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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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indienne. On le déposa sur le bûcher
aussi nu qu’au jour de sa naissance, tandis qu’un chœur de jeunes gens chantaient
les hymnes suaves de sa terre natale. Puis on plaça une torche entre ses mains.
    Alexandre avait d’abord décidé de ne
pas assister à cette cérémonie. Voilà pourquoi il avait prié Ptolémée
d’exécuter les dernières volontés du sage indien. Mais au dernier moment, il se
rappela que Calanos avait veillé sur lui alors que lui-même agonisait, et il
voulut lui faire ses adieux. Il avança sur la voie et s’arrêta au pied du
bûcher funéraire. Il contempla cet homme nu et songea à Diogène, couché devant
son tonneau, sous le soleil d’une soirée lointaine. Alors les mots que le
philosophe cynique lui avait adressés au cours du tête-à-tête qui s’était
ensuivi remontèrent à sa mémoire. Les mots mêmes que Calanos avait prononcés
sans ouvrir la bouche, dans l’obscurité de sa tente, tandis qu’il était
lui-même occupé à lutter contre la mort :
    « Aucune conquête n’a de sens,
aucune guerre ne mérite d’être menée. En fin de compte, la seule terre qui nous
reste est celle où nous serons ensevelis. »
    Il leva la tête et vit le corps de
Calanos, enveloppé dans un tourbillon de flammes. Il s’aperçut que le sage
souriait, il eut même l’impression qu’il bougeait les lèvres et murmurait
quelque chose. Sa voix était couverte par le grondement des flammes, mais cela
ne l’empêcha pas de résonner en lui. Elle disait :
    Nous nous reverrons à Babylone.
     

62
    Alexandre quitta aussitôt Persépolis, qui avait semé en lui de tristes
souvenirs, puis il marcha vers Suse, où il arriva au cœur de l’hiver.
    Il s’empressa de rendre visite à la
reine mère, qui fut émue de le revoir. Elle courut aussitôt au-devant de lui en
le saluant à la grecque d’une façon très familière : « Chaïre
paï !
    — Ton grec est parfait, mère,
la félicita-t-il. Je suis heureux de te trouver en bonne santé.
    — Je suis envahie par une joie
immense en te revoyant sain et sauf, répliqua la reine. J’ai pleuré à l’annonce
de ta mort. J’imagine les souffrances que ta mère a dû endurer, seule en
Macédoine.
    — Je lui ai envoyé une lettre
dès mon arrivée à Salmous ; et je pense qu’elle l’a reçue à l’heure qu’il
est et qu’elle a oublié son angoisse.
    — Puis-je espérer que tu
dîneras à ma table ?
    — Bien sûr. Ce sera pour moi un
grand plaisir.
    — La seule satisfaction qu’il
me reste, à mon âge, est de recevoir des visites. La tienne est celle que je
désirais le plus. Assieds-toi, mon garçon, ne reste donc pas debout. »
    Alexandre prit place sur un siège.
« Mère, je ne suis pas seulement venu dans le but de te saluer.
    — Et dans quel autre but
alors ? Exprime-toi librement.
    — J’ai entendu dire que Darius
avait une autre fille.
    — C’est vrai, admit Sisygambis.
    — Eh bien, je souhaite
l’épouser.
    — Pourquoi ?
    — Je compte recueillir
l’héritage de Darius : sa famille doit devenir la mienne.
    — Je comprends.
    — Puis-je espérer que tu me
donneras sa main ?
    — Si son père avait survécu, il
l’aurait offerte en mariage pour consolider une alliance, ou pour s’assurer la
fidélité d’un satrape. Elle n’a donc certainement pas d’exigences. Et pourtant,
son nom te rappellera un grand amour que tu as perdu… Sais-tu comment elle se
nomme ? Barsine. »
    Écrasé par le poids des souvenirs,
Alexandre baissa les yeux. Des images que le temps semblait avoir fanées
remontèrent soudain à sa mémoire avec une grande netteté.
    « Cette terrible journée de
Gaugamèle, continua la reine mère. Je ne l’oublierai jamais… Stateira sera
heureuse de vivre aux côtés de sa sœur aînée. Mais Roxane ?
    — Roxane m’aime. Elle sait
qu’elle est la reine, mais elle sait aussi que les rois ont des devoirs. Je lui
en ai déjà parlé.
    — Et qu’a-t-elle dit ?
    — Elle a pleuré. Comme ma mère
pleurait quand mon père amenait une nouvelle épouse au palais royal. Mais je
l’aime plus que tout au monde, et elle en est consciente.
    — Je te donne volontiers la
main de Barsine. Tu réunis à présent la maison des Argéades et celle des
Achéménides : il n’y a plus ni vaincus ni vainqueurs. Pourtant, quelque
chose m’inquiète : comment crois-tu que tes hommes réagiront à cette
nouvelle ?
    — Je les convaincrai.
    — En es-tu

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