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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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de l’estrade de
l’assemblée, placée au centre du campement. Alexandre s’y tenait, entouré de
ses compagnons, le visage sombre. Il leva la main pour réclamer le silence, et
commença :
    « Hommes ! Que faites-vous
donc ? Allez, répondez-moi, envoyez-moi vos commandants et dites-moi ce
que vous faites ! »
    Un murmure parcourut à nouveau les
rangs. À l’évidence, l’interruption brutale de leur fête inquiétait les hommes.
Les commandants des diverses unités avancèrent les uns après les autres. Ils se
consultèrent un instant au pied de l’estrade, et l’un d’eux prit la parole.
« Sire, tu as licencié les alliés grecs, et le bruit a couru alors que tu
licencierais aussi les Thessaliens, qui ont commencé à préparer leurs bagages.
En apprenant la mort de Darius, nous avons pensé que la guerre était finie et
que tu allais nous ramener chez nous. Les hommes fêtent cet événement :
ils ont envie de retrouver leurs épouses et leurs enfants, qu’ils n’ont pas vus
depuis quatre ans.
    — C’est vrai, répondit
Alexandre. J’ai l’intention de licencier les Thessaliens, comme j’ai licencié
les Grecs. Ce sont nos alliés de la ligue panhellénique, et leur devoir est
terminé. Nous avions juré de libérer les villes grecques d’Asie et de battre
l’ennemi séculaire des Grecs. C’est ce que nous avons fait. Nous avons conquis
les quatre capitales, le Grand Roi est mort, mais notre entreprise est encore
inachevée. » À ces mots, les hommes poussèrent des soupirs de
déception : « Non, mes amis, mes compagnons de bataille ! Les
satrapes rebelles préparent une contre-attaque à l’est, ils rassemblent des
milliers de guerriers, et attendent que nous leur tournions le dos pour nous
attaquer.
    « Ils fondront sur nous de
toutes parts, ils nous harcèleront nuit et jour, ils empoisonneront les puits
sur notre route, brûleront les récoltes, détruiront les villages où nous
tenterons de nous protéger contre les rigueurs de l’hiver. Après nos glorieuses
victoires, notre voyage de retour se transformera en catastrophe. C’est ce que
vous voulez ? »
    Un silence, où l’on devinait le
découragement et la déception, suivit la question du roi. Ces formidables
guerriers, ces soldats courageux qui avaient affronté le danger au mépris de
leur vie, attirés et comme fascinés par leur chef, étaient à présent envahis
par l’incertitude et le doute. Face à ces terres et à ces mers inconnues, à ce
ciel où les constellations semblaient changer de position, ils se sentaient
trop éloignés de leurs maisons. Une idée se frayait un chemin dans leur esprit :
Alexandre ne souhaitait pas rentrer, il voulait avancer, avancer sans cesse. Et
la perspective du retour paraissait s’éloigner irrémédiablement.
    Le roi reprit la parole :
« Nous devons poursuivre notre route ! Il nous faut les débusquer,
les battre et instaurer notre autorité sur l’ancien empire des Perses. Si nous
ne le faisons pas, les efforts que nous avons accomplis jusqu’à présent auront
été inutiles, tout ce que nous avons construit s’écroulera, et personne ne
pourra jurer que nous rentrerons chez nous. Hommes ! Ai-je jamais trahi
votre confiance ? Vous ai-je jamais trompés ? Ne vous ai-je pas
généreusement récompensés de vos efforts ? Et ne croyez-vous pas que j’en
ferai encore plus quand nous aurons mené à bien notre entreprise ? Je le
sais, vous êtes fatigués, mais je sais aussi que vous êtes les meilleurs
soldats du monde, que votre courage et votre audace demeurent inégalables. Vous
méritez repos et récompenses, comment pourrais-je l’ignorer ? Je ne vous
retiens donc pas : ceux qui le voudront pourront partir avec les honneurs
en emportant ma gratitude. Mais même si vous m’abandonniez tous pour regagner
la Macédoine, je poursuivrais mon œuvre avec mes compagnons, jusqu’à ce qu’elle
soit accomplie, et je le ferais seul s’il le faut. » Il se tut en croisant
les bras sur sa poitrine. Un nouveau silence s’installa dans le camp.
    Comme s’ils obéissaient à un ordre,
ses compagnons, ceux mêmes qui l’avaient un jour rejoint dans son exil sur les
sommets enneigés de l’Illyrie, firent un pas en avant et se placèrent à ses
côtés, la main à l’épée. Philotas et Cleitos le Noir les imitèrent.
    On vit alors, au milieu du
campement, l’un des hommes de la Pointe laisser tomber le sac qu’il avait déjà
à l’épaule, dégainer

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