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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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Aristote, et
j’ai encore tant de choses à accomplir…
    — Si tu restais ici deux
semaines, je suis sûr que je parviendrais à te remettre en forme, à défaut de
te rendre la jeunesse. Un bon régime désintoxiquant, des massages, des bains
thermaux, des exercices pour ta jambe. Et cet œil… Il a été mal soigné. Il faut
que je t’examine dès que tu auras un moment.
    — Ah ! je ne peux me
permettre aucun de ces luxes, et les chirurgiens militaires sont ce qu’ils
sont… En tout cas, je te remercie : le régime hivernal que tu as mis au
point pour mes soldats a donné d’excellents résultats. Je crois même qu’il a
sauvé la vie à bon nombre d’entre eux. »
    Le philosophe inclina légèrement le
chef.
    « J’ai des problèmes, Aristote,
reprit le roi. J’ai besoin de tes conseils.
    — Parle.
    — Je sais que tu me
désapprouves, mais je me prépare à occuper les villes qui sont encore liées à
Athènes dans la zone des Détroits. Périnthe et Byzance seront mises à
l’épreuve : il faut que je sache à quel camp elles appartiennent.
    — Si tu les obliges à choisir
entre Athènes et toi, elles choisiront Athènes, et tu seras contraint d’utiliser
la force.
    — J’ai engagé le meilleur
ingénieur militaire. Il est en train de concevoir des machines monstrueuses,
mesurant quatre-vingt-dix pieds de hauteur. Elles me coûtent une fortune, mais
cela en vaut la peine.
    — Quoi qu’il en soit, ma
désapprobation ne pourra te dissuader d’une telle entreprise.
    — Effectivement.
    — Alors, à quoi te servent mes
conseils ?
    — À évaluer la situation
athénienne. Mes informateurs me disent que Démosthène entend constituer une
ligue panhellénique contre moi.
    — C’est compréhensible. À ses
yeux, tu es l’ennemi le plus dangereux qui soit, et tu représentes une menace
pour l’indépendance et la démocratie des cités grecques.
    — Si j’avais voulu frapper
Athènes, je l’aurais déjà fait. Mais je me suis contenté d’affirmer mon autorité
dans les régions directement placées sous l’influence macédonienne.
    — Tu as rasé Olynthe et…
    — Ils m’avaient fait sortir de
mes gonds ! »
    Aristote leva les sourcils et
soupira :
    « Je comprends.
    — Alors, que puis-je faire pour
cette ligue ? Si Démosthène parvient à la fonder, je serai obligé de
l’affronter avec mon armée en rase campagne.
    — Pour l’instant, je pense
qu’il n’y a pas de danger. Les Grecs sont aux prises avec des discordes, des
rivalités et des jalousies si fortes qu’aucune alliance ne se conclura, selon
moi. Mais si tu poursuis ta politique agressive, tu n’obtiendras qu’un
résultat : resserrer leurs liens. C’est du reste ce qui s’est produit lors
des invasions perses.
    — Mais je ne suis pas un
Perse ! », tonna le souverain.
    Et il abattit violemment son poing
sur le bord de la baignoire, déchaînant une petite tempête.
    Dès que les eaux se furent calmées,
Aristote reprit : « Cela ne change rien. Il est une règle
immuable : lorsqu’une puissance se fait dominante, toutes les autres se
coalisent contre elle. Les Grecs sont très attachés à leur indépendance totale,
ils sont prêts à tout pour la conserver. Démosthène serait capable de traiter
avec les Perses, tu comprends ? Pour eux, la conservation de
l’indépendance compte plus que les liens de sang et de culture.
    — Bien sûr. Ainsi, je devrais
attendre tranquillement la suite des événements ?
    — Non. Mais tu dois savoir que
chaque fois que tu prendras une initiative militaire contre des possessions ou
des alliés athéniens, tu mettras en difficulté les amis que tu possèdes à
l’intérieur des cités, lesquels se verront traités de traîtres et de corrompus.
    — Certains le sont, observa
Philippe sans se démonter. En tout cas, je sais que j’ai raison, et je mènerai
à bien mes projets. Mais il faut que je te demande un service. Ton beau-père
est seigneur d’Assos. Si Démosthène entame une négociation avec les Perses, il
pourrait en être informé.
    — Je lui écrirai, promit le
philosophe. Rappelle-toi, cependant : si tu es déterminé à mener à bien
tes projets de cette façon, tu devras affronter tôt ou tard la coalition de
Démosthène. Ou quelque chose de très semblable. »
    Le souverain garda le silence.
Lorsqu’il se leva, Aristote ne put s’empêcher de remarquer que son corps était
couvert de cicatrices récentes. Les

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