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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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douleur, et l’escortèrent jusqu’aux
confins de leurs terres, jusqu’au haut plateau d’où l’on apercevait désormais
les ruines de la capitale incendiée, les colonnes du palais du solstice, tels
les troncs pétrifiés d’une forêt dévorée par le feu.
    Sisygambis s’arrêta aux portes de la
ville détruite et donna l’ordre qu’on lui monte sa tente. Elle commença un
jeûne et l’observa jusqu’à ce qu’elle vît apparaître, au bout de la route
venant d’Ectabane, le char tiré par quatre chevaux noirs qui transportait le
corps de son fils.
    Alexandre partit sans tarder à la
poursuite de Bessos et de ses complices. Il arriva le lendemain dans la ville
d’Hécatompyles, où le chef perse rendit les armes sans combattre, et rallia
ensuite Zadrakarta, dans le pays des Hyrcaniens. Devant l’armée s’ouvrait
désormais l’immense étendue de la mer Caspienne.
    Là, le roi se promena, pieds nus,
sur les galets du rivage baignés par les flots, et ses compagnons le suivirent,
remplis d’étonnement et de perplexité face à ces confins liquides, qui
marquaient, au nord, la limite de leur marche.
    « D’après toi, dans quelle
partie du monde nous trouvons-nous ? demanda Léonnatos à Callisthène,
devant la mer.
    — Donne-moi ta lance »,
répondit l’historien.
    Léonnatos la lui tendit et regarda
non sans surprise Callisthène la planter dans le sol. Quand elle fut bien
droite l’historien mesura soigneusement son ombre.
    « Plus ou moins à la hauteur de
Tyr, mais je ne saurais te dire à quelle distance.
    — Et où finit cette
mer ? »
    Callisthène examina la vaste étendue
marine qui rougissait à la lumière du couchant, puis il se tourna vers Néarque,
qui s’approchait à ce moment-là et qui semblait en mesure de répondre à cette
question. Le navarque se baissa, il ramassa un galet sur la rive et le lança de
toutes ses forces. Le galet retomba dans l’eau en créant une multitude de
cercles concentriques qui vinrent mourir sur le sable. « Personne ne le
sait, dit-il, mais si je pouvais construire une flotte, j’aimerais pousser
au-delà de l’horizon, vers le nord. Voir s’il s’agit d’un golfe de l’Océan
septentrional, comme certains l’affirment, ou d’un lac. »
    Tandis qu’ils devisaient, une rumeur
s’échappa du camp, suivie de cris de joie et de chants de fête.
    Alexandre fit volte-face. « Que
se passe-t-il ? demanda-t-il.
    — Je l’ignore, répondit
Léonnatos en récupérant sa lance.
    — Alors, va voir. »
    Léonnatos bondit sur son cheval et
s’élança vers le camp. Au fur et à mesure qu’il s’en rapprochait les cris et
les chants s’amplifiaient. Il comprit bientôt la raison d’une telle
allégresse : les soldats qui avaient appris la mort de Darius pensaient
que la guerre était terminée, et déjà le bruit circulait qu’on rentrait. Ne se
tenant plus de joie, les hommes buvaient et dansaient, chantaient de vieilles
chansons macédoniennes et préparaient leurs bagages pour le retour.
    Léonnatos sauta à terre et arrêta le
premier soldat qu’il trouva : un phalangiste de l’infanterie des
pézétairoï. « Que se passe-t-il donc, par Héraclès ?
    — On rentre chez nous, ne le
sais-tu pas ? La guerre est terminée !
    — Terminée ? Et qui te l’a
dit ?
    — Tout le monde le dit :
Darius est mort, la guerre est finie. Nous rentrons, nous rentrons chez
nous !
    — Pauvre imbécile ! hurla
Léonnatos à son nez. Dis à ce tas d’abrutis de se calmer, et arrêtez de crier.
Seul Alexandre est en mesure de décréter la fin de la guerre ! Tu as
compris ? Alexandre ! Et il n’a rien dit, je peux te
l’assurer. »
    Il l’abandonna au milieu du
campement et de cette fête bien peu opportune, puis retourna en toute hâte
auprès du roi.
    « Alors ? »,
l’interrogea Alexandre.
    Léonnatos mit pied à terre et tenta
d’expliquer la situation.
    « Voilà, comment te dire…
    — Parle par Héraclès !
    — Mystérieusement, le bruit
circule que la guerre est terminée et qu’on rentre chez nous… Comme tu as
licencié les Grecs, ils ont pensé que tu les licencierais aussi, d’autant plus
que Darius est mort. Les hommes font la fête et… »
    Alexandre sauta aussitôt sur son
cheval et se précipita vers le camp. Là, il invita les trompettes à sonner le
rassemblement par deux fois. Le vacarme s’éteignit, se transformant en une
rumeur diffuse, puis les hommes se réunirent autour

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