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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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Elle a entendu dire
que tu étais l’homme le plus fort et le plus puissant du monde, elle pense que
tu es le seul digne d’elle. Elle t’attend sous cette tente et t’invite à passer
la nuit auprès d’elle. Elle espère… que tu la rejoindras et que vous concevrez
un fils ou une fille, à qui elle remettra un jour son sceptre. »
    Elle se cacha le visage derrière les
mains et s’enfuit en pleurant.
     

47
    Alexandre observait la tente solitaire qu’il distinguait à grand-peine
dans l’obscurité, au milieu de la prairie, tandis que les pleurs dociles de
Leptine parvenaient à ses oreilles. Il était ému par le double prodige que ces
terres lui avaient réservé : l’apparition d’un groupe d’Amazones en un
lieu si éloigné du fleuve Thermodon qui, selon la légende, coulait aux confins
de leur territoire, et les retrouvailles de Leptine avec son peuple, dont la
langue avait brusquement jailli de son esprit. Il songeait aux innombrables
découvertes qu’il lui restait à faire, aux mystères qui se dévoileraient devant
lui, aux terres à explorer et à la brièveté de l’existence humaine.
    Il aurait aimé aider Leptine, qui
luttait contre le tumulte et les sentiments de ses deux vies, si différentes,
soudain entrées en collision. Mais il était surtout animé par la curiosité à
l’égard de cette femme mystérieuse qui l’attendait au milieu de la steppe, dans
la pénombre de la nuit. Il enfourcha son cheval et se dirigea vers la tente
solitaire, armé de sa seule épée. Le voyant, Héphestion fit signe à quelques
hommes de la Pointe de le suivre. « Placez-vous discrètement autour de la
tente, ordonna-t-il, et au moindre signal suspect, précipitez-vous au secours
du roi. Emmenez Péritas : en cas de danger, il n’y a pas plus rapide que
lui. »
    Les hommes s’éloignèrent aussitôt
dans l’obscurité et se déployèrent autour de la tente. Le soldat qui avait pris
Péritas en laisse s’accroupit dans l’herbe près du molosse. La nuit s’écoula
sans embûche, et le sommeil de Péritas ne fut troublé que par le passage de
plusieurs animaux sauvages dans la steppe silencieuse. Il dressait alors les
oreilles et pointait le nez dans leur direction.
    Personne ne sut ce qui se produisit
cette nuit-là, si un fils d’Alexandre fut conçu dans le sein de cette reine
pour grandir comme un cheval sauvage, courir dans ces étendues solitaires,
pauvre et libre, sous l’œil du soleil et sur les ailes du vent.
    Le roi revint avant que le jour se
lève, les yeux brillant d’une lumière intense et fébrile, comme s’il descendait
de l’Olympe.
    L’armée se remit en marche vers
l’ouest et atteignit un fleuve qu’Alexandre voulut descendre car il était
curieux de savoir s’il se jetait dans l’Océan septentrional. Mais au bout de
trois jours de marche, la steppe se transforma en désert et le fleuve se tarit
dans ses sables enflammés. Alors la troupe continua son chemin vers l’ouest,
parcourant quatre étapes de cinq parasanges avant de trouver un nouveau cours
d’eau, qu’elle descendit également. Cette fois encore, il fut englouti par les
crevasses causées par la terre assoiffée.
    Ptolémée rejoignit le roi, qui
scrutait d’un air inquiet l’horizon, brouillé par les reflets de la chaleur. Il
posa une main sur son épaule et lui dit : « Rebroussons chemin,
Alexandre, il n’y a plus rien là-bas, à l’exception des cauchemars causés par
le climat. Si la terre avale les fleuves avant même qu’ils ne puissent se jeter
dans la mer, c’est sans doute en vertu d’une terrible raison qui nous échappe.
Une mère pourrait-elle dévorer son fils après l’avoir mis au
monde ? »
    Callisthène observait, lui aussi, ce
phénomène déconcertant. Ses connaissances en matière de physique et de
philosophie lui suggéraient des réponses que la peur effaçait aussitôt en
jaillissant du plus profond de son esprit.
    « C’est justement à ces
questions que j’aimerais trouver des réponses, Ptolémée, répliqua le roi sans
se retourner. Si mes forces me le permettaient, je voudrais suivre les formes
illusoires de ces cauchemars, de ces spectres qui peuplent l’horizon. Ulysse
eut la chance d’entendre le chant des sirènes, alors qu’il était attaché au mât
de son navire, mais il ne révéla jamais la teneur de ce chant. Il emporta son
secret dans sa tombe en un lieu lointain et caché, là où le poussèrent les
vaticinations de Tirésias, ce but

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