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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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intérieure
du palais, inspecta le corps de garde à l’entrée, puis monta chez Eumène, qui
veillait dans son bureau, enregistrant la correspondance destinée au roi.
    « Des nouvelles de mon
père ? demanda-t-il.
    — Oui, mais rien de neuf. Les
Thébains n’ont pas encore choisi leur camp.
    — Sais-tu ce que fait Amyntas,
ces jours-ci ? »
    Eumène lui lança un regard surpris.
« Que veux-tu dire ?
    — Exactement ce que j’ai dit.
    — Eh bien, je l’ignore. Je
crois qu’il chasse dans la Lyncestide.
    — Bon. Quand il reviendra,
confie-lui une mission diplomatique.
    — Diplomatique ? Mais de
quel genre ?
    — Tu n’as qu’à décider. Il doit
bien y avoir une mission appropriée pour lui. En Asie, en Thrace, dans les
îles. Où bon te semblera. »
    Eumène commença à objecter :
« Vraiment, je ne vois pas… »
    Mais Alexandre était déjà sorti.
    L’ambassade de Philippe se présenta
à Thèbes au cœur de l’automne, et fut autorisée à s’exprimer devant l’assemblée
citadine, réunie au complet dans le théâtre.
    Ce jour-là, l’ambassade d’Athènes,
conduite par Démosthène en personne, y fut également admise, car le conseil
tenait à ce que le peuple fût en mesure d’évaluer les deux propositions en les
confrontant rapidement l’une à l’autre.
    Philippe s’était longuement
entretenu avec son état-major au sujet de ces propositions ; il les
jugeait extrêmement avantageuses et pensait qu’elles seraient certainement
acceptées. Il ne priait pas les Thébains de s’allier avec lui, même s’il savait
qu’ils se cachaient derrière Amphissa, la ville contre laquelle la guerre
sacrée avait été proclamée ; il se contenterait de leur neutralité. En
échange, il leur offrait de considérables avantages économiques et
territoriaux. Mais en cas de refus, il les menaçait d’effroyables destructions.
Qui serait assez fou pour refuser son offre ?
    Eudème d’Oréos, le chef de la
délégation macédonienne, conclut son exposé en dosant habilement flatteries,
menaces et chantages, puis il quitta la salle.
    Un peu plus tard, il retrouva un ami
et informateur thébain qui le conduisit en un lieu d’où l’on pouvait voir et
entendre tout ce qui se passait à l’assemblée. Il n’ignorait pas, en effet, que
Philippe exigerait de lui le compte rendu de ce qu’il avait entendu de ses
propres oreilles, et non les relations d’autres témoins.
    L’assemblée attendit quelques
instants pour éviter que Macédoniens et Athéniens ne se croisent et n’en
viennent aux mains. Puis elle fit entrer la délégation que conduisait
Démosthène.
    Le grand orateur avait un aspect
austère de philosophe, un corps maigre et sec, des yeux expressifs sous un
front sans cesse plissé. On disait qu’il avait eu dans sa jeunesse des
problèmes de prononciation et une voix faible. Voulant entreprendre une
carrière d’orateur, il s’était, paraît-il, exercé à déclamer des vers
d’Euripide sur les rochers battus par la mer déchaînée. On savait qu’il ne
discourait jamais sans avoir recours à ses notes, car il avait des difficultés
à improviser ; personne ne fut donc étonné de le voir tirer une liasse de
feuilles des plis de sa robe.
    Il se mit à les lire d’une voix très
posée, parlant longuement, rappelant les diverses phases de l’avancée
irrésistible de Philippe, de ses perpétuelles violations de pactes. Emporté par
sa fougue, il se lança dans une plaidoirie soignée :
    « Ne voyez-vous pas, Thébains,
que la guerre sacrée n’est qu’un prétexte, comme le fut la dernière guerre et
celle qui la précéda ? Philippe exige votre neutralité car il entend
diviser les forces de la Grèce libre et abattre, l’une après l’autre, les
forteresses de la liberté. Si vous laissez les Athéniens l’affronter seuls, ce
sera ensuite votre tour, et vous serez contraints vous aussi, de vous rendre.
    « De même, si vous affrontez
Philippe seuls et que vous êtes battus, Athènes ne parviendra pas à se sauver.
S’il veut nous séparer, c’est bien parce qu’il sait que seules nos forces unies
pourraient faire obstacle à son pouvoir immense.
    « Je sais bien que nous avons
été opposés, dans le passé, par des différends et des guerres multiples ;
mais il s’agissait alors de conflits entre cités libres. Aujourd’hui, nous
avons deux parties en présence : d’un côté, un tyran ; de l’autre,
des hommes libres. Vous ne

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