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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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jusqu’à la ceinture. En signe de mépris,
ses assassins lui avaient attaché les mains avec une chaîne en or.
    « Lâches ! », pesta
Alexandre indigné.
    « Vite, sortons-le de là !
s’exclama Ptolémée. Il est peut-être encore vivant. Appelez Philippe,
dépêchez-vous ! »
    Deux soldats soulevèrent
délicatement le corps du Grand Roi et le déposèrent sur une couverture, par
terre. Philippe survint rapidement et s’agenouilla auprès de Darius. Il colla
l’oreille à sa poitrine.
    « Il est mort ? »,
demanda Léonnatos.
    D’un geste de la main, le médecin
lui fit signe de se taire, puis il poursuivit son examen. « C’est
incroyable…, dit-il, il respire encore. »
    Tout le monde se dévisagea.
Alexandre tomba lui aussi à genoux à côté de Philippe, à qui il dit :
« Peux-tu faire quelque chose pour lui ? »
    Le médecin secoua la tête, puis
entreprit de détacher la chaîne qui liait les poignets du souverain. « Le
laisser mourir en homme libre, c’est tout. C’est une question d’instants,
désormais.
    — Regardez ! s’écria
Cratère. Il bouge les lèvres… »
    Oxathrès s’agenouilla à côté du roi
et approcha l’oreille de sa bouche. Puis il se leva, les yeux luisants de
larmes.
    « Il est mort, dit-il d’une
voix tremblante. Le Grand Roi Darius III est mort. »
    Alexandre se releva et lui
demanda : « A-t-il dit quelque chose ? Es-tu parvenu à entendre
ses paroles ?
    — Il a dit… vengeance !
Répondit-il.
    Alexandre observa son ennemi, il
scruta le regard vitreux qui, durant la bataille d’Issos, s’était un instant
fixé sur lui, plein d’effroi. Il éprouva une grande pitié pour cet homme qui,
quelques mois plus tôt, occupait encore le trône le plus important de la terre,
vénéré comme un dieu par des millions de sujets, et qui gisait maintenant sur
une route poussiéreuse, trahi et tué par ses propres amis. Les vers de la Chute
d’Ilion qui décrivaient le corps inerte de Priam, tué par Néoptolème, lui
vinrent à l’esprit :
    Ci-gît le roi de l’Asie celui qui
fut puissant seigneur d’armées comme un arbre abattu par la foudre, un tronc
abandonné, un corps sans nom.
    Il murmura : « C’est moi
qui te vengerai. Je te le jure. » Et il lui ferma les paupières.
     

29
    Alexandre à Sisygambis, Grande Mère Royale, salut !
    Ton fils Darius est mort. Non de ma
main, ni de celle de mes hommes. Il a été tué par ses propres amis, qui l’ont
abandonné au bord de la route menant à Hécatompyles.
    Quand je l’ai trouvé, il respirait
encore, mais nous n’avons rien pu faire pour l’aider, sinon lui jurer de venger
sa mort ignominieuse. Sa dernière pensée a sans doute été pour toi, comme l’est
à présent la mienne. Cette mort me blesse autant que lui, car elle nous a
privés tous deux d’un affrontement loyal, d’un face-à-face d’où se seraient
détachés un vainqueur et un vaincu, et qui aurait en tous les cas rendu hommage
au courage du malheureux perdant.
    Je t’envoie son corps afin que tu
puisses le serrer contre ta poitrine une dernière fois, et le pleurer en
l’accompagnant à sa dernière demeure. Il a été préparé pour qu’il puisse
affronter sans dommages le long voyage qui mène aux rochers de Persépolis, où
l’attend la tombe qu’il a fait creuser près de celles des autres rois.
    Organise les funérailles les plus
solennelles qui soient. Quant à moi, je ne m’arrêterai pas tant que je n’aurai
pas débusqué ses assassins et vengé sa mort. Il n’y a pas de douleur plus
grande pour une mère que de perdre son fils, mais, je t’en prie, ne nourris pas
de haine à mon égard. Les dieux t’autorisent à le pleurer et à l’enterrer selon
ses coutumes ancestrales. Ma mère, qui m’attend depuis plusieurs années, n’aura
peut-être pas ce droit.
    Sisygambis referma la lettre et
pleura longuement dans l’intimité de sa chambre, puis elle appela les eunuques
et leur ordonna de préparer une charrette et des chevaux, ses vêtements de
deuil et des offrandes funéraires. Elle se mit en route le lendemain et
traversa le pays des Uxiens, en faveur de qui elle avait intercédé auprès
d’Alexandre afin qu’ils ne soient pas arrachés à leur patrie.
    En apprenant que la reine mère
allait à Persépolis pour y enterrer son fils, le peuple entier se rassembla le
long du sentier : hommes, femmes, vieillards et enfants accueillirent en
silence la vieille souveraine, accablée de

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