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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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se raidir. Un bruit menaçant
réveilla les sens assoupis du guerrier qu’il était. D’un coup de reins, il se
retourna brusquement pour affronter le danger imminent. C’est alors qu’un
corps, lancé à toute vitesse, le heurta. Le souverain vit une main brandir un
poignard, il entendit un cri strident et sauvage résonner entre les murs de la
chambre conjugale, accompagné par celui de Barsine, que les pleurs et la
douleur brisaient désormais.
    Alexandre maîtrisa facilement son
agresseur et le cloua au sol en lui tordant le poignet pour l’obliger à lâcher
son arme. Il l’aurait aussitôt massacré avec le lourd chandelier qu’il avait
rapidement saisi s’il ne l’avait pas reconnu : c’était Étéocle, le fils
aîné de Memnon et de Barsine ! Ce garçon de quinze ans se débattait comme
un lion pris au piège, il criait toutes sortes d’insultes, mordait et griffait,
puisqu’il lui était désormais impossible de brandir son poignard.
    Attirés par ce vacarme, les gardes
pénétrèrent dans la chambre et immobilisèrent l’intrus. Comprenant ce qui
s’était passé, l’officier qui était à leur tête s’exclama :
« Attentat contre la vie du roi ! Conduisez-le au sous-sol afin qu’il
soit torturé puis exécuté. » Mais Barsine se jeta aux pieds d’Alexandre en
pleurant : « Sauve-le, mon seigneur, sauve la vie de mon fils, je
t’en conjure ! »
    Étéocle lui lança un regard
méprisant avant de dire à Alexandre : « Il vaut mieux pour toi que tu
me tues car je retenterai mille fois le geste que je viens d’accomplir tant que
je n’aurai pas réussi à venger la vie et l’honneur de mon père. » Il
tremblait encore d’excitation, et la haine lui incendiait le cœur. D’un signe,
le roi intima aux gardes l’ordre de se retirer.
    « Mais sire…, protesta
l’officier.
    — Sortez ! s’écria
Alexandre. Ce n’est qu’un enfant, ne le voyez-vous pas ? » Et l’homme
obéit. Puis le roi se tourna à nouveau vers Etéocle : « L’honneur de
ton père est sauf, et sa vie lui a été ôtée par une maladie mortelle.
    — Ce n’est pas vrai !
s’écria le garçon. Tu l’as fait empoisonner et maintenant… maintenant, tu
prends sa femme. Tu n’as pas d’honneur ! »
    Alexandre s’approcha de lui et
répéta d’une voix ferme : « J’admirais ton père, il était à mes yeux
le seul adversaire digne de moi, et je n’avais qu’un seul rêve : pouvoir
l’affronter en duel. Je ne l’aurais jamais fait empoisonner, car je me bats
contre mes ennemis à visage découvert, l’épée et la lance au poing. Quant à ta
mère, c’est moi qui suis sa victime, moi qui ai perdu le sommeil et la sérénité
pour elle. L’amour a la force d’un dieu, une force inéluctable. L’homme ne peut
lui échapper ni l’éviter, de même qu’il ne peut échapper au soleil et à la
pluie, à la naissance et à la mort. »
    Barsine sanglotait dans un coin de
la pièce, le visage caché dans ses mains.
    « N’as-tu rien à dire à ta
mère ? demanda le roi.
    — Depuis l’instant où tes
doigts l’ont touchée, elle a cessé d’être ma mère, elle n’est plus rien.
Tuez-moi, c’est dans votre intérêt. Sinon, c’est moi qui vous tuerai : je
consacrerai votre sang à l’ombre de mon père, afin qu’il trouve la paix dans
Hadès. »
    Alexandre se tourna vers
Barsine : « Que dois-je faire ? », dit-il.
    Barsine s’essuya les yeux et se
maîtrisa. « Accorde-lui la liberté, je t’en prie. Donne-lui un cheval, des
provisions et laisse-le partir. Le feras-tu pour moi ?
    — Je t’avertis, répéta
l’adolescent. Si tu me rends la liberté, je courrai chez le Grand Roi, je lui
demanderai une armure et une épée pour pouvoir me battre dans son armée.
    — S’il doit en être ainsi,
qu’il en soit ainsi », répliqua Alexandre.
    Puis il appela les gardes et leur
ordonna de laisser repartir le jeune homme après lui avoir procuré un cheval et
des provisions.
    Étéocle se dirigea en silence vers
la porte en essayant de dissimuler les sentiments violents qui agitaient son
cœur, mais sa mère le retint : « Attends. » Le jeune homme
s’interrompit un instant puis franchit le seuil qui donnait sur le couloir.
    Barsine répéta :
« Attends, je t’en prie. » Elle ouvrit un coffre, en tira une arme
brillante, glissée dans un fourreau, et la lui remit. « C’est l’épée de
ton père », dit-elle.
    L’adolescent la prit et la

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