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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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salua d’un
large sourire.
    « Mon roi, mon garçon, tu ne
peux imaginer le plaisir que j’éprouve en te revoyant. Mais… où est ton
chien ? ajouta-t-il en balayant la véranda du regard.
    — Eumolpos de Soles…
Tranquillise-toi, Péritas n’est plus. Il est mort en Inde pour me sauver la
vie.
    — Je suis désolé, répliqua
l’espion. Même si je ne lui étais pas sympathique. Je sais que tu avais
beaucoup d’affection pour lui. »
    Alexandre baissa la tête.
« Bucéphale est mort, lui aussi, ainsi que de nombreux, de nombreux autres
amis. Nous avons vécu une aventure très éprouvante. Mais toi, d’où
viens-tu ? J’étais persuadé que tu étais mort : tu as disparu sans un
mot pour ne plus te montrer.
    — Moi aussi, j’étais persuadé
que tu étais mort. Et je n’étais pas le seul. Quant à ma disparition, elle n’a
rien d’anormal. J’avais compris ce que tu attendais de moi, et je me suis donc
envolé discrètement à la première occasion favorable : un bon informateur
ne doit laisser à personne la possibilité de deviner ses mouvements. Même à son
seigneur.
    — Te connaissant comme je te
connais, dit Alexandre, tu n’es pas seulement venu pour le plaisir de me
revoir. »
    Eumolpos lui tendit un rouleau.
« En effet. En ton absence, mon roi, j’ai gardé grands ouverts mes yeux et
mes oreilles ainsi que tu me l’avais demandé, si je ne m’abuse. Je n’oublie
jamais ceux qui ont été bons envers moi. Tu m’as accordé ta confiance, tu m’as
sauvé la vie quand on voulait me supprimer. Il y a sur ce rouleau des choses
qui ne te réjouiront pas : la liste complète de tous les méfaits, les
rapines, les vols à main armée et les violences qu’ont commis tes satrapes et
tes gouverneurs, aussi bien perses que macédoniens, en ton absence. Tu
trouveras également la liste des témoins que tu pourras interroger si tu
souhaites juger ces gens. Le responsable du trésor royal, pour commencer, ce
boiteux, l’ami d’Eumène…
    — Harpale ?
    — Oui. Il s’est octroyé cinq
mille talents provenant du trésor, a enrôlé six mille mercenaires, à la tête de
qui il marche vers la Cilicie, si mes informations sont exactes. Je crois qu’il
est en train de négocier avec certains de ses amis athéniens qui ne t’aiment
pas beaucoup.
    — Démosthène ? »
    Eumolpos acquiesça.
    « Où se dirige-t-il, à ton
avis ?
    — Probablement vers Athènes. »
    C’est alors qu’entra Eumène, dont
les traits traduisaient un grand embarras. « Alexandre, j’ai hélas une
terrible nouvelle à t’apprendre ! J’ignore par où commencer… c’est ma
faute, d’une certaine façon.
    — Harpale ? Je suis déjà
au courant. » Il indiqua Eumolpos, assis discrètement dans un coin.
« Et je sais bien d’autres choses encore. Des choses désagréables. Voilà
ce que nous allons faire : tu vas vérifier sur-le-champ le bien-fondé des
accusations rapportées sur ce document contre certains Macédoniens, Perses et
Mèdes. Après quoi, tu organiseras leur procès. Les Macédoniens dont la
culpabilité sera prouvée seront jugés par l’assemblée, et la sentence exécutée
selon le rite traditionnel.
    — Et Harpale ?
    — Trouve ce maudit éclopé,
Eumène, lui ordonna Alexandre, blême d’indignation. Où qu’il soit. Et abats-le
comme un chien. »
    Eumolpos de Soles se leva.
« Nous nous sommes tout dit, me semble-t-il.
    — En effet. Eumène te paiera
généreusement. »
    Le secrétaire général, de plus en
plus gêné, hocha la tête.
    « Ce n’est pas ta faute, lui
dit Alexandre. Tu n’as jamais trahi ma confiance, et je sais que tu ne la
trahiras jamais.
    — Je te remercie, mais cela
n’atténue pas ma déception », répliqua-t-il avant de se diriger vers la
porte.
    Tandis qu’il s’éloignait, il croisa
Aristandre dans un des couloirs du palais. Le devin avait une expression
étrange, un regard halluciné, il s’abstint de saluer le secrétaire général.
Peut-être ne l’avait-il pas vu.
    Aristandre pénétra chez le roi, qui
fut aussitôt frappé par l’angoisse et l’effroi que traduisaient ses traits.
    « Que se passe-t-il ? lui
demanda-t-il comme s’il redoutait sa réponse.
    — Mon cauchemar. Il est revenu.
    — Quand ?
    — Cette nuit. Et il y a autre
chose.
    — Parle.
    — Calanos est malade.
    — Ce n’est pas possible !
s’exclama Alexandre. Il a enduré les privations les plus dures, les épreuves
les plus

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