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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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répliqua le
nautonier. Moi aussi, je suis heureux de te voir.
    — Je suis désolé, reprit
ensuite Néarque. Je n’ai pas grand chose à t’offrir. Nous avons pêché toute la
journée, mais notre butin est maigre. Nous disposons toutefois de deux gros
thons, que nous sommes en train de faire griller.
    — Ne t’inquiète pas, répondit
le roi. J’ai une surprise pour vous, même si, je le crains, elle n’arrivera pas
avant demain.
    — S’il s’agit de ce que
j’imagine, il me tarde qu’elle arrive ! s’exclama Néarque. Un jour que
nous étions désespérés par le manque de nourriture, nous avons attaqué des
villages de la côte. Et sais-tu ce que cette attaque nous a rapporté ?
    — Non, mais je crois pouvoir le
deviner.
    — De la farine de poisson. Des
sacs et des sacs de farine de poisson. C’était tout ce que possédaient ces
malheureux.
    — Nous en savons quelque
chose. »
    Ils pénétrèrent sous la tente de
Néarque, où ils furent bientôt rejoints par Ptolémée, Héphestion, Séleucos et
les autres.
    « Regardez, dit Néarque en leur
montrant un rouleau de papyrus étalé sur une table de fortune. Voici la carte
qu’Onésicrite a dessinée. Vous pouvez voir le trajet qui sépare Pattala
d’Harmozeia.
    — Splendide, commenta Alexandre
en suivant du doigt l’interminable côte déserte que le vice-amiral avait
marquée de l’inscription ichtyophages.
    — « Mangeurs de
poisson », répéta Héphestion. Tu peux le dire ! Ici, même les chèvres
puent le poisson. J’en ai la nausée rien qu’en y pensant.
    — Tu ne peux imaginer combien
nous nous sommes inquiétés lorsque nous avons perdu tout contact avec vous, dit
Alexandre.
    — Nous aussi, répliqua Néarque.
Il n’était pas facile de ralentir notre course pour vous attendre, et le jour
où nous l’avons fait, nous vous avons perdus de vue. Nous ignorions où vous
vous trouviez, si vous étiez devant ou derrière nous. Un mystère…
    — Le poisson est prêt, annonça
l’un des marins.
    — Son odeur n’est pas
désagréable, commenta Séleucos.
    — Je crois que nous allons
devoir nous asseoir sur la plage, dit l’amiral. Les lits et les tables de repas
nous font cruellement défaut.
    — Nous nous adapterons,
intervint Perdiccas. La faim est une chose, le confort une autre. »
    Alors qu’ils se dirigeaient en riant
vers la plage, ils entendirent les trompettes sonner l’alerte.
    « Par Zeus ! s’exclama
Alexandre. Qui peut donc nous attaquer ? » Il dégaina son épée et
s’écria : « Hétairoï, avec moi ! À cheval, à
cheval ! »
    Bientôt, le camp se remplit de
sonneries de trompette et de hennissements. On ouvrit la palissade de défense
et les escadrons se lancèrent à l’extérieur pour tenter de déjouer l’attaque
ennemie. Un nuage de poussière grossissait à l’horizon, on y distinguait des
armes et des boucliers de métal.
    « Mais ce sont des
Macédoniens ! hurla une sentinelle.
    — Des
Macédoniens ? », s’écria Alexandre en bloquant la charge d’un geste
de la main.
    Le galop des chevaux s’amplifiait,
puis la voix de la sentinelle résonna une nouvelle fois dans le silence :
« C’est le vin ! exulta-t-il. Eumène nous a envoyé du vin avec un
escadron d’attaquants ! »
    La tension se transforma en un grand
éclat de rire. Bientôt, les attaquants défilèrent à travers le camp parmi les
applaudissements de leurs compagnons. Chaque cavalier portait deux outres,
disposées comme des besaces sur la croupe de son cheval.
    « Alors, on mange ?
demanda Léonnatos en mettant pied à terre et en dégrafant sa cuirasse.
    — On mange, on mange, répondit
Néarque.
    — Et on boit, par Zeus !
dit Alexandre dans un éclat de rire. Grâce à notre secrétaire général. »
    Ils s’assirent sur le sable tiède
tandis que les marins commençaient à servir le poisson.
    « Des darnes de thon à la
chypriote ! annonça pompeusement un marin de Paphos. Notre
spécialité ! »
    Ils se jetèrent tous sur la
nourriture. La conversation s’anima rapidement car ils avaient tous une
histoire à raconter : histoires de privations et de dangers, de tempêtes
et de calme plat, d’embuscades nocturnes et de monstres marins, histoires
d’amis qui avaient longtemps craint de ne plus se revoir.
    « Je me demande où est
Cratère », dit soudain Alexandre.
    Un instant, ses compagnons se
dévisagèrent en silence.
     

61
    Quinze jours plus tard, Cratère

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