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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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certain ?
    — Oui. J’ai encore une autre
requête : je te demande également la main de la petite sœur de Stateira et
de Barsine.
    — Tu entends épouser aussi
Drypétis ? C’est naturel.
    — Je ne te demande pas sa main
pour moi, mais pour mon ami Héphestion. Quand nous étions enfants, nous
pensions qu’il serait agréable d’épouser deux sœurs. Ainsi, nos enfants
deviendraient cousins. Cela nous est possible maintenant, si tu l’acceptes.
    — Je l’accepte de tout cœur.
J’espère seulement que tes nobles et tes soldats admettront ces unions.
    — Certainement, répliqua
Alexandre. Nombre de mes soldats se sont déjà unis avec des femmes perses ou
mèdes, avec qui ils ont eu des enfants. Il est juste qu’ils les épousent. Je
suis également en train de choisir des femmes perses pour d’autres hommes. Il y
aura environ dix mille mariages, si mes calculs sont bons. »
    La vieille reine écarquilla les
yeux.
    « Dix mille, paï ! Oh,
grand Ahura-Mazda, je n’ai jamais rien vu de pareil au monde ! » Elle
sourit avec malice. « D’autre part, je pense que tu as raison : il
n’y a pas mieux qu’un lit pour jeter les bases d’une paix durable. »
    Tandis qu’il s’occupait des
préparatifs de ses noces, Alexandre se mit à songer sérieusement à de nouvelles
expéditions, car il souhaitait découvrir d’autres terres. Il attendait donc
avec impatience l’arrivée de la flotte, qu’on signala à l’embouchure du Tigre,
au début du printemps.
    Le vaisseau amiral, qui arborait le
drapeau argéade frappé d’une étoile d’or, finit par jeter l’ancre dans le
bassin du canal qui léchait, ou presque, les murs de la ville. Le reste de la
flotte accosta derrière lui, dans un délire d’acclamations et
d’applaudissements parmi les sonneries de trompette et les roulements de
tambour.
    Néarque, revêtu de son armure, reçut
les honneurs de deux bataillons de pézétairoï, avant de se présenter à
Alexandre, qui trônait aux côtés de Roxane, dont la beauté était rehaussée par
les vêtements impériaux tissés d’or et semés de pierres précieuses.
    Dès qu’il le vit, le roi se leva et
se précipita pour l’accueillir. Il l’embrassa sur les joues, puis accueillit le
vice-amiral Onésicrite et tous les commandants des navires, auxquels il offrit
ses compliments et un présent.
    Ce soir-là, il invita à dîner ses
compagnons ainsi que Néarque et Eumène, pour leur communiquer ses décisions. Le
banquet fut organisé dans la salle du trône, où l’on installa des lits de repas
sur trois côtés, de manière à ce que tout le monde puisse voir et entendre le
roi. L’absence de femmes et de musiciens donnait à ce dîner une vague allure de
conseil de guerre.
    Alexandre prit la parole :
« Il est temps que vous vous mariiez. » Les convives lui jetèrent un
regard stupéfait. « Vous avez déjà un certain âge, continua-t-il, et il
faut que vous pensiez à fonder une famille. J’ai choisi pour vous de
magnifiques épouses de haut rang… toutes perses. »
    Il y eut un moment de silence.
    « Ce n’est pas tout, poursuivit
le roi. J’ai décidé de régulariser les unions des Macédoniens avec leurs
compagnes asiatiques. Comme vous le savez, nombre d’entre eux ont des enfants.
Je paierai moi-même la dot de ces femmes. Cette mesure est valable pour tous
ceux qui choisiront de se marier maintenant. Pourvu que leurs épouses soient
perses. C’est la seule façon de donner un avenir à nos conquêtes, d’effacer les
ressentiments, les haines, les désirs de vengeance : une seule patrie, un
seul roi, un seul peuple. Tel est mon projet, et telle est aussi ma volonté. Si
l’un de vous y est contraire, qu’il le dise librement. »
    Personne ne souffla mot. Seul Eumène
leva la main. « Je ne suis pas macédonien, et je ne suis pas non plus un
héros, contrairement à vous tous, je n’ai pas l’intention de prendre part à la
fondation d’un empire, quel qu’il soit. Je souhaiterais donc être dispensé de
cette orgie reproductive. La seule idée d’avoir une épouse dans les pattes me
donne la chair de poule et…
    — Ta femme, l’interrompit
Alexandre en souriant, se nomme Artonis, c’est la fille du satrape Artaozos,
elle est très jolie et très dévouée. Elle te rendra heureux, j’en suis
sûr. »
    La cérémonie se déroula au printemps
sous une tente gigantesque, selon le rite perse : on disposa en bon ordre
des sièges à haut

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