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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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se
dissolvent dans la nature sans contaminer la terre ni le feu. Alexandre
songeait alors à Barsine, qui reposait dans un sanctuaire de pierre au milieu
du désert inhospitalier de Gaugamèle, il songeait au jeune Phraatès qui avait
regagné la Pamphylie avec son grand-père, seul survivant de sa famille. Quelles
pensées traversaient à présent l’esprit de l’adolescent ? Des rêves ?
Un désir de vengeance ? Ou simplement la mélancolie d’un orphelin ?
    Dix jours de marche le long de
vallées étroites furent nécessaires pour parvenir en vue d’Ectabane. Cette
ville splendide était ceinte d’une couronne de montagnes enneigées et d’une
vallée verdoyante. Le bord supérieur de la muraille et des crénelures, orné de
céramiques bleues et de feuilles d’or, brillait comme un joyau sur le front
d’une reine. Les créneaux et les flèches des palais et des sanctuaires étaient
vêtus d’or pur. Alexandre se souvint alors de la description qu’en avait faite,
quelques années plus tôt, l’invité perse de Philippe à la cour de Pella.
L’enfant qu’il était alors regardait les yeux sombres et profonds de son
interlocuteur, sa barbe noire et frisée, son épée d’or massif, comme s’ils
appartenaient à un être irréel, au messager d’un royaume fabuleux. Et voilà que
cette ville légendaire s’étalait maintenant sous ses yeux.
    Non loin d’Alexandre se trouvait
Oxathrès, le fils du satrape de Babylonie, Mazéos, cousin du roi du côté de sa
mère. Ce jeune homme ambitieux brûlait du désir de se distinguer aux yeux de
son nouveau seigneur. Il éperonna son cheval et s’approcha de la muraille,
devant laquelle il échangea quelques mots rapides avec les sentinelles. Puis il
retourna auprès d’Alexandre et lui dit dans un grec approximatif mais désormais
assez compréhensible : « Le Grand Roi Darius parti. Il ne se bat pas.
Il fuit avec trésor et armée.
    — De quel côté ?
    — Par là, répondit le jeune
homme en tendant le bras vers le nord. Satrape se rend. »
    D’un signe, Alexandre laissa
entendre qu’il avait compris ; puis il ordonna à ses hommes de le suivre
dans la ville, dont les portes étaient en train de s’ouvrir. Ceux-ci marchèrent
en ordre parfait, car Parménion avait restauré parmi eux une discipline
rigoureuse, et la moindre infraction était lourdement punie.
    Le général arriva deux jours plus
tard, à la tombée du soir avec ses troupes et le convoi. Mais cinq jours et
cinq nuits furent nécessaires pour faire entrer, délester et faire ressortir
les vingt mille bêtes de somme qui avaient transporté les cent vingt mille
talents du trésor royal, à raison de six talents chacune, un poids limite qui
avait contribué à ralentir considérablement leur allure.
    Une fois l’opération terminée et les
troupes installées dans le campement hors des murs, Alexandre invita le vieux
général à dîner. On servit un repas très léger, pour ne pas dire frugal, et de
l’eau. « Il se repent sans doute de ses excès à Persépolis », pensa
Parménion en mordant dans un morceau de pain perse cuit sous la cendre.
    « Que peux-tu me dire au sujet
de mon cousin, le prince Amyntas ? commença Alexandre. Je me demande si je
peux encore me fier à lui, ou s’il est préférable de ne pas relâcher la
surveillance. Qu’en penses-tu ?
    — Les archives royales
n’ont-elles rien révélé ?
    — Il faudra des mois, sinon des
années, pour les dépouiller. Autant que je sache, Eumène n’a encore rien trouvé
à propos de l’assassinat de mon père ou d’une éventuelle complicité entre
Amyntas et Darius. Quoi qu’il en soit, je pense qu’il convient d’être prudent
et de le surveiller encore un peu. »
    Alexandre but une gorgée d’eau, puis
il reprit, sur un autre sujet : « Je regrette qu’il y ait eu entre
nous matière à dissensions…
    — J’ai l’habitude de dire ce
que je pense, sire, comme je le faisais avec ton père.
    — Je le sais. Mais maintenant,
écoute-moi bien. » Tandis qu’il parlait, le cuisinier servait des légumes
et des tasses de lait caillé au goût amer. « Je poursuivrai Darius jusqu’à
ce que je le trouve, et je l’obligerai à me livrer sa dernière bataille, après
quoi cet empire nous appartiendra totalement.
    « Pour ce faire, j’ai besoin
que quelqu’un me couvre depuis Ectabane, me garantisse tout contact avec la
Macédoine, veille au ravitaillement, à l’envoi de renforts et

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