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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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folie.
    Les flammes s’élevèrent en
crépitant, et la salle fut envahie par les reflets vermeils de l’incendie.
Comme possédés par un démon, les invités se répandirent en hurlant dans les
salles immenses, dans les cours et sous les portiques, incendiant tout sur leur
passage.
    Rapidement, le merveilleux palais
fut enveloppé dans un tourbillon de flammes. Les colonnes de cèdre du Liban
flambèrent comme des torches, le feu lécha les plafonds, se propagea aux
poutres et aux caissons, qui gémirent et éclatèrent sous la violence du bûcher.
    La chaleur devenant insupportable,
la horde de possédés se précipita vers la grande cour d’entrée, où elle
continua de danser, de chanter et de s’accoupler. Bouleversé, Eumène sortit par
une porte latérale. Tandis qu’il s’éloignait vers l’escalier extérieur, il vit
Thaïs, complètement nue, étendue à l’entrée sur un tapis, satisfaisant à la
fois les désirs d’Alexandre et ceux d’Héphestion, gémissant et se tordant dans
l’extase du plaisir. Les habitants qui vivaient encore parmi les ruines de
Persépolis quittèrent leurs taudis pour voir ce spectacle horrifiant :
dévoré par les flammes, le sublime palais des Grands Rois explosait et s’écroulait
dans un enfer d’étincelles, dans un tourbillon de fumée noire qui obscurcissait
la lune et les étoiles. Ils contemplèrent ce terrible spectacle en pleurant.
    Le lendemain, le plus beau palais du
monde n’était plus qu’un tas de cendres fumantes, qui atteignait çà et là
quatre ou cinq coudées d’épaisseur. Seuls se dressaient encore les colonnes de
pierre avec leurs chapiteaux en forme de taureaux ailés, les portails,
l’estrade, les soubassements ainsi que les escaliers, où la procession du jour
de l’an et les Immortels de garde impériale restaient figés dans la pierre pour
les millénaires à venir comme les témoins muets de ce désastre.
    Au matin, Alexandre avait regagné le
camp et s’était couché, épuisé, pour tomber dans un sommeil profond et agité.
    Peu après l’aube, Parménion se
présenta devant le pavillon royal. En vain, les pézétairoï tentèrent de lui en
interdire l’accès en croisant leurs lances devant l’entrée : le vieux
général rugit comme un lion. « Poussez-vous de là, par Zeus ! hurla-t-il.
Écartez-vous, je dois voir le roi ! »
    Leptine survint, les mains levées,
pour essayer elle aussi de l’arrêter, mais il la repoussa d’un geste brusque et
foudroya du regard Péritas, qui s’était mis à grogner. « Et toi,
couché ! » cria-t-il.
    Alexandre se redressa d’un bond. Sa
tête semblait exploser et il s’exclama en y portant les mains : « Qui
ose…
    — Moi ! », répondit
Parménion tout aussi fort.
    La colère d’Alexandre parut
s’éteindre. On aurait dit que Philippe en personne avait pénétré sous la tente.
Il plongea la tête dans une cuvette d’eau froide. Puis, encore nu, il
s’approcha de son invité inattendu. « Que se passe-t-il, général ?
    — Pourquoi as-tu fait ça ?
Pourquoi as-tu détruit cette merveille ? Est-ce donc là l’enseignement
d’Aristote ? Est-ce donc ça, la modération, le respect de la beauté et de
la noblesse dont tu te vantais tant ? Tu t’es dressé devant le monde
entier comme un sauvage, grossier, primitif, comme un homme arrogant et
prétentieux qui croit pouvoir se comporter à l’instar d’un dieu ! J’ai
consacré ma vie à ta famille, j’ai sacrifié un fils dans cette entreprise, j’ai
conduit tes armées dans toutes les batailles. J’ai droit à une réponse !
    — Quiconque se serait permis de
faire et de dire ce que tu as fait et dit serait mort à l’heure qu’il est, général.
Mais je vais te répondre et t’expliquer mes actes. J’ai autorisé le pillage de
Persépolis afin que les Grecs sachent que je suis leur vengeur, l’homme en qui
ils peuvent se reconnaître, le seul à avoir mis fin à un duel séculaire. Et
j’ai voulu que le palais de Darius et de Xerxès soit brûlé par une jeune
Athénienne. D’autre part, la ville étant détruite, à quoi bon garder le
palais ? Je l’ai laissé debout le temps nécessaire pour qu’on transporte
le trésor et les archives à Ectabane et à Suse.
    — Mais…
    — Nous allons repartir,
Parménion, et poursuivre Darius dans les provinces les plus lointaines de son
empire. Si j’avais laissé ce palais intact avec son trésor, il aurait constitué
une tentation trop

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