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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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de
notre expédition.
    — Ce n’est pas exclu, répliqua
Eumène. Pour l’heure, je me contente d’enregistrer les faits avec le peu de
temps dont je dispose. Pour l’histoire, il y a Callisthène.
    — C’est vrai.
    — Sais-tu que Ptolémée écrit
également un récit de cette expédition. Te l’a-t-il fait lire ?
    — Pas encore, mais je serais
curieux d’y jeter un coup d’œil.
    — Néarque, ton amiral, poursuit
lui aussi l’œuvre qu’il a commencé de rédiger.
    — Tout le monde semble consigner
cette aventure par écrit. Je me demande à qui l’on accordera le plus de crédit.
Quoi qu’il en soit, je continue d’envier Achille, qui eut un Homère pour
chanter ses exploits.
    — Autres temps, mon ami. En
revanche, Néarque a fait un excellent travail : il a établi des relations
avec les diverses communautés qui peuplent ces territoires. Il a de nombreuses
connaissances ici et il est très estimé. Il m’a récemment exposé son point de
vue de marin.
    — À savoir ?
    — Il est convaincu que tu ne
peux te passer de flotte et que tu devrais en mettre une autre sur pied. Il est
trop dangereux de laisser à Memnon une domination de la mer aussi criante.
    — Et toi, qu’en
penses-tu ? C’est une question d’argent, si je ne m’abuse.
    — L’argent que nous avons pris
à Sardes et à Halicarnasse devrait nous suffire.
    — Alors, prends les mesures
nécessaires. Entends-toi avec Néarque, négocie avec les Athéniens, réactive les
chantiers des villes maritimes que nous avons conquises. À présent, nous
pouvons nous permettre de prendre quelques risques.
    — Je m’entretiendrai avec
Néarque sur son navire et nous ferons quelques calculs ensemble. Je n’ai pas la
moindre idée de ce que peut coûter un bateau de guerre, ni du nombre de
bâtiments qu’il nous faudra pour indisposer ce maudit Memnon. Je devrai
également connaître tes intentions pour l’hiver prochain. »
    Alexandre se pencha à la fenêtre de
la demeure où il logeait, contempla les cimes des montagnes, déjà couvertes de
neige.
    « Nous poursuivrons notre
marche tant que nous n’aurons pas trouvé la route qui mène à l’intérieur :
il faut que je rencontre Parménion le plus rapidement possible et que nous
réunissions nos forces. Je suis inquiet, Eumène. Si l’un de nos corps d’armée
était anéanti, l’autre n’aurait aucune chance de survie. »
    Le secrétaire hocha la tête, ramassa
ses papiers et quitta la pièce.
    Après son départ, Alexandre s’assit
à sa table de travail. Il prit une feuille de papyrus, plongea sa plume dans
l’encre et commença à écrire :
    Alexandre à Cléopâtre, douce sœur,
salut !
    Ma bien-aimée, ne sois pas triste du
départ de ton époux. Certains hommes naissent avec un destin précis, et
Alexandre fait partie de ceux-là. Nous avons établi un pacte. C’est pour le
respecter qu’il quitte sa terre, sa maison et son épouse. Je ne crois pas que
tu aurais préféré être la femme d’un homme de rien, d’un homme sans espoir ni
aspirations. La vie aurait été plus odieuse pour toi. Comme moi, tu descends
d’Olympias et de Philippe, et je sais que tu peux comprendre une telle
décision. Ta joie sera encore plus grande au terme de votre séparation. Je suis
sûr qu’Alexandre te dira bientôt de le rejoindre pour que tu puisses voir le
soleil se coucher sur les eaux divines et mystérieuses de l’extrême Océan,
qu’aucun navire n’a jamais sillonnées.
    Aristote dit que les Grecs et leurs
villes occupent ces rivages comme les grenouilles la rive d’un étang ; et
il a raison. Mais nous, nous sommes nés pour connaître d’autres terres et
d’autres mers, pour traverser des frontières que personne n’a jamais osé franchir.
Et nous ne nous arrêterons pas avant d’avoir vu les limites que les dieux ont
posées au genre humain.
    Cependant, tout cela n’amenuise pas
la douleur que provoque ton absence en moi. Je donnerais n’importe quoi, en cet
instant, pour m’asseoir à tes pieds et poser ma tête sur tes genoux en écoutant
ton doux chant.
    Tiens notre promesse :
souviens-toi de moi chaque fois que tu vois le soleil se coucher derrière les
montagnes, chaque fois que le vent t’apporte des voix lointaines ! »
     

35
    Une dizaine de jours après qu’Alexandre eut pris ses quartiers en
ville, on lui annonça la visite d’un certain Eumolpos de Soles.
    « Sais-tu de qui il
s’agit ? demanda-t-il à

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