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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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Eumène.
    — Bien sûr. C’est ton meilleur
informateur à l’est de la chaîne du Taurus.
    — Dans ce cas, pourquoi ne le
connais-je pas ?
    — Parce qu’il a toujours
négocié avec ton père et… moi.
    — J’espère que tu ne seras pas
vexé si c’est à moi qu’il aura désormais affaire, observa Alexandre non sans
ironie.
    — Pas le moins du monde, se
hâta de répondre Eumène. J’ai seulement essayé de t’épargner d’ennuyeux
devoirs. D’ailleurs, si tu préfères que je m’éclipse…
    — Ne dis pas de bêtises et
fais-le entrer. »
    Eumolpos n’avait pas beaucoup changé
depuis la dernière fois que le secrétaire l’avait vu à Pella, mais il souffrait
toujours du froid. Comme la mer était impraticable il avait dû traverser à dos
de mulet les montagnes de l’intérieur, couvertes de neige. Péritas se mit à
grogner dès qu’il l’aperçut sous son bonnet de renard.
    « Quel joli petit chien, dit
Eumolpos d’un air inquiet. Il mord ?
    — Non, si tu enlèves le renard
que tu as sur le crâne », répliqua Eumène.
    L’informateur posa son bonnet sur un
tabouret. Aussitôt Péritas s’en empara et entreprit de le mettre en pièces.
Tout le temps que dura l’entrevue des trois hommes, il ne cessa de cracher des
poils.
    « Quelles nouvelles
m’apportes-tu ? », demanda Alexandre.
    Eumolpos multiplia les civilités et
les compliments au jeune roi pour ses formidables exploits, avant d’en venir au
cœur du problème.
    « Sire, ton aventure a semé la
panique à la cour de Suse. Les mages prétendent que tu es l’incarnation
d’Arhiman. C’est leur dieu du mal, expliqua Eumène avec un certain embarras. Un
peu comme notre Hadès, seigneur des Enfers. Vois-tu, ce dieu est toujours
représenté sous l’apparence d’un lion, et comme tu portes un casque en forme de
tête de lion, il est facile d’établir une comparaison.
    — Et à part cela ?
interrogea Alexandre.
    — Le Grand Roi a une grande
confiance en Memnon. Il semble qu’il lui ait envoyé deux mille talents.
    — Une somme énorme.
    — Oui.
    — Sais-tu à quoi elle est
destinée ?
    — À tout, je crois. Enrôlement
de nouveaux contingents, corruption, financement de possibles alliés. Mais j’ai
également entendu dire qu’une autre somme, identique, voyageait par voie de
terre jusqu’au cœur de l’Anatolie.
    — Et celle-là, à quoi
servirait-elle ? »
    Eumolpos secoua la tête. « Je
n’en ai pas la moindre idée. Ton général ne se trouve-t-il pas dans cette
région ? Il pourra peut-être obtenir des renseignements plus
précis… »
    Soudain, une pensée désagréable
traversa l’esprit d’Alexandre : et si le Grand Roi tentait de corrompre
Parménion ? Mais il chassa aussitôt ce soupçon qui lui parut indigne de
lui.
    « Sais-tu si Memnon jouit du
soutien inconditionnel du Grand Roi ?
    — Oui, c’est le cas. Au reste,
nombre de nobles, à la cour, sont terriblement jaloux de cet étranger, de ce
Grec à qui leur souverain a confié le commandement suprême de ses troupes,
ainsi qu’un pouvoir illimité sur tous les gouverneurs perses. Memnon est
l’homme le plus puissant de l’empire après le roi Darius. Quoi qu’il en soit,
si tu veux savoir s’il existe, ou s’il est possible d’alimenter un complot
contre lui…
    — Je ne veux rien savoir de
tel, interrompit Alexandre.
    — Pardonne-moi, répliqua
l’informateur. Je ne voulais pas te blesser. Ah, il y a autre chose !
    — Parle.
    — L’épouse de Memnon, Barsine,
une femme dotée d’une beauté impressionnante, est arrivée à la cour. »
    Alexandre sursauta en entendant ce
nom, et sa réaction presque imperceptible, n’échappa pas à l’œil entraîné d’Eumolpos.
    « Tu la connais ? »
    Le roi s’abstint de répondre. D’un
geste, le secrétaire incita Eumolpos à ne pas s’appesantir. L’informateur
reprit donc le fil de son discours.
    « Je disais donc, une femme
dotée d’une beauté impressionnante. Elle a des jambes de gazelle, des seins de
déesse, des yeux de ténèbres. Je n’ose même pas imaginer la rose de Piérie qui
doit se trouver entre ses cuisses… » De nouveau Eumène lui fit signe de
poursuivre. « Elle s’est présentée avec ses enfants, deux beaux adolescents.
L’un porte un prénom grec et ressemble à sa mère. L’autre, affublé d’un prénom
perse, est le portrait de son père. N’est-ce pas extraordinaire ? On
murmure à la cour que le

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