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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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groupe de mages et par un prêtre qui célébrait chaque jour des cérémonies en
honneur du grand souverain. Ces hommes s’inquiétèrent à l’approche d’Alexandre,
car ils savaient ce qui s’était passé à Persépolis. Mais le roi les
rassura : « Ce qui est fait est fait, dit-il, et cela ne se
reproduira plus. Faites-moi visiter ce monument, je vous prie. Je veux rendre
hommage à la mémoire de Cyrus. »
    Le prêtre ouvrit la porte du
sacellum et s’effaça devant le jeune roi. Tandis que celui-ci contemplait en
silence l’intérieur du monument, un rayon de soleil se posa sur le sarcophage
grossier, éclairant une courte inscription :
    JE SUIS CYRUS, ROI DES PERSES
    NE CAUSE PAS DE DOMMAGES À MA
TOMBE
    Au fond, la panoplie du grand
conquérant était accrochée à son support. Il y avait là une cuirasse en
écailles de fer, un casque conique, un bouclier rond et une épée de fer à
poignée d’ivoire, seul ornement de la panoplie.
    Un profond silence régnait sur le
haut plateau, et l’on n’entendait que le sifflement léger du vent, qui
caressait l’imposante tombe. Alexandre réalisa alors combien le destin des
hommes était changeant. Les empires croissaient et s’écroulaient devant
d’autres, qui grandiraient à leur tour avant de se dissoudre dans le néant.
L’immortalité n’était-elle donc qu’un rêve ? Soudain, il perçut la
présence de sa mère. Cette présence était si intense qu’il aurait pu la toucher
s’il avait seulement tendu la main vers la paroi sombre du sanctuaire. Et il crut
entendre sa voix qui disait : « Tu ne mourras pas, Alexandre… »
Il se retourna, sortit sur la plate-forme située au sommet des marches, où il
aspira l’air sec et parfumé du haut plateau et se sentit inondé par cette
lumière si limpide. Quand il baissa les yeux, il vit Aristandre, qui paraissait
l’attendre.
    « Toi ici, devin, et
pourquoi ? lui demanda-t-il.
    — J’ai entendu une voix.
    — Moi aussi. Celle de ma mère.
    — Attention, Alexandre,
n’oublie pas l’histoire d’Achille », avertit Aristandre avant de s’éloigner
dans le vent qui faisait claquer son manteau comme un drapeau.
    Le lendemain, ils traversèrent le
territoire d’une tribu vassale du Grand Roi et la soumirent. Mais tandis qu’ils
montaient vers le haut plateau de la Médie, un peu plus loin Alexandre reçut
une dépêche d’Eumolpos de Soles.
    Le roi Darius se trouve à Ectabane,
où il essaie de rassembler une armée de Scythes et de Cadusiens en puisant dans
le trésor du palais royal que le harem a envoyé en Orient à travers les Portes
caspiennes. Il est urgent que tu gagnes cette ville au plus vite, si tu veux
éviter une dure bataille à l’issue incertaine : les Scythes et les
Cadusiens sont des cavaliers terribles et infatigables. Ils n’attaquent pas de
front, mais ils effectuent des incursions et des diversions, désorientant
l’ennemi et l’épuisant par des attaques et des retraites incessantes. N’oublie
pas que Cyrus et Darius le Grand furent jadis battus par les Scythes.
    Alexandre décida donc de partir
aussitôt avec la cavalerie et l’infanterie, confiant le convoi, le
ravitaillement et le trésor à Parménion, auquel il ne laissa que trois
bataillons de pézétairoï et un bataillon d’infanterie légère de Thraces et de
Triballes. Il ne restait plus qu’une capitale à conquérir : la plus
éloignée.
    Ils commencèrent à gravir les
montagnes à coups de marches forcées, remontant volontiers les vallées des
fleuves, qui facilitaient leur marche. Les couleurs agressives des contreforts
montagneux, aussi noirs que du basalte, et des cimes enneigées, qui brillaient
comme des saphirs sous le soleil, rendaient ce paysage de plus en plus
impressionnant.
    À leur pied s’étendait le désert,
d’un fauve doré, sur lequel se détachaient des oasis, pareilles à des îles
verdoyantes, où vivaient les paysans et les bergers. D’autres villages se
dressaient sur le flanc des vallées, non loin des sources ou des ruisseaux
d’eau pure. Leurs habitants quittaient leurs maisons ou leurs cabanes au
passage de l’armée, pour contempler ces étrangers qui chevauchaient leurs
montures jambes nues et portaient d’étranges couvre-chefs à larges bords.
    Ici et là, des tours de pierres,
précédées de marches, s’élevaient sur des hauteurs isolées. C’étaient les tours
du silence où les gens de ce pays exposaient leurs morts afin qu’ils

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