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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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Rappelle-toi, mon garçon : je ne me bats
jamais par simple envie de frapper. La guerre est pour moi un autre moyen de
faire de la politique. »
    Ils poursuivirent un moment leur
route en silence car le roi semblait contempler le paysage et les travailleurs
des champs Puis il demanda soudain à Alexandre : « À propos, comment
était ma surprise ? »
     

23
    — « Je ne comprends pas mon
père, s’exclama Alexandre. Nous avions la possibilité de nous imposer par la
force des armes et il a préféré accepter l’humiliation d’une confrontation avec
l’ambassade athénienne. Pour en sortir bafoué. Il aurait pu attaquer avant, et
négocier après.
    — Je suis d’accord avec toi,
répliqua Héphestion. Pour moi, c’est une erreur. Il faut d’abord frapper, et
traiter ensuite. »
    Eumène et Callisthène les suivaient
au pas, sur leurs chevaux. Ils se rendaient à Pharsale pour remettre un message
de Philippe aux alliés de la ligue thessalienne.
    « Moi, je le comprends,
intervint Eumène, et je l’approuve. Tu sais bien que ton père a vécu un an à
Thèbes en qualité d’otage, lorsqu’il était adolescent. Il habitait chez
Pélopidas, le plus grand stratège que la Grèce ait connu ces cent dernières
années. Il a été profondément impressionné par le système politique des cités,
par leur formidable organisation militaire, par la richesse de leur culture.
C’est de cette expérience qu’est né son désir de répandre la civilisation
hellénique en Macédoine, et de rassembler les Grecs dans l’unité d’une grande
confédération.
    — Comme à l’époque de la guerre
de Troie, observa Callisthène. Voilà ce que vise ton père : unifier dans
un premier temps les États grecs, puis les mener contre l’Asie, ainsi que le
fit Agamemnon contre l’empire du roi Priam, il y a presque mille ans. »
    Ces mots tirèrent Alexandre de sa
torpeur : « Il y a mille ans ? Mille ans se sont écoulés depuis
la guerre de Troie ?
    — Ils le seront dans cinq ans,
répondit Callisthène.
    — Un signe, murmura Alexandre.
Un signe, peut-être.
    — Que veux-tu dire ?
interrogea Eumène.
    — Rien. Ne trouvez-vous pas
étrange le fait que j’aurai dans cinq ans l’âge qu’avait Achille à son départ
pour Troie, et que la guerre chantée par Homère aura mille ans à ce
moment-là ?
    — Non, rétorqua Callisthène.
L’histoire nous offre parfois, à de nombreuses années de distance, des
situations semblables à celles qui donnèrent lieu à des exploits grandioses.
Mais rien ne se répète jamais de la même façon.
    — Tu crois ? »,
demanda Alexandre.
    Un instant, son front se plissa
comme s’il poursuivait des images lointaines, évanescentes. Héphestion posa la
main sur son épaule. « Je sais à quoi tu penses. Et quoi que tu décides de
faire, où que tu décides d’aller, je te suivrai. Même aux enfers. Même au bout
du monde. »
    Alexandre se tourna vers lui et
plongea son regard dans le sien.
    « Je le sais », dit-il.
    Ils atteignirent leur destination à
la tombée du soir, et Alexandre reçut les honneurs qui revenaient à l’héritier
du trône de Macédoine. Puis il participa avec ses amis au repas que les
représentants de la confédération des Thessaliens leur avaient fait préparer.
Au même moment, Philippe se voyait offrir la charge de tagos, président de la
confédération thessalienne, qui faisait de lui le chef de deux États, en
qualité de roi et de président.
    Les Thessaliens aussi étaient de
formidables buveurs. Au cours du repas, Eumène s’abstint de boire et en profita
pour négocier un lot de chevaux avec un noble et grand propriétaire terrien,
complètement ivre, obtenant des conditions d’achat et de paiement extrêmement
avantageuses, pour lui comme pour le royaume.
    Le lendemain, une fois sa mission
conclue, Alexandre repartit avec ses amis. Mais il s’arrêta bientôt, changea de
vêtements, congédia sa garde et prit la route du sud.
    « Où vas-tu ? demanda
Eumène, surpris par ce comportement imprévu.
    — Je l’accompagne, dit
Héphestion.
    — Oui, mais où ?
    — À Aulis, répondit Alexandre.
    — Le port d’où les Achéens
levèrent l’ancre pour la guerre de Troie, commenta Callisthène d’un air
imperturbable.
    — Aulis ? Mais vous êtes
fous ! Aulis est en Béotie, en plein territoire ennemi !
    — Je veux voir ce lieu et je le
verrai, affirma le prince. Personne ne nous

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