aussi parfumés. Il
soupira, puis il appela le courrier et la lui confia.
    « Quand la
recevra-t-elle ? demanda-t-il.
    — Bientôt, dans moins de vingt
jours.
    — Bien. Fais bon voyage et que
les dieux te protègent.
    — Qu’ils te protègent aussi,
commandant Memnon. »
    Il le regarda s’éloigner dans sa
chaloupe, puis il regagna le château de poupe et convoqua le capitaine du
vaisseau.
    « Levons l’ancre, capitaine.
Transmettez le signal lumineux aux autres navires.
    — Maintenant ? Ne
vaudrait-il mieux pas attendre l’aube ? On y verra mieux et…
    — Non. Je veux que nos mouvements
demeurent secrets. L’entreprise qui nous attend est de la plus grande
importance. Transmets également aux commandants des unités de combat l’ordre de
me rejoindre ici, pour le conseil. »
    Le capitaine, un Grec de Patara,
s’inclina et s’empressa d’exécuter les ordres de Memnon. Bientôt, plusieurs
chaloupes s’approchèrent du vaisseau amiral et leurs occupants montèrent à
bord.
    Ils saluèrent l’un après l’autre le
chef suprême de l’armée et s’assirent sur des bancs qu’on avait placés sur les
côtés du château de poupe. Memnon prit place au fond, sur la chaise à haut
dossier du navarque. Il était enroulé dans son manteau bleu et portait son
armure. Son casque corinthien était posé sur un tabouret, et l’on pouvait voir
la rose de Rhodes se détacher sur la visière.
    « Navarques, le destin nous
offre une dernière chance de racheter notre honneur de soldats et de mériter
les émoluments que nous verse le Grand Roi. Tous les ports qui se trouvent dans
notre dos nous sont fermés, il ne nous reste plus que quelques points d’ancrage
en Cilicie ou en Phénicie, à plusieurs jours de navigation. Nous n’avons donc
pas le choix, nous devons continuer notre route et couper à la racine la force
dont notre adversaire s’alimente.
    « J’ai reçu un message secret
des Spartiates : une dépêche enroulée autour d’une skytale. Ils sont prêts
à unir leurs forces aux nôtres si nous débarquons sur le continent. J’ai donc
décidé de faire route vers Lesbos, puis vers Skyros et l’Eubée, où je
m’entretiendrai avec des patriotes athéniens décidés à nous appuyer. J’ai
envoyé un message à Démosthène, et je crois que sa réponse sera positive. C’est
tout pour l’instant. Regagnez vos navires et préparez-vous aux
manœuvres. »
    Le vaisseau amiral quitta le port en
glissant lentement sur les flots, et les autres embarcations le suivirent
aussitôt. La nuit était étoilée et limpide, le nocher de Memnon tenait le
gouvernail d’une main sûre. Le deuxième jour, le temps changea et la mer
grossit sous les rafales du vent de Notos. Certains bateaux furent endommagés
et la flotte dut poursuivre sa route à la force

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